Au bout du tapis rouge de l’hôtel de ville, façon Cannes, le maire LR de Mamoudzou et sa jeune collègue Océane Plaideau, à la tête du conseil municipal des jeunes. Ils attendent de concert les ministres de l’Intérieur et des Outre-mer pour leur remettre le Plan partenarial d’actions, issu des Assises de la Sécurité et de la citoyenneté mises en place par le maire à peine élu : « Les solutions ne seront efficaces que si elles sont co-construites », soulignait le maire Ambdilwahedou Soumaila, impliquant l’ensemble des acteurs publics et privés, de ces Assises. Dans cet esprit, il est signataire d’un des pactes de sécurité avec la préfecture de Mayotte. Il est aussi celui qui avait incité les parents à accompagner leur jeune progéniture à l’école, histoire de responsabiliser ceux qui sont dépassés par l’autorité parentale. A ce titre, il recevait le satisfecit des deux ministres.
Les sujets qui concernent la commune de Mamoudzou, et les autres collectivités, sont nombreux, indiquait Sébastien Lecornu qui renvoyait au projet de loi Mayotte : « Des sommes importantes seront débloquées pour les logements très sociaux et répondre à la stratégie à mener en terme d’urbanisme. » Il faisait référence aux destructions d’habitats insalubres, passées et à venir, et au relogement nécessaire des personnes en situation régulière sur le territoire, les autres étant reconduites à la frontière. 2ème problématique, et de taille, le foncier : « Les moyens de la commission d’urgence foncière seront accru, et nous allons rendre les cadis plus opérationnels sur ce sujet ». Il rappelait l’augmentation de la Dotation Globale de Fonctionnement aux Outre-mer, principal soutien financier de l’État pour le fonctionnement des collectivités françaises, « en hausse de 40% pour Mamoudzou ». Rappelons qu’à Mayotte, la DGF par habitant atteint désormais près de 262 euros contre un ratio national de 165 euros.
Un état civil anti-fraude
Le grand changement dans le cadre de la lutte contre l’immigration clandestine c’est la mise en place d’un système unique d’information sur l’état civil : « Il va unifier l’état civil de l’ensemble du département, cela permettra de repérer les fraudes. »
La vidéo-surveillance chère au ministre Darmanin a déjà fait son entrée à Mamoudzou et sera renforcée : « Le maire a candidaté pour 122 caméras supplémentaires, subventionnées par l’Etat. » L’extension du commissariat demandé par le DTPN Laurent Simonin est à l’étude.
Le « monde économique », terme vaste qui regroupait le Medef et les instances représentatives des entreprises, partageait ensuite le repas ministériel au Moana. Ont été évoqués les problèmes liés à l’insécurité, les moyens de compensation lors de la crise sanitaire, « 200 millions d’euros débloqués pour Mayotte en PGE, fonds de solidarité, