Rappelons les chiffres livrés par une étude de l’INSEE en mai 2020 : “à Mayotte, seuls 17 % des ménages disposent d’un accès haut débit à leur domicile, soit quatre fois moins qu’en métropole. De fait, le suivi d’une scolarité à distance est difficile, d’autant plus que beaucoup de jeunes ne peuvent pas être aidés par leurs parents : 70 % des enfants mineurs ont des parents sans diplôme, contre 11 % en métropole.” Si la fracture est moins marquée en métropole, elle est néanmoins visible, puisque l’illectronisme touche 17% de la population, toujours selon l’INSEE.
En conséquence, le Ministre de l’Éducation Nationale a lancé une large consultation nationale qui a débouché sur les états généraux du numérique. Le recteur Gilles Halbout explique que “ces assises ont vocation à rassembler tous les partenaires, personnels de l’éducation nationale, parents, collectivités locales, services de l’Etat, industriels, associations, financeurs, etc., autour d’ateliers devant déboucher sur une feuille route qui nous permettra d’apporter des réponses concrètes aux attentes de notre département.”
La première étape des Assises du Numérique de Mayotte se tiendra ce lundi 30 novembre en format 100% digital avec plus de 60 participants inscrits, acteurs et promoteurs de projets de développement d’accès et d’outils numériques pour le 101ème département français.
Des Assises coorganisées par le Rectorat de Mayotte et l’Agence Française de Développement (AFD), durant laquelle les promoteurs du numérique à Mayotte et des représentants de la société civile vont s’atteler à faire émerger des projets d’accès au numérique pour toutes et tous à court et moyen terme, afin de résorber progressivement la fracture numérique que connait l’île.
Durant une journée de travail avec des outils collaboratifs numériques, les participants aux ateliers échangeront autour de 5 thématiques :
1. Les infrastructures : « Comment rendre accessible l’internet haut débit à l’ensemble du territoire et au plus grand nombre ? »
2. Le matériel et les services : « Comment garantir l’accès et mettre à disposition du matériel et des services numériques à l’ensemble de la population ? »
3. La pédagogie : « Comment développer l’enseignement numérique pour correspondre au mieux aux spécificités mahoraises ? »
4. La formation et l’insertion : « Quelles sont les dispositions nécessaires au développement d’une filière numérique sur le territoire de Mayotte ? »
5. Le financement : « Quels financements disponibles et efficaces pour soutenir les projets de transition numérique à Mayotte ? »
Tout au long de la journée, les participants de chaque atelier seront incités à proposer des idées et des projets concrets afin de répondre aux enjeux identifiés et pourront alimenter les propositions des autres ateliers en cours de journée. Les idées seront ensuite présentées lors d’une restitution de conclusion en plénière, toujours en virtuel.
A l’issue de la journée, et sur la base des premiers projets présentés, les partenaires et co-animateurs des ateliers seront invités à se retrouver pour approfondir les propositions et les projets à soutenir.
“L’ensemble de ces projets feront l’objet d’une présentation détaillée au premier trimestre 2021 pour une mise en œuvre des projets prioritaires dès que possible”, indique Gilles Halbout, qui rapporte que “la longue période de confinement nous a permis de mesurer les inégalités d’accès au numérique en France et plus particulièrement sur notre territoire”.
De ces Assises il attend des propositions pour “partager les bonnes pratiques et ouvrir des perspectives de mise en œuvre d’infrastructures et de matériels adaptés, de pratiques pédagogiques innovantes ou de nouvelles formations autour des métiers du numérique qui contribueront au développement de Mayotte.”
Son partenaire pour ces Assises du numérique, Yves Rajat, Directeur de l’AFD de Mayotte, y voit « l’opportunité à ne pas manquer pour Mayotte pour rentrer dans l’ère numérique avec des projets porteurs d’emplois pour les jeunes et des solutions pour toutes et tous”. Notamment “à travers la création de filières professionnelles pour les métiers du numérique, mais aussi “la mise en place de services numériques permettant à chacun d’apprendre, se former, travailler, faire des démarches administratives, ou consulter des spécialistes, sans avoir à se déplacer jusqu’à Mamoudzou voire en dehors de l’île”.
Le patron local de l’AFD termine sur une note d’optimisme, et Mayotte en a grandement besoin: “Il n’y a pas de territoires qui se meurent, il n’y a que des territoires sans projets. C’est dans l’action collective et la ferme conviction de l’intelligence qui en résulte que se construiront des projets porteurs de tant d’espoirs et d’avenirs pour Mayotte”.
A.P-L.
Comments are closed.