26.9 C
Dzaoudzi
vendredi 22 novembre 2024
AccueilorangeMineurs non accompagnés : une problématique nationale

Mineurs non accompagnés : une problématique nationale

Pas un jour sans que des faits de violences entre bandes de jeunes ne soient déplorés en métropole. Assez pour alerter, et créer une mission de deux députés qui vont plancher sur le phénomène bien connu à Mayotte de mineurs qu’on pourrait qualifier de « trop peu accompagnés ».

C’est l’Assemblée nationale qui le dit : « Une augmentation récente de la délinquance, dans le quartier populaire de la Goutte d’Or du XVIIIème arrondissement de Paris, mais aussi dans d’autres villes comme Rennes, Marseille, Lyon ou Montpellier, a contribué à ramener dans l’actualité le sujet de la prise en charge des mineurs non accompagnés ».

Un phénomène encore peu connu en Hexagone, le Parlement explique donc encore : « Les mineurs non accompagnés sont les personnes âgées de moins de 18 ans, de nationalité étrangère, qui se trouvent sur le territoire national sans adulte responsable. Le sort de ces jeunes, pour la plupart adolescents, soulève une problématique qui n’est pas nouvelle mais dont l’ampleur ne cesse de croitre dans un contexte global de crise migratoire : la France a en effet accueilli plus de 17.000 mineurs non accompagnés entre le 1er janvier et le 31 décembre 2018, contre près de 15.000 en 2017 et 8.000 en 2016. »

Mayotte est un laboratoire, a-t-on l’habitude d’entendre. Que ce soit pour le vivre ensemble ou comme exemple de résilience, ou encore, sur la gestion de l’immigration clandestine et des mineurs autrefois dits « isolés », désormais considérés comme « non accompagnés ». Soit dit en passant, aucun des deux termes ne convient car ils donnent lieu à des jonglages de chiffres, et le secrétaire d’Etat en charge de l’Enfance et des Familles en a récemment laissé tomber quelques uns.

Une errance progressive

Des enfants en manque de repères et d’amour

Allant à contrecourant des statistiques et minorant leur impact, Adrien Taquet a effet expliqué devant les sénateurs, que Mayotte « compte 300 mineurs non accompagnés, car les 4.000 jeunes ne sont pas totalement isolés. Une grande majorité a des membres de leur famille sur le territoire mahorais ». Le ministre ignore là le nombre de 4.446 mineurs non accompagnés livré en 2016 par l’Observatoire des mineurs isolés qui mentionnait que environ 300 n’avait aucun référent adulte. Or, 300, c’est le nombre de mineurs pris en charge par les services de l’Aide sociale à l’Enfance à travers les associations partenaires. Le problème devrait donc être considéré comme réglé, mais il ne l’est pas.

C’est bien parce que le terme de mineurs isolés, qui a évolué vers mineurs non accompagnés, devrait encore orienter vers une autre voie, celle de « mineurs peu accompagnés », qui permet de mieux cerner la situation car ce sont ceux qui peuvent poser des problèmes. Pas forcément pris en charge par l’Aide sociale à l’enfance s’ils n’ont pas fait l’objet de remontée d’information, ou par la PJJ s’ils n’ont pas eu affaire à la justice (et c’est ce qu’il faut éviter), ils n’en sont pas moins plus ou moins laissés à l’abandon. Pour beaucoup, leurs parents ont été reconduits aux Comores sans avoir signalé leur présence sur le territoire, espérant que leur progéniture puisse bénéficier d’une scolarité ou de soins, déficients sur les îles voisines. Ils sont confiés à un oncle ou à une cousine, qui sont souvent dépassés par un nouvel élément à gérer et pour peu qu’il soit turbulent, le laisse plus ou survivre avec ses propres moyens.

Répondre efficacement au défi

Cour des Comptes, MNA, ASE, Mayotte
La proportion de la problématique est décuplée à Mayotte par rapport au national

Un des remèdes est la scolarisation de tous ces enfants, c’est en cours, mais cela ne remplace pas l’affection paternelle ou maternelle. Il faut trouver des solutions et épauler en terme de moyens les Départements dont ils finissent par devenir la compétence.

