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dimanche 5 mai 2024
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Un bidonville de 400 habitants rasé à Kahani

Accusé d'héberger des délinquants et visiblement insalubre, un vaste bidonville de 97 cases pour 400 habitants a été rasé ce lundi matin à Kahani. 133 étrangers ont été reconduits, une trentaine de Français, relogés. La moitié des habitants étaient mineurs.

Chadia ne passera pas les fêtes dans la case en tôle qui l’a vue grandir. Sur un mur près de l’entrée, ses coloriages de Noël sont la dernière trace d’une vie de famille qui se poursuivra ailleurs. Ils sont près de 400, dont la moitié de mineurs, à avoir évacué ce bidonville situé au bord du hub de Kahani par lequel transitent de nombreux cars scolaires, et qui était l’objet d’innombrables faits de violences entre bandes.

Les dessins d’une petite Chadia ont fini broyés avec le reste de la case

Dès l’aube, plusieurs bulldozers protégés par des dizaines de gendarmes mobiles, d’agents de la police aux frontières, l’hélicoptère de la gendarmerie et une équipe cynophile ont entrepris de réduire ce village informel en tas de débris. Les grands gagnants de l’opération sont les oiseaux : entre les coups de pelleteuse, les échassiers faisaient la chasse aux cafards échappés des latrines retournées, tandis qu’un rapace et des martins tristes harcelaient les rats en quête d’un nouveau refuge.

Quant aux habitants évacués, nous ne les avons pas rencontrés : un barrage de gendarmerie interdisait à quiconque l’accès à la zone pendant l’opération de démolition qui a débuté à l’aube.

Une “belle opération” selon le préfet qui a centralisé toute communication sur le sujet. Ni l’Acfav, association d’aide aux victimes, ni la municipalité, représentée par deux élus, n’étaient autorisés à nous répondre.

Les oiseaux n’ont pas attendu le départ des machines pour investir les ruines

“C’est une opération de destruction de bangas d’une ampleur considérable, indique Jean-François Colombet. Nous avons détruit 96 bangas, c’est une opération que nous préparons depuis 5 semaines sur la base de la loi Elan. C’est la première fois que nous utilisons le cadre de cette loi pour détruire un bidonville.
Cela va permettre au conseil départemental de réaliser son projet pour le Hub de Kahani. Il y avait deux objectifs : détruire ce bidonville qui nous posait des problèmes d’agression et de caillassage de pompiers, et préparer l’avenir des jeunes.”

Parmi les personnes délogées, une petite trentaine, tous français, bénéficient d’un hébergement d’urgence, les autres, soit près de 250 personnes, se sont éparpillées ou sont suivis le temps d’étudier leur situation administrative, notamment pour les enfants qui peuvent prétendre à la scolarisation, ou qui vont déjà à l’école.

Des clandestins, des enfants mais aussi des salariés

Le préfet avait verrouillé la communication autour de cette opération d’envergure

“Il y a du travail social, du travail d’identification, c’est une action partenariale, on associe le conseil départemental au titre de sa compétence d’aide sociale à l’enfance, on a mis une zone de repli où on pouvait analyser les situations administratives des personnes susceptibles de rester sur le territoire. La DJSCS est chargée de l’hébergement d’urgence, le rectorat est informé pour inscrire prioritairement les jeunes scolarisés.”

Selon le préfet, les mois à venir seront marqués par la poursuite d’un rythme intensif de destructions, avec une à deux opérations par mois, même durant la trêve cyclonique.

Certaines cases ressemblaient presque à des maisons en dur, avec murs isolés et carrelage au sol

“On ne va pas s’arrêter là ce n’est que le début. La prochaine étape c’est une belle opération également à Dembéni, puis nous avons un programme, soit en exécution de décisions de justice, soit sur la base de la loi Elan. Nous détruirons des bidonvilles pendant toute l’année qui vient. Nous en avons détruit 130 au cours des deux derniers mois, il y en aura une 30aine à Dembéni très prochainement, puis il y aura un programme complet toutes les trois à 4 semaines. La trêve cyclonique commencera en janvier mais la règle n’est pas tout à fait la même pour les bangas qui ne présentent aucune condition sanitaire, c’est une façon d’abandonner un mode de vie qui n’est pas satisfaisant pour trouver quelque chose de plus stable.”

Y.D.

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