Fin août, autour de 19h, deux scootéristes de passage à Majicavo Koropa dans la commune de Koungou recevaient des pierres, provoquant leur chute et de multiples blessures. Pas de patrouille de gendarmerie dans le coin, qui ne s’est d’ailleurs pas déplacée lorsqu’elle a été appelée. Quelques jours après, les bandes cagoulées occupaient le bitume en lieu et place de jeunes scolaires ou déscolarisés, revendicateurs de bus. La quadruple agression des personnels du collège de Majicavo, est le dernier tableau macabre en date.
Sur le territoire, la commune affiche donc, avec Combani, l’apanage de la violence. Avec comme corolaire les mesures prises pour l’accompagnement des jeunes.
Nous avions rencontré avant ce mercredi noir, Halilou Dahoudou, pour des déclarations qui s’avéraient prémonioires. Il a mis en place en 2015 la Régie de quartier de la commune, pour laquelle il travaille sur un projet de développement économique, social et culturel dans le cadre d’une convention signée avec la Dieccte. Il s’interroge sur la dynamique impulsée par la mairie : « Il faut restructurer le tissu associatif de la commune. Il s’est détérioré à un point tel que ce sont des associations de Kawéni comme Action coup de pouce qui interviennent ici. Lors des réunions, seules deux associations de Koungou sont présentes. »
« Le vivier est là, il manque l’huile pour graisser les rouages »
Selon lui, les associations sont laissées pour compte dans la commune, alors qu’elles représentent un vivier d’emplois, « comme le club de foot qui a permis à deux jeunes de décrocher un contrat dans le club de Méral-Cossé (Mayenne). Les associations peuvent fournir des forces vives susceptibles de répondre aux besoins de la commune. »
Surtout que les moyens existent : « L’Etat finance des contrats aidés, mais ils ne sont pas encadrés. La Direction de la Jeunesse et des Sports est prête à mettre des services civiques comme animateur sur de la sensibilisation à l’environnement, mais personne n’est là pour les manager. La Nouvelle Politique de Rénovation Urbaine mise en place par l’Etat dans les quartiers prioritaires, permettrait de financer des postes pour des actions précises, pareil dans la lutte contre l’illettrisme, mais personne ne gère. »
Il explique que, quand on s’en donne la peine, ça fonctionne, « rien que sur l’atelier insertion professionnelle, la Régie de quartier emploie 15 jeunes en contrats aidés sur de l’embellissement et création d’espaces verts, dont notamment certains commençaient à partir à la dérive. Le vivier est là, il manque l’huile pour graisser les rouages. »
Les associations passées au CRIB
Du côté de la mairie, le propos est évidemment plus nuancé : « C’est vrai que nous avons eu un passage à vide, mais nous avons recruté en mars une nouvelle chargée de mission Politique de la ville. La crise Covid ne lui a pas permis de mettre en place aussitôt des actions, mais elles sont en cours de préparation », explique Mounirou Ahmed, DGA Développement humain, économique et social. Il replace l’étroitesse du tissu associatif dans le contexte : « Les associations ont encore du mal à se structurer et à produire un bilan par exemple, lorsqu’elles ont touché des subventions. »
Un problème commun à l’ensemble des communes et dont un organisme a la compétence, le Centre de Ressources et d’Information des Bénévoles (CRIB), « financé par la Politique de la ville, c’est lui qui doit accompagner les association dans une montée en compétence. Sur ce point, nous devons refixer un cap pour plus d’efficacité. »
Le recours aux contrats aidés est devenu moins facile, « désormais, la collectivité doit participer à hauteur de 40%, tout le monde ne peut pas se le permettre. »
Le cadre de la mairie en a bien conscience, « C’est vital ! Sans le tissu associatif, on arrivera à rien. »
Il n’empêche, les évènements ont montré que la jeunesse est laissée pour compte. D’ailleurs, non note les départs de chefs de service qui s’étaient profondément impliqués dans leur travail.
Anne Perzo-Lafond
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