Plus de six mois après l’apparition du premier cas sur le département, l’épidémie de Covid-19 se poursuit à Mayotte. Le pic épidémique avait été observé début mai. L’incidence, alors à son maximum (139 cas pour 100 000 habitants) avait ensuite progressivement diminué pour passer début juillet, sous le seuil des 50 cas pour 100.000 habitants par semaine. Nous sommes descendus à 29 au 28 septembre. Depuis le début de l’épidémie, environ 10% de la population d Mayotte a été testée.
« Du fait de la situation relativement stable et rassurante durant l’hiver austral, Mayotte n’est plus en état d’urgence sanitaire. La surveillance épidémiologique reste cependant essentielle afin de détecter toute modification de l’épidémie, tant du point de vue de sa dynamique que de son degré de gravité (cas graves et mortalité) »
Pour exemple, fin août, une dégradation des indicateurs épidémiologiques était observée. La fin des grandes vacances s’est accompagnée d’une « recrudescence de cas de Covid-19. 116 cas ont été détectés sur la semaine du 14 septembre ». Notons que cette tendance s’est calmée, nous sommes redescendus à 81 sur la semaine dernière.
En matière de clusters, 6 sont actuellement enregistrés, « une attention particulière doit être portée au Nord de l’ile et en milieux scolaires où près de la moitié des nouveaux clusters ont été identifiés » (voir détails plus loin). Difficile pour les acteurs de santé d’investiguer les cas contact sur les grands rassemblements (grands mariages, soirées entre amis, etc.), surtout que la jeunesse de la population accroit le nombre d’asymptomatiques, et donc le risque de transmission qui s’ignore. En effet, « l’âge médian des cas confirmés est de 35 ans, près des deux tiers (66,4%) sont âgés de 15 à 44 ans. »
Santé publique France voit dans la diminution du nombre de tests la traduction d’un « contexte plus général de relâchement de la vigilance vis-à-vis de l’épidémie. » Les mesures de sensibilisation et d’accompagnement à Mayotte doivent être renforcées afin de garantir la réussite de cette stratégie « Tester-Tracer-Isoler »
Personnels médical et enseignant les plus touchés
Sur les 2.507 cas où l’activité professionnelle était renseignée, plus du tiers (902 cas) était des adultes sans activité professionnelle. Parmi les cas confirmés ayant une activité professionnelle, 245 exerçaient en milieu de soins, 217 dans l’enseignement, 138 étaient des membres de force de l’ordre ou pompier. Depuis la rentrée (semaine 24 août), la part de professionnels du milieu de l’enseignement et d’enfants est en augmentation
Avec 58 cas, les infirmiers demeurent la profession la plus représentée, âgés en moyenne de 37 ans. Ces professionnels exerçaient notamment : dans le secteur hospitalier (181 cas), dans le secteur libéral (43 cas), dans un centre de PMI (6 cas), en milieu associatif (6 cas).
L’évolution spatio-temporelle montre que le virus circule toujours activement sur l’ensemble du territoire avec des zones géographiques plus touchées que d’autres en lien avec des clusters.
Les asymptomatiques multipliés par 6
Sur les 24.349 personnes testées depuis le début de l’épidémie :
– 3.297 (14%) étaient des voyageurs souhaitant se rendre à la Réunion et 3,5% d’entre eux se sont avérées positifs (N= 114) soit une contribution à hauteur de 3,1% de l’ensemble des cas confirmés.
– 1.555 l(6%) ’ont été dans le cadre des investigations menées autour des clusters. Un tiers d’entre elles (33%) étaient positives soit 514 cas confirmés
– 2.042 (8%) étaient des personnes testées dans le cadre d’une reconduite à la frontière (. Avec 7% de taux de positivité, ils représentaient 3,2% de l’ensemble des cas confirmés (N= 121).
– 1.892 (7,8%) ont été prélevées au cours d’une hospitalisation complète au CHM et 20,4% d’entre elles étaient positives.
Les premières semaines de l’épidémie, seulement 7,6% des cas confirmés étaient sans symptôme contre 40,7% depuis la semaine du 25 mai. Une forte hausse qui s’explique par la changement dans la politique de test : « au début de l’épidémie seuls les individus symptomatiques pouvaient accéder au test, qui ont été peu à peu étendus autour des situations à risque et des clusters. Enfin, les dépistages obligatoires des voyageurs a mis en évidence de nouvelles personnes asymptomatiques ».
Depuis le début de l’épidémie à Mayotte, le délai moyen de dépistage (délai entre date de début des signes et prélèvement) était à 3,6 jours. Alors que le délai moyen est resté relativement stable au cours de l’épidémie à Mayotte, il a fortement diminué en France entière dans les semaines qui ont suivies le déconfinement.
Focus sur les clusters ou foyers épidémiques
En date du 24 septembre 2020, 30 clusters ont été comptabilisés depuis le début de l’épidémie à Mayotte : 24 ont été clôturés et 6 sont toujours en cours d’investigation. Les 30 clusters rapportés sont à l’origine de 560 cas (15% des cas). Le nombre moyen de cas par cluster est de 19. Au total, 14 cas ont été hospitalisés et 5 sont décédés.
Cluster EPS : Le 4 septembre, des cas groupés ont été identifiés chez de jeunes professeurs d’éducation physique et sportive (EPS) suite à une soirée d’anniversaire le 29 aout. Sur environ 24 participants à cette soirée, 14 cas ont été confirmés positifs. Des transmissions secondaires ont eu lieu chez des collègues, amis ou colocataires. Au total, 32 cas sont liés à ce foyer dont 29 professeurs de différents collèges et lycée de Mamoudzou et dans les communes proches. Seulement 7 de ces 32 cas étaient asymptomatiques. Certains professeurs sont allés enseigner pendant la phase symptomatique.
Parmi les 6 clusters actuellement actifs, deux ont un lien avec le milieu de l’enseignement notamment le milieu étudiant :
– Cluster IES : ce cluster a été identifié le 16 septembre à partir d’une famille vivant dans le sud liée à une étudiante en soins infirmiers. Des transmissions secondaires ont eu lieu chez cette famille ainsi que chez les collègues étudiants suite au partage d’espaces confinés. Au total, 11 cas sont liés à ce foyer dont 4 étudiantes.
– Cluster CUFR : ce cluster a été identifié le 20 septembre, à partir d’une famille du Nord lié à un étudiant en formation au Centre universitaire de Dembéni (CUFR) suite à des expositions à risque et covoiturages. Des transmissions secondaires ont eu lieu chez d’autres collègues. Au total 11 cas ont été identifié dont 3 étudiants du CUFR et 2 enseignants d’une école primaire du Nord.
Depuis la semaine S34, une augmentation du nombre de cas est observée dans la partie Nord de l’île. A la date du 24 septembre, 5 clusters ont été identifiés dans le nord : mairie de Mtsamboro (47 cas), Mariage à Hamjago (11 cas), Famille de Mtsahara 1 (7 cas), Famille d’Acoua (15 cas) et Famille de Mtsahara 2 (11 cas). A l’exception des 2 clusters identifiés à Mtsahara, tous les autres ont été classés à un niveau de criticité élevée de part leur potentiel de diffusion.
A.P-L.
Comments are closed.