29.9 C
Dzaoudzi
mardi 16 avril 2024
AccueilEconomieCréation du Réseau d’Epidémiosurveillance Mahorais, pour mieux soigner les végétaux

Création du Réseau d’Epidémiosurveillance Mahorais, pour mieux soigner les végétaux

Virus de la mosaïque du manioc, Chenille légionnaire d’automne, Cochenilles ou Acariens… Le dernier bulletin de Santé du végétal ressemble à un dictionnaire médical. Il fait peau neuve et annonce la mise en place d’un Réseau de surveillance épidémiologique tout spécialement pour les végétaux.

Epidémie, virus, foyers… depuis bientôt deux ans, ce vocabulaire est devenu notre quotidien, mais c’est aussi celui des végétaux qui luttent pour leur survie. On repense à la maladie qui avait emporté une bonne partie des papayers de l’île il y a quelques années. Leur vaccin, ce sont les produits phytosanitaires pour les aider à vaincre les parasites. Importés parfois clandestinement quand il ne sont pas sur la liste réglementaire, ou avec des risques de surdosages fréquemment constatés, et dénoncés par la DAAF.

Raisonner le monde agricole et l’aider à vaincre les maladies avec des outils naturels, c’est la tâche que s’est donné depuis quelques années le plan ministériel Ecophyto qui fixe l’objectif de réduction de l’utilisation des produis phytosanitaires. Pour aller plus loin, l’organisme créé le Réseau d’Epidémiosurveillance Mahorais (REM).

Arrivé depuis quelques mois à Mayotte, Pierre Baby, Chargé de mission surveillance biologique du territoire au lycée agricole de Coconi, est chargé de le mettre en place à Mayotte : « Il faut amener les acteurs du monde agricole à traiter quand c’est vraiment utile. Pour cela, il fallait une plateforme d’échanges d’informations et de recommandations sur les maladies en cours, sur les insectes ravageurs et sur ceux qu’on appelle les auxiliaires des cultures. » Ces auxiliaires sont des insectes pour la plupart, qui ont besoin pour vivre de se nourrir des ravageurs des végétaux. « Le meilleur exemple, c’est la coccinelle qui mange les pucerons ».

Corossol sain (Photo JDM) et corossol attaqué par la cochenille (©J.Soulezelle-EPN Coconi)

Entourés d’auxiliaires sans le savoir

Mais il y en a de nombreux autres et il faut que ça se sache : « La chrysope, un insecte vert qui détruit elle aussi les pucerons », en utilisant ses mandibules pour attraper sa proie, injecter sa salive pour en aspirer le contenu liquide, « les parasitoïdes qui pondent leurs œufs dans les larves d’autres insectes, et qui le tue ». Une diversité dans l’approche de la protection des végétaux qui a fait l’objet d’une formation d’une quinzaine d’agriculteurs ce mercredi 9 juin, ainsi que 2 agents de la Direction de l’Agriculture et un du Centre de Formation Professionnelle et de Promotion Agricole.

Ils ont appris que s’il est possible d’importer ces précieux auxiliaires, on peut aussi utiliser l’existant à Mayotte : « Il suffit des les attirer par des plantes nectarifères ou pollinifères, il faut juste préserver leur existence en maintenant des zones arborées. »

Mais chassez le naturel, il ne revient pas toujours au galop, et si les agriculteurs sont d’accord en théorie pour utiliser ces méthodes, lorsque leurs cultures sont attaquées, c’est dans l’urgence qu’il faut agir, avec la tentation d’utiliser des méthodes chimiques agressives. « Cela prend du temps de s’y mettre au départ, car il faut repérer les insectes utiles, mais ensuite, on les retrouve sans rien avoir à faire. Nous avons amené les stagiaires à constater leur présence en nombre sur le terrain du lycée de Coconi, sans qu’ils soient expressément préservés. »

Nos bananiers attaqués

Pour l’instant, les bananiers mahorais résistent plutôt bien aux attaques du champignon

Bien gérer les traitements, passe pour les agriculteurs par une bonne connaissance des maladies rencontrées dans leurs champs. C’est l’objectif des planches photo assemblées sur un bulletin mensuel de Santé du végétal, renforcé par Pierre Baby qui a souhaité élargir le champ des précédentes publications qui zoomait chaque mois sur une culture différentes. Cette fois, elles exposent toutes leurs feuilles gangrénées et leurs fruits malades : « Les agriculteurs vont y retrouver les fruits et légumes cultivés, avec le signalement de présence plus ou moins marquée d’insectes ravageurs en fonction des mois. Comme cela, ils pourront voir à quel moment le traitement est vraiment utile, plutôt que de le faire toute l’année. »
Les informations sont envoyées par mail, mais tous ne sont pas connectés, « nous passons aussi par les coopératives. »

Pour y synthétiser ces données, 15 types de cultures ont été observés sur plus de 80 parcelles. 80 organismes ont été suivis, qu’ils soient bioagresseurs ou auxiliaires, avec l’appui d’un réseau de 60 pièges disposés sur le territoire.

