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Au tribunal “il n’y a pas que des génies” raille le président d’audience

Les juges sont parfois pédagogues, et parfois plus moqueurs. Ce voleur multirécidiviste qui laissait son sang un peu partout chez ses victimes n'a pas échappé à la règle. D'autres, pour avoir cambriolé une église, ou manqué de prudence dans une publication, se sont vus condamnés tour à tour.

Courtes tresses, entouré de deux gendarmes, le premier prévenu à comparaître ce mercredi au tribunal est bien connu de la justice pour de nombreux vols, avec effraction et parfois en bande organisée. Déjà condamné plusieurs fois et détenu pour des faits criminels quand il était mineur, le jeune homme de 22 ans se voyait reprocher 6 cambriolages d’un coup. Parmi ses victimes, la Colas, la SMAE ou encore la société Point de Repère. A chaque fois, des ordinateurs, téléphones, téléviseurs ou tablettes étaient dérobés. Avec parfois des préjudices lourds : jusqu’à près de 45 000€. En clair, le genre de personnage qui rend la vie impossible aux entrepreneurs de l’île.

Mais celui-ci avait une particularité : sur quasiment chaque lieu visité, il laissait… du sang. En brisant des vitres ou en sciant des barreaux, le pied-nickelé se blessait et laissait de l’ADN à foison. C’est ainsi qu’il a pu être confondu dans 5 des 6 affaires le concernant, réparties entre 2015 et 2017.

Pour chacune, le prévenu dit ne pas se souvenir. “Vous ne vous souvenez pas avoir brisé une vitre et vous être fait mal ? Pourquoi vous faites un sourire à chaque réponse ? On dirait que vous ne croyez pas vous même à votre réponse” le titille le juge Souhaïl. “Vous vous blessez souvent quand vous cambriolez ?” Interrogé sur l’utilisation d’une cagoule, le jeune homme se défend d’être assez bête pour ne pas en porter. “Vous savez… Il n’y a pas que des génies ici. Des gens laissent des traces de sang, des empreintes…” raille le président d’audience. Le prévenu ne tique pas. Pour seule explication, le récidiviste argue que “la vie est compliquée”. “Trop facile” selon le procureur Folliez qui réclame 2 ans de prison avec sursis. Le tribunal optera pour du ferme à hauteur de 6 mois, mais pour 2 faits seulement. Car en 2015 et 2016, le mis en cause était… mineur, et ne pouvait donc pas être jugé par cette juridiction pour adultes. Le parquet devra décider s’il le renvoie devant le juge des enfants… ou pas. Cette erreur de procédure qui a échappé à toute la chaîne pénale n’a quant à elle… fait rire personne.

Le chemin de croix d’un voleur d’église

Les lieux de culte ne sont pas épargnés par les cambrioleurs, aussi peu doués soient-ils, au point d’être surpris en sortant par la porte les bras chargés de marchandises volées. C’est la situation agaçante qu’a connue l’église adventiste de Mamoudzou, visitée le 20 mai 2020. Préjudice : du matériel informatique, et de bricolage. Sur les trois voleurs surpris à la sortie, un seul est identifié, et envoyé en détention provisoire. Ce jeune Français, diplômé, a fait le choix du vol car “la vie est dure”. Déjà condamné deux fois, dont une à du ferme, il a écopé de 4 mois avec sursis. “Vous ne serez jamais plus fort que la justice, vous ne serez jamais plus malin que les gendarmes” l’a averti le procureur, afin que ce deuxième génie en prenne de la bouteille.

Comema obtient une condamnation sur le fil

Seul Coméma, qui a maintenu son activité, avait du public à gérer en mai 2020

On se souvient tous du pataquès des masques lors du premier confinement. Les uns recommandant d’en porter tandis que d’autres en doutaient. Le marathon des masques en tissus était lancé tandis que la pénurie de masques chirurgicaux éclatait au grand jour.

C’est dans ce contexte qu’un article de nos confrères des Nouvelles de Mayotte a fait bondir le gérant de la société Comema. Alors fortement sollicitée pour fournir en tissus les artisans de l’île, l’entreprise était accusée dans cette interview, par un pharmacien demeuré anonyme, d’avoir refusé des ventes et voulu “se réserver la vente des masques ce qui est scandaleux” disait-il.

Ni une ni deux, l’entreprise de tissus portait plainte pour diffamation. Un dossier que les juges ont eu à détricoter ce mercredi. Pour l’avocat de la mercerie Fatih Rahmani, “on accuse la Comema de se réserver un monopole sur la vente des masques. L’atteinte à l’honneur et à la considération est claire, c’est le numéro 1 de la mercerie, on est au début de cette crise sanitaire, la peur s’empare de tout le monde, tout est suspendu, et on dit que ma cliente joue avec la vie des gens pour avoir un monopole, et profite de ce moment pour faire de l’argent.” L’entreprise réclamait quelque 15 000€ d’indemnisation.

L’avocat Fatih Rahmani

En face, Me Aurore Baudry défendait les intérêts du journal : “à cette époque, il y avait une polémique sur l’utilisation ou non des masques et la question de la pénurie des masques. Le but était alors d’informer du public sur le respect des règles d’hygiène à Mayotte. C’est la Une de l’article, on ne parle pas de la Coméma.” La phrase litigieuse est en effet une initiative du pharmacien, qui tombe à côté de la question posée par la journaliste. Dès lors pour l’avocate, le journal est dans les clous. La loi n’exige pas d’un journaliste d’enquêter sur des propos tenus en interview, et selon elle, le journal était “de bonne foi” dans sa volonté d’informer “sans animosité personnelle”. Le juge Vivien interroge alors l’avocate sur la présence dans cette édition de LNDM d’une quelconque mention visant à mesurer ces propos. Non. Il n’en fallait pas moins pour que les trois juges condamnent le journal à 200€ d’amende, autant pour sa directrice, plus 2300€ d’indemnisations à verser à la Comema.

Nos confrères devraient faire appel de la décision sous 10 jours.

Y.D.

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