C’est pour cela que l’initiative de l’Assemblée nationale est à saluer. Sa commission des Lois a souhaité se saisir de cette question en créant une mission d’information sur les problématiques de sécurité associées à la présence sur le territoire national de mineurs non accompagnés. Cette mission, dont les co-rapporteurs sont MM. Jean-François Eliaou (LaREM, Hérault) et Antoine Savignat (Les Républicains, Val-d’Oise), doit évaluer l’ampleur des problèmes de délinquance liés à ces mineurs et l’efficacité de la réponse pénale et de la prise en charge par l’aide sociale à l’enfance. Leur rapport sera capital.

Selon nos informations, la mission a terminé ses auditions. Si elle n’est pas passé par Mayotte, l’initiative sera bénéfique à tous lors des décisions à venir, rapporte Issa Issa Abdou, 4ème vice-président chargé de l’Action sociale et de la Santé : « J’imagine que la crise sanitaire et les restrictions de voyage n’a pas permis à la mission de se rendre sur notre territoire, mais une telle initiative est à saluer, car elle nous permet depuis Mayotte d’être plus audibles à Paris sur ce sujet. »

Anne Perzo-Lafond

Anne Perzohttps://lejournaldemayotte.yt
Anne PERZO Le journal de Mayotte https://lejournaldemayotte.yt

Comments are closed.

RESTONS EN CONTACT

Inscrivez-vous à la lettre d'information du JDM afin de garder en oeil sur l'actualité mahoraise

L'actualité

AVIS DE CONSTITUTION AUTO SHOP 976

139521
  Par acte SSP du 14/09/2022, il a été constitué une SAS dénommée : AUTO SHOP 976 Siège social : 25 Rue Bahoni 97615 Pamandzi Capital :...
+26
°
C
+27°
+24°
Mamoudzou
Samedi, 04
Dimanche
+25° +24°
Lundi
+25° +24°
Mardi
+25° +24°
Mercredi
+25° +24°
Jeudi
+25° +24°
Vendredi
+25° +24°
Prévisions sur 7 jours
Campagne, politique, Mayotte

Tribune – De l’art du discours à la formule

139521
Qui pour relever les défis de nos grands orateurs du passé ? Peu de noms émergent de la tribune de Madi Abdou N'tro, voire aucun, sur les dernières campagnes, laissant sans doute "un sentiment d'imposture" chez les électeurs

Départementales Sada : remaniements en vue au conseil départemental

139521
L’issue du scrutin a parlé : c’est donc le binôme Soula Saïd Souffou/Mariam Saïd Kalame qui intègre les bancs de l’assemblée départementale. Ce qui implique des réélections au menu du conseil départemental les jours prochains. Avec l’éventualité d’une refonte complète des vice-présidences, comme nous l’expliquons

Départementales partielles : Soula S. Souffou et Mariame S. Kalame élus avec 52,26% des voix

139521
Ils étaient en tête au premier tour, et ont creusé l’écart à l’issue du second : le binôme surprise Souffou/Kalame qui n’était pas présent sous cette configuration en 2021, est le nouveau duo d’élus qui intègre le conseil départemental.
Comores, Azali Assoumani

Comores : un ténor de l’opposition appelle à une désescalade politique

139521
L’ancien gouverneur de la Grande-Comores, Mouigni Baraka Said, estime qu’il est temps de dialoguer avec le président Azali Assoumani dans l’intérêt du pays et de la population. L’homme politique se reconnait toujours dans l’opposition mais s’oppose toutefois à "ces querelles sans fin et sans véritable perspectives de sortie de crise". Une démarche mal digérée par les autres opposants qui refusent tout dialogue avec le président Azali Assoumani depuis son élection le 24 mars 2019.
Départementale, Sada, Mayotte

Départementales partielles à Sada : Saïd Souffou-Mariam Kalame en tête

139521
Le 1er tour de l'élection partielle des conseillers départementaux du canton de Sada se tenait ce dimanche 25 septembre. Le canton est toujours scruté de prés pour être l'un des épicentres politiques locaux. Les élections...