La matinée était chargée ce jeudi pour le recteur. Malgré la grève et les violences à Doujani, il a maintenu son déplacement en Petite Terre. “Il faut avancer et encourager les initiatives. Il y en avait trois ce matin en Petite Terre” explique Gilles Halbout.
“D’abord on est allé voir le travail que font les écoles sur les valeurs de la République. Depuis l’assassinat de Samuel Paty on travaille beaucoup sur les valeurs de la République dans les écoles. On n’a pas de signalement de jeunes radicalisés ou de propos radicaux contrairement à ce qu’on peut voir des fois en métropole, mais les enseignants ont quand même remarqué qu’il est important de mener un travail sur la durée, plus participatif. Une chose qu’on remarque chez les jeunes, c’est qu’avec les écoles coraniques et l’éducation familiale, ils sont beaucoup dans la reproduction et moins dans le débat, la participation, l’esprit critique. On travaille donc beaucoup là dessus. A Labattoir on a vu un peu ça, c’était intéressant de voir différentes approches pour différentes classes d’âge. Ça sort aussi du cliché d’une éducation d’un autre temps.”
Le recteur s’est ensuite rendu dans un autre établissement élémentaire de la commune.
“Vous savez que cette semaine est celle du sport et des pratiques sportives. Je suis allé visiter une école à Labattoir également où il y avait plein de jeux. Sans prévenir j’ai décidé d’aller voir une école à côté où il y avait les mêmes choses, ce qui prouve que même sans les colliers de fleurs on retrouve aussi les jeux sportifs et une éducation à la bonne hygiène de vie. Tout commence par là, c’était festif et sympathique. Une était en rotation, l’autre pas, mais toujours avec de bonnes conditions d’apprentissage.”
Partout où il y a des jeunes il doit y avoir une éducation
Vers 11h le capitaine de l’éducation nationale à Mayotte a quitté l’école pour un institut médico-éducatif accueillant des jeunes en situation de handicap lourd.
“Pour sortir des écoles, comme on est sur la journée internationale du handicap, on a décidé avec la directrice de l’ARS de montrer les actions qu’on pouvait faire en commun en matière d’approche sur l’éducation dans les structures d’accueil sur le handicap. Dans cet IME, un collègue est mis à disposition par le rectorat. C’est une autre approche de l’école inclusive de ce qu’on peut voir avec les AESH ou dans les ULIS. Là on a un public avec de plus grosses difficultés et qui ne peut pas être mis en inclusion dans les écoles. Pour autant, partout où il y a des jeunes il doit y avoir une éducation. On est là dans un partenariat à 3 sous l’égide du département qui pilote via la MDPH la prise en charge des jeunes en situation de handicap et l’ARS qui finance et en assure la maîtrise d’ouvrage et les associations, comme là Mlézi qui assurent la maîtrise d’œuvre. Puis il y a nous, l’éducation nationale avec le volet éducatif.
J’étais étonné et ému de voir ces jeunes qui évoluent dans un climat apaisé et joyeux. Une moitié a les capacités pour suivre les activités éducatives. L’autre vient sans forcément avoir la concentration mais toute marche franchie est une réussite, pour le jeune mais aussi pour la famille qui voit l’enfant progresser. L’enseignant expliquait que pour certains en quelques mois on peut enseigner à dessiner une lettre, et avec de la persévérance certains savent écrire leur nom, c’est source de joie dans les familles. Et au delà de la classe il y a des activités et une vie de groupe, un vivre-ensemble et un travail de socialisation qui est important. Egalement, des efforts sont faits pour essayer de les inclure dans des dispositifs plus ouverts pour leur faire rencontrer d’autres élèves.”
Propos recueillis par Y.D.
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