Une maladie a beaucoup inquiétée en local pour s’attaquer à une production phare, celle de la banane. Détecté pour la première fois à Mayotte fin 2019, le champignon Foc TR4, représente une menace importante pour les cultures de bananiers. « Les feuilles jaunissent, les fibres de l’arbre semblent exploser. Appelée aussi la maladie de Panama, c’est une maladie de quarantaine, c’est à dire que, quand elle est détectée, il faut respecter le protocole en avertissant la DAAF* qui va éliminer le bananier en prenant de nombreuses précautions », nous explique le spécialiste.

Pour chaque culture, le bulletin précise pour chaque mois l’alerte minime ou forte, en fonction de la présence des ravageurs

En décembre 2020, onze nouveaux cas suspects avaient laissé planer la crainte de foyers, des sortes de « clusters » pour poursuivre la comparaison avec le Covid. Mais depuis, peu de nouvelles alertes : « Nous pensons que la diversité des cultures typique de Mayotte, empêche la maladie de s’étendre. »

C’est précisément pour que l’information circule au plus vite, notamment sur ce type d’exemple, que la mise en place du REM s’avère indispensable.

Consulter le Bulletin Ecophyto de mai 2021

Anne Perzo-Lafond

* DAAF : 0269 64 50 42

Anne Perzohttps://lejournaldemayotte.yt
Anne PERZO Le journal de Mayotte https://lejournaldemayotte.yt

Comments are closed.

RESTONS EN CONTACT

Inscrivez-vous à la lettre d'information du JDM afin de garder en oeil sur l'actualité mahoraise

L'actualité

AVIS DE CONSTITUTION AUTO SHOP 976

139522
  Par acte SSP du 14/09/2022, il a été constitué une SAS dénommée : AUTO SHOP 976 Siège social : 25 Rue Bahoni 97615 Pamandzi Capital :...
+26
°
C
+27°
+24°
Mamoudzou
Samedi, 04
Dimanche
+25° +24°
Lundi
+25° +24°
Mardi
+25° +24°
Mercredi
+25° +24°
Jeudi
+25° +24°
Vendredi
+25° +24°
Prévisions sur 7 jours
Campagne, politique, Mayotte

Tribune – De l’art du discours à la formule

139522
Qui pour relever les défis de nos grands orateurs du passé ? Peu de noms émergent de la tribune de Madi Abdou N'tro, voire aucun, sur les dernières campagnes, laissant sans doute "un sentiment d'imposture" chez les électeurs

Départementales Sada : remaniements en vue au conseil départemental

139522
L’issue du scrutin a parlé : c’est donc le binôme Soula Saïd Souffou/Mariam Saïd Kalame qui intègre les bancs de l’assemblée départementale. Ce qui implique des réélections au menu du conseil départemental les jours prochains. Avec l’éventualité d’une refonte complète des vice-présidences, comme nous l’expliquons

Départementales partielles : Soula S. Souffou et Mariame S. Kalame élus avec 52,26% des voix

139522
Ils étaient en tête au premier tour, et ont creusé l’écart à l’issue du second : le binôme surprise Souffou/Kalame qui n’était pas présent sous cette configuration en 2021, est le nouveau duo d’élus qui intègre le conseil départemental.
Comores, Azali Assoumani

Comores : un ténor de l’opposition appelle à une désescalade politique

139522
L’ancien gouverneur de la Grande-Comores, Mouigni Baraka Said, estime qu’il est temps de dialoguer avec le président Azali Assoumani dans l’intérêt du pays et de la population. L’homme politique se reconnait toujours dans l’opposition mais s’oppose toutefois à "ces querelles sans fin et sans véritable perspectives de sortie de crise". Une démarche mal digérée par les autres opposants qui refusent tout dialogue avec le président Azali Assoumani depuis son élection le 24 mars 2019.
Départementale, Sada, Mayotte

Départementales partielles à Sada : Saïd Souffou-Mariam Kalame en tête

139522
Le 1er tour de l'élection partielle des conseillers départementaux du canton de Sada se tenait ce dimanche 25 septembre. Le canton est toujours scruté de prés pour être l'un des épicentres politiques locaux. Les élections...