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mardi 30 avril 2024
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Attaques visant le procureur Miansoni “personne n’est payé pour se faire insulter”

Etranglé d'indignation, le procureur général de de cour d'appel de La Réunion Denis Chausserie-Laprée a annoncé une enquête visant des propos racistes et diffamatoires envers le procureur Miansoni. Des propos qui ne "rendent pas service aux Mahorais" selon lui. Hasard du calendrier, cette actualité chaude coïncide avec l'annonce du départ de Camille Miansoni à Brest.

Le procureur Camille Miansoni va partir à Brest. L’information a fuité dès hier dans la presse régionale. Aussitôt, des détracteurs du procureur se sont empressés d’y voir une suite donnée à leurs appels à sa démission. Il n’en est rien.
En effet, la promotion de Camille Miansoni au poste de procureur de la République de Brest s’inscrit dans un mouvement plus large de plusieurs parquetiers, prévu et organisé par la Chancellerie depuis plusieurs mois.

Reste que ce départ, annoncé pour septembre, s’inscrit dans un contexte malheureux, qui voit le magistrat ciblé des plus nauséabondes façons.

Son supérieur direct, le procureur général près la Cour d’appel de Saint-Denis de La Réunion, est venu lui apporter son soutien, et annonce des poursuites.

“La violence des commentaires qui ont été faits sur l’action du ministère public que je représente au plan régional, une violence extrêmement forte, et les appels qui sont faits par un certain nombre d’individus qui ne représentent pas la majorité de la population, cette incitation à la justice privée est insupportable compte tenu des dangers associés à ce genre d’appel. (…) J’ai pris la décision de venir [à Mayotte] pour dire l’entier soutien que je porte à M. Miansoni qui a fait un excellent travail, au point que ce travail est couronné par une promotion qui l’amènera à exercer pour la 3e fois des fonctions de procureur de la République.” Des propos dont le rythme et la syntaxe trahissaient l’émotion du magistrat face aux attaques dont fait l’objet son collègue. “En plus de 30 ans de carrière je n’ai jamais vu ça” s’indigne-t-il.
Tout d’abord, le procureur général est revenu sur la mutation/promotion du procureur Miansoni à Brest. “Sur les réseaux sociaux, on a vu dans cette nomination le bien fondé des appels à sa démission, c’est aussi faux que si je disais que la terre était plate. Cela fait plusieurs mois qu’avec les services judiciaires, il est recherché pour lui un poste à la hauteur de ses compétences” relate-t-il. Aucun lien donc avec l’actualité récente ou les propos visant le parquetier.

Le procureur a subi des attaques inédites envers un magistrat. Sa promotion à Brest est un hasard du calendrier

Au delà de ces rumeurs infondées et démontées, Denis Chausserie-Laprée s’est plus longuement exprimé sur les attaques ad hominem subies par Camille Miansoni.
“Ce qui me paraît plus préoccupant, c’est que, au motif de l’insatisfaction ressentie par quelques uns, l’on vient se tourner vers des méthodes que je pensais ne plus jamais devoir rencontrer dans mon exercice professionnel”. “J’ai lu un texte qui, à ma demande va donner lieu à la recherche de celui ou celle qui en est l’auteur, et est de mon point de vue constitutif d’infractions au droit de presse, injure à caractère racial et diffamation, mais aussi de ce que la loi qualifie d’apologie de la violence. C’est passible de 5 ans d’emprisonnement” poursuit-il.

En plus d’être vomitif dans son contenu, qui accuse le procureur de tous les maux, le juge responsable d’éventuels recours à la vengeance à Mayotte et insiste à l’envi sur ses origines congolaises, le texte est jugé dangereux mais surtout illégal par le procureur général venu de Saint-Denis.
La loi du Talion, “une infraction”
 “En appeler à la loi du Talion, en expliquant que c’est oeil pour oeil et dent pour dent, en 2020, sur un département de la République française, affirmer ça est une infraction” prévient le magistrat qui se dit  “profondément heurté”.
“Il est pour moi une valeur intangible, celle du respect. Des hommes et des femmes, et des origines de tous. Je suis abasourdi de pouvoir lire qu’il est fait référence aux origines de M. Miansoni. De quel droit se permet-on ce genre de comportement ? Où sommes nous ? Personne n’est payé pour se faire insulter.”
Le procureur général prévient aussi que lesdites poursuites seront menées hors de Mayotte, à l’instar du procès visant un autre membre de collectif qui avait accusé le procureur de connivence avec des passeurs.
” La mécanique qui se met en œuvre dans ce type de situation est souvent la même. Ceux qui prétendent lutter contre l’insécurité et se posent en justiciers, la première chose qu’ils font c’est commettre eux même plusieurs infractions. (…) Puisque nous sommes dans un état de droit, je vais demander au procureur de Mamoudzou, quoi qu’il lui en coûte, au travers de l’un de ses collègues, de faire déclencher une enquête. Des investigations se poursuivront et lorsque les éléments d’enquête auront été réunis, je dessaisirai le parquet de Mamoudzou au profit du parquet de St Denis pour poursuivre les investigations. Nous continuerons à respecter les principes de la loi, quiconque a le droit d’être jugé par une juridiction impartiale, et la juridiction de Mamoudzou ne peut avoir à juger ces faits.”

Denis Chausserie-Laprée note un soutien total de la profession envers Camille Miansoni

Enfin, Denis Chausserie Laprée cloue poliment le bec à ceux qui se réjouiraient du départ de Camille Miansoni et rappelle le rôle d’un procureur. “Ce n’est pas un homme qui décide, mais une institution, M. Miansoni qui part à Brest sera remplacé par quelqu’un d’autre qui fera la même chose que lui. Ce ne sont pas les cris des uns et des autres qui changeront ça. Ce jeune département ne pourra se construire que par la force de la loi.” De plus conclut-il, “M. Miansoni a fait l’objet de soutiens unanimes de tous ceux qui ont appris les insultes et les injures, tous les procureurs des 164 greffes ont apporté leur soutien”.

S’il n’est pas encore connu, le successeur de Camille Miansoni arrivera donc avec, en tête, le souvenir tout frais des attaques ayant visé son prédécesseur.
Y.D.

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