La balade en mer ne devait durer que quelques heures et se solder par un bon repas à base de poisson. Lorsque les deux amis ont mis leur pirogue à l’eau dimanche à l’aube, ils ne s’attendaient pas à ne rentrer qu’en fin de journée.
Tout avait pourtant bien commencé, vers 9h, les deux compères avaient attrapé une paire de poissons, et se préparaient à rentrer. Naviguant près de l’îlot de sable blanc au large de Saziley, ils ont alors été surpris par la houle.
“Quand on est parti, on ne pensait pas qu’il y aurait autant de houle, on a eu plus de vent que prévu” explique Salim Amada, le propriétaire de la pirogue qu’il avait fabriquée lui-même.
Sous les assauts des vagues, “les chevilles du balancier sont sorties, j’ai sauté à l’eau pour les remettre en place et d’un coup tout est parti”. Déséquilibrée, la barque coule alors à pic, avec son moteur de 25cv et tous les effets personnels des deux plaisanciers.
“On avait nos gilets et on a dû s’accrocher au balancier et résister depuis 9h30 du matin jusqu’à notre sauvetage vers 16h” poursuit ce fonctionnaire qui a pu reprendre son travail ce lundi, conscient de sa chance.
Car durant leurs 7 heures dans l’eau, les deux hommes ont commencé à dériver, emportés vers le large par le courant. “Par moi même j’aurais pu m’en sortir, et nager jusqu’à la bouée du Parc Marin, mais ce que je ne savais pas, c’est que mon ami ne savait pas nager. Je l’ai accroché au balancier avec une corde pour être sur qu’il ne coule pas, je ne pouvais pas le laisser alors on est restés accrochés tous les deux.”
Plusieurs fois, le passage de bateaux à proximité des naufragés leur a donné espoir, mais vu la hauteur des vagues, les deux hommes à la mer n’étaient pas assez visibles pour être repérés. Jusqu’à l’arrivée providentielle d’un bateau de plongée qu’ils avaient déjà croisé le matin, juste avant de chavirer.
Un message de prévention à l’adresse des marins
“Ce sont les plongeurs de Jolly Roger qui nous ont trouvés alors qu’on commençait à désespérer, je ne voyais plus comment on pouvait encore être sauvés. Ils sont passés à 200m de nous et se sont éloignés car ils nous entendaient mais ne nous voyaient pas. En partant, ils nous ont vus et ont fait demi tour”.
Secouru, Salim Amada n’a pu s’empêcher d’avoir une pensée pour les victimes de naufrages, comme celui qui a fait une dizaine de victimes la semaine dernière au large des Badamiers.
“Les gens qui vont à Mayotte en kwassa kwassa, il faut qu’ils arrêtent, la vie c’est pas comme ça. Si vous tombez en mer, vous ne pouvez pas résister 3 ou 4h de temps dans l’eau, le soleil, la frayeur, tout ça va vous tuer”. Quant aux plaisanciers, “je leur dis qu’en mer c’est très facile de se perdre, un commandant doit être conscient et être attentif, faire très attention, tout peut arriver. On n’a pas le temps de mettre son gilet en cas de problème, il faut le mettre avant. Qu’on soit plaisancier, professionnel, on met son gilet. C’est ça qui nous a sauvé la vie. Il faut passer ce message, toute personne qui sort en mer doit mettre un gilet, c’est comme la ceinture en voiture. Et s’il y a du vent on rentre à la maison, c’est tout”.
Y.D.
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