28.9 C
Dzaoudzi
jeudi 18 avril 2024
AccueilEconomieDe la menuiserie à la poterie, on prend son avenir en main...

De la menuiserie à la poterie, on prend son avenir en main chez Wenka Culture

Devenue incontournable dans le paysage kawénien, l’association Wenka Culture fait aujourd’hui office de passerelle entre l’isolement voire l’errance et le marché du travail. Une insertion, ou réinsertion pour certains, qui passe par différentes activités propres à acquérir le « savoir-être » exigé par le lointain monde de l’entreprise. Le tout dans une démarche écoresponsable. Tour d’horizon avec le directeur de la structure, Omar Saïd.

« Tu vois, c’est là où j’ai grandi, ça a tellement changé depuis que j’étais petit », lâche Omar Saïd après avoir houspillé un gamin lançant un bout de bois. Face à la pauvreté qui s’est enracinée dans Kawéni, le directeur de Wenka Culture veut croire que, comme lui, les jeunes du village peuvent s’en sortir. Pourvu qu’on les y aide, comme sa grande sœur l’a fait pour le jeune Omar, désormais bardé de diplômes. Mais si l’aînée lui a financé ses études, c’est un tout autre modèle qu’a développé Wenka Culture pour paver la voie à l’emploi émancipateur. « Quand on voit toute cette jeunesse qui pourrait faire des choses alors qu’à peine 6% des emplois de Kawéni sont pourvus par des kawéniens, on ne peut que vouloir que ça change », plaide le directeur avec toute la détermination qui le caractérise.

La confiance retrouvée

Côté meubles en palettes, pas grand monde ce mercredi. Et pour cause, “ils sont partis en installation”, explique Omar Saïd.

Une détermination que l’on retrouve, à l’autre bout du village, dans les ateliers installés sur la parcelle du restaurant La Geôle. C’est d’ici que sortent les meubles en palettes ou encore les poteries fraîchement façonnées par les « agents en insertion » de l’association. À raison de 26 heures par semaine les 25 titulaires de contrats à durée déterminée d’insertion (CDDI) y apprennent des savoir-faire, mais pas seulement.

« L’objectif, sur deux ans, c’est de permettre à ces personnes d’élaborer leur projet professionnel en lien avec un conseiller spécialisé. S’ils veulent faire de la poterie ou de la menuiserie c’est très bien, mais l’objectif est avant tout de les rendre employables », explique Omar Saïd. À ses côtés, Sikina vient illustrer le propos le temps d’une pause. « Je n’avais jamais travaillé avant, je restais à la maison à ne rien faire mais je ne pouvais plus rester comme ça », livre-t-elle. Alors Sikina a déposé son dossier auprès de l’association qui l’emploie depuis désormais deux semaines. « Quand je suis arrivée, je ne savais pas du tout quoi faire de mes mains. Et puis avec la poterie j’apprends petit à petit, ça me motive, ça me donne confiance et des idées », s’enthousiasme celle qui voudrait devenir puéricultrice ou caissière. Et qui sait, « peut-être essayer de repasser le bac », sourit-elle.

Toute la semaine, les agents de Wenka Culture tournent dans Kawéni, encadrés par Farid qui leur enseigne “respect, humanisme et fierté de travailler”.

La confiance en soi et dans la société, l’une des clefs de l’insertion. Mais, encore une fois, pas la seule que veut fournir Wenka dans le trousseau du renouveau. « Il s’agit d’apprendre à écouter, respecter les autres et les consignes, être ponctuel, poli, solidaire etc. Tout ça n’est pas évident quand on ne l’a jamais vraiment appris », développe Omar Saïd. Surtout quand on est un gamin en déroute. « On a formé des jeunes qui étaient clairement partis pour être des voyous, il a d’abord fallu casser le lien avec les bandes et créer le cadre chez nous », poursuit le directeur avec le souvenir de ce jeune garçon, particulièrement coriace au départ et désormais ambulancier en CDI. « On lui a sauvé la vie, c’est clair. Il y a aussi ce jeune handicapé qui ne voyait pas l’horizon et qui est maintenant paysagiste », se souvient-il dans un élan de poésie.

Un projet bien charpenté

La recette de ce succès, c’est aussi d’avoir permis de créer une véritable activité économique autour des différents ateliers proposés. Les mobiliers en palettes recyclées sont vendus et installés chez des particuliers, des entreprises ou des administrations. La propreté urbaine, qu’il s’agisse de ramassage ou d’entretien d’espaces verts se fait par exemple dans et aux abords des établissements scolaires du coin. Enfin, la toute récente activité poterie a pour ambition de vendre ses produits en foire ou marché, comme samedi dernier à Kawéni, et bientôt en boutique ! « Cela permet aussi de perpétuer le savoir-faire de nos anciens qui utilisaient ces objets tous les jours mais que l’on ne sait plus fabriquer aujourd’hui », ajoute à ce titre le formateur de la discipline exigeant patience, rigueur et créativité.

Abdallah, 25 ans, de retour à Kawéni un CDI en poche. “Tu nous dois encore un voulé”, lui lance celui qui lui a tendu la main.

Tout un ensemble de valeurs donc, qui, une fois, intégré, permet l’envol. À l’image d’Abdallah qui fêtait mercredi ces 25 ans. Et la fin d’un beau parcours : après six mois au sein de Wenka Culture, le jeune homme a décroché un stage de quatre mois en métropole. Avant de revenir, tout récemment, un CDI en poche dans l’antenne locale de l’entreprise. Avec laquelle il participera à la construction du toit du plateau sportif de Kawéni. Un exemple pour ces jeunes dont les vies ne demandent qu’à être charpentées.

Comments are closed.

RESTONS EN CONTACT

Inscrivez-vous à la lettre d'information du JDM afin de garder en oeil sur l'actualité mahoraise

L'actualité

AVIS DE CONSTITUTION AUTO SHOP 976

139522
  Par acte SSP du 14/09/2022, il a été constitué une SAS dénommée : AUTO SHOP 976 Siège social : 25 Rue Bahoni 97615 Pamandzi Capital :...
+26
°
C
+27°
+24°
Mamoudzou
Samedi, 04
Dimanche
+25° +24°
Lundi
+25° +24°
Mardi
+25° +24°
Mercredi
+25° +24°
Jeudi
+25° +24°
Vendredi
+25° +24°
Prévisions sur 7 jours
Campagne, politique, Mayotte

Tribune – De l’art du discours à la formule

139522
Qui pour relever les défis de nos grands orateurs du passé ? Peu de noms émergent de la tribune de Madi Abdou N'tro, voire aucun, sur les dernières campagnes, laissant sans doute "un sentiment d'imposture" chez les électeurs

Départementales Sada : remaniements en vue au conseil départemental

139522
L’issue du scrutin a parlé : c’est donc le binôme Soula Saïd Souffou/Mariam Saïd Kalame qui intègre les bancs de l’assemblée départementale. Ce qui implique des réélections au menu du conseil départemental les jours prochains. Avec l’éventualité d’une refonte complète des vice-présidences, comme nous l’expliquons

Départementales partielles : Soula S. Souffou et Mariame S. Kalame élus avec 52,26% des voix

139522
Ils étaient en tête au premier tour, et ont creusé l’écart à l’issue du second : le binôme surprise Souffou/Kalame qui n’était pas présent sous cette configuration en 2021, est le nouveau duo d’élus qui intègre le conseil départemental.
Comores, Azali Assoumani

Comores : un ténor de l’opposition appelle à une désescalade politique

139522
L’ancien gouverneur de la Grande-Comores, Mouigni Baraka Said, estime qu’il est temps de dialoguer avec le président Azali Assoumani dans l’intérêt du pays et de la population. L’homme politique se reconnait toujours dans l’opposition mais s’oppose toutefois à "ces querelles sans fin et sans véritable perspectives de sortie de crise". Une démarche mal digérée par les autres opposants qui refusent tout dialogue avec le président Azali Assoumani depuis son élection le 24 mars 2019.
Départementale, Sada, Mayotte

Départementales partielles à Sada : Saïd Souffou-Mariam Kalame en tête

139522
Le 1er tour de l'élection partielle des conseillers départementaux du canton de Sada se tenait ce dimanche 25 septembre. Le canton est toujours scruté de prés pour être l'un des épicentres politiques locaux. Les élections...