31.9 C
Dzaoudzi
vendredi 29 mars 2024
AccueilorangeLa répression d'abord : le plan très politique du maire de Tsingoni...

La répression d’abord : le plan très politique du maire de Tsingoni pour lutter contre les violences entre bandes

En deux heures de conférence de presse, il n'a presque pas été question de social, d'animations, d'occuper les jeunes de Combani et Miréréni. Le maire assume donner la priorité à la répression, quitte à faire des demandes illégales, ou à interdire ce que la loi prohibe déjà. Au risque de perdre en crédibilité.

Mohamed Bacar, confronté depuis trop longtemps aux affrontements entre jeunes de Combani et de Miréréni, a voulu passer comme message que “ça suffit !”. Ce vendredi matin, il avait convié la presse à la Maison France Service de Combani pour dévoiler ce que devrait être sa politique pour combattre ce phénomène de violences entre bandes rivales.

Cette opération de communication part d’un constat : l’existence de “règlements de comptes en bandes organisées avec des armes blanches (…) mettant en danger la population”. Alors “pourquoi les jeunes se battent-ils ?” s’est interrogée la municipalité lors d’une réunion en décembre dernier. Selon le compte rendu de réunion, la réponse brille de simplicité : du fric et des filles. “Ils ont envie de vivre convenablement, c’est à dire avoir des moyens financiers (…), des femmes, être entourés par des femmes”. Une lecture qui pourrait appeler à plus d’éducation populaire et de lien social, mais ce n’est pas le choix qui a été pris par le conseil municipal. Le plan présenté vendredi tient en un mot : interdire, y compris ce qui l’est déjà.

D’abord en restreignant la détention de chiens par des mineurs, via une “convention avec le refuge Gueules d’Amour” informe le maire. Ensuite en interdisant les attroupements et la consommation d’alcool sur la voie publique. En troisième point, l’édile offre d’interdire le port d’armes ou de répliques d’armes. Ce que le code pénal prévoit déjà. Face à des clips de rap haineux, au lieu de s’appuyer sur la loi interdisant les appels à la violence, le maire veut… “interdire la diffusion de musique par haut-parleur et tout moyen connecté sur les espaces publics”. Selon le maire, écouter de la musique sur son téléphone “génère des tensions”.

Autre proposition, interdire le stockage et la vente de produits pétroliers à domicile pour éviter les cocktails molotovs, ce qui est déjà réglementé, ainsi que les Murenge, ces combats de boxe traditionnels qui peuvent finir en échauffourées. Ce dernier point serait une “mesure temporaire”.

Le premier magistrat réclame aussi les moyens de raser les bidonvilles, pour reloger les occupants en situation régulière et expulser les autres. “Plusieurs poches d’habitat indigne feront prochainement l’objet de destructions” assure la mairie.

Outre la sécurité, le maire veut s’attaquer aux incivilités, et là encore, la méthode interroge.
Il est question d’interdire la vente informelle de marchandises sur la voie publique, et la “mécanique sauvage sur la voie publique”. Or ces deux points participent déjà de la loi sur le travail dissimulé. La divagation de bétail sur la voie publique et l’élevage à domicile et le long des cours d’eaux sont aussi visés, ainsi que plusieurs mesures visant à assurer “la propreté urbaine”. Le maire assure sur ce point avoir déjà procédé à l’enlèvement de “tous les véhicules hors d’usage” de la commune.

Mohamed Bacar a présenté un plan qui semble pour l’essentiel relever de l’effet d’annonce

En revanche, si certaines mesures sont déjà de l’ordre du droit commun, et d’autres étaient déjà des prérogatives de la commune, les documents fournis s’affranchissent parfois du droit français. Ainsi dans un document adressé au procureur le 15 décembre, le maire évoque une liste de noms de jeunes “délinquants” contre lesquels il dit “porter plainte”. Mais il réclame aussi que ces “jeunes” soient incarcérés “définitivement et ce, immédiatement”, ce qui non seulement n’est pas de la prérogative du parquet, mais contrevient à tous les principes fondateurs du droit français, de la présomption d’innocence à la protection des mineurs en passant par l’objectif de réinsertion.

