Une journée de visites, des rencontres et une annonce. Ce qui est souvent le plan type des visites ministérielles ne s’est pas démenti hier. Le secrétaire d’Etat Adrien Taquet a conclu sa visite au Conseil départemental hier par l’annonce d’une enveloppe de 2 millions d’euros destinée aux associations qui travaillent auprès des enfants de Mayotte. Une aide bienvenue pour faire face aux multiples défis de l’enfance à Mayotte qui reste selon Lydia Barnéoud, vice-présidente du réseau Haki Za Wanatsa “le département le plus pauvre mais aussi le plus jeune, où des milliers d’enfants sont encore privés de l’essentiel et subissent diverses sortes de maltraitances encore trop peu combattues.
Nous savons que sans une prise en charge pleinement adaptée de la jeunesse à Mayotte nous nous exposons à un délitement de la société déjà en partie entamé et que nous voulons tous ici voire stoppé au plus vite, tant qu’il est encore temps.” Elle rappelle en outre que “la protection de l’enfance s’inscrit dans un triple cadre, le cadre national, le cadre local sous la responsabilité du conseil départemental et un cadre international que nous entendons célébrer et remettre en perspective. Voilà plus de 30 ans que 196 pays dont la France les Comores et Madagascar se sont engagés sur la convention européenne des droits des enfants. Ce traité qui a fait l’objet de 10 ans de négociations constitue pour nous un outil pertinent qui tient compte de l’importance des traditions et valeurs culturelles de chacun. Nous avons le devoir de nous en saisir pleinement. Il convient d’accentuer les efforts, notamment de sensibilisation à l’intention de tous les adultes.”
Message reçu 5 sur 5 par le secrétaire d’Etat qui voit dans cette journée fixée le 20 novembre prochain “un moment important, notre pays s’est engagé depuis des siècles sur la question de la défense des droits. Il y a 30 ans que nous avons participé à l’élaboration de la convention des droits de l’enfant, nous travaillons toujours à l’appliquer dans notre pays. Aujourd’hui dans notre pays beaucoup de droits ne sont pas respectés. On pense au droit à être protégé contre toute forme de violence, d’être protégé des discriminations, de grandir dans un environnement sur. La journée d’hier a été à cet égard riche d’enseignements.” Il avait notamment eu l’occasion de se rendre dans le bidonville de Mangatélé à Kawéni, se rendre compte d’une réalité difficile à imaginer depuis Paris.
“La pauvreté dans laquelle vivent les enfants ici à Mayotte est la première forme de violence” a-t-il déduit de cette visite. “L’urgence c’est d’alerter, de protéger, ça doit se fonder sur l’éducation, sur l’accompagnement des parents, et soutenir les professionnels, protéger tous les enfants de Mayotte aujourd’hui, c’est préparer le Mayotte de demain. L’Etat doit être au rendez-vous de ses responsabilités.”
Principale annonce du secrétaire d’Etat, “j’ai décidé de débloquer une enveloppe d 2 millions d’euros intégralement destinée aux associations mahoraises, au service de la population de Mayotte, pour favoriser l’accès à l’éducation, à la culture, à l’accompagnement des enfants en situation de handicap”
Si pour lui “les difficultés sont toujours là”, Adrien Taquet se veut “optimiste”.
“Je suis convaincu que dans 5 ou 10 ans les droits des enfants seront mieux respectés. Le chemin est devant nous. Ici, on ne pourra pas construire l’avenir sans travailler sur la question de la scolarisation. Il y a des problèmes à résoudre.
La jeunesse qui peut être la source de certaines difficultés, c’est aussi l’avenir de l’île et une richesse fondamentale. On n’est pas très loin de basculer dans quelque chose de positif et de constructif, j’ai envie d’être optimiste pour l’avenir de l’île.”
Y.D.
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