Une demande irréalisable que le maire réitérait ce même jour  dans un courrier au préfet Jean-François Colombet, au motif paradoxal que “seule la Loi est maître dans la République”.

Après deux heures de conférence de presse, on aurait pu croire que toute la politique sécuritaire de la commune reposait que sur de l’effet d’annonce, s’il n’y avait eu l’intervention de Me Mohamed Saidal, avocat de la commune, qui précisait que les points à “interdire” étaient surtout des choses “déjà interdites, mais à mettre en œuvre”. Et ce dernier de s’engager à produire tous les référés possibles pour concrétiser la lutte contre l’habitat illégal à Tsingoni.

L’avocat de la commune Me Mohamed Saidal veut produire des référés pour détruire les bangas

Plus concrètement, le mairie a émis une demande de subvention au titre du FIPD pour installer de la vidéo surveillance, un accompagnement pour sensibiliser la population au dépôt de plainte.

Au final, aucune proposition visant à apporter à ces jeunes la réponse au premier constat qui était la recherche de moyens de subsistance n’apparaît dans les documents fournis, ce que le maire assume, préférant “commencer par la répression”. Là où les tanks et les muscles de la gendarmerie mobile n’ont jusqu’à présent pas réussi à mettre fin au cycle de la violence, le plan communal promet bien du travail aux 15 agents qui composent sa police municipale.

Y.D.

1 COMMENTAIRE

Comments are closed.

RESTONS EN CONTACT

Inscrivez-vous à la lettre d'information du JDM afin de garder en oeil sur l'actualité mahoraise

L'actualité

AVIS DE CONSTITUTION AUTO SHOP 976

139522
  Par acte SSP du 14/09/2022, il a été constitué une SAS dénommée : AUTO SHOP 976 Siège social : 25 Rue Bahoni 97615 Pamandzi Capital :...
+26
°
C
+27°
+24°
Mamoudzou
Samedi, 04
Dimanche
+25° +24°
Lundi
+25° +24°
Mardi
+25° +24°
Mercredi
+25° +24°
Jeudi
+25° +24°
Vendredi
+25° +24°
Prévisions sur 7 jours
Campagne, politique, Mayotte

Tribune – De l’art du discours à la formule

139522
Qui pour relever les défis de nos grands orateurs du passé ? Peu de noms émergent de la tribune de Madi Abdou N'tro, voire aucun, sur les dernières campagnes, laissant sans doute "un sentiment d'imposture" chez les électeurs

Départementales Sada : remaniements en vue au conseil départemental

139522
L’issue du scrutin a parlé : c’est donc le binôme Soula Saïd Souffou/Mariam Saïd Kalame qui intègre les bancs de l’assemblée départementale. Ce qui implique des réélections au menu du conseil départemental les jours prochains. Avec l’éventualité d’une refonte complète des vice-présidences, comme nous l’expliquons

Départementales partielles : Soula S. Souffou et Mariame S. Kalame élus avec 52,26% des voix

139522
Ils étaient en tête au premier tour, et ont creusé l’écart à l’issue du second : le binôme surprise Souffou/Kalame qui n’était pas présent sous cette configuration en 2021, est le nouveau duo d’élus qui intègre le conseil départemental.
Comores, Azali Assoumani

Comores : un ténor de l’opposition appelle à une désescalade politique

139522
L’ancien gouverneur de la Grande-Comores, Mouigni Baraka Said, estime qu’il est temps de dialoguer avec le président Azali Assoumani dans l’intérêt du pays et de la population. L’homme politique se reconnait toujours dans l’opposition mais s’oppose toutefois à "ces querelles sans fin et sans véritable perspectives de sortie de crise". Une démarche mal digérée par les autres opposants qui refusent tout dialogue avec le président Azali Assoumani depuis son élection le 24 mars 2019.
Départementale, Sada, Mayotte

Départementales partielles à Sada : Saïd Souffou-Mariam Kalame en tête

139522
Le 1er tour de l'élection partielle des conseillers départementaux du canton de Sada se tenait ce dimanche 25 septembre. Le canton est toujours scruté de prés pour être l'un des épicentres politiques locaux. Les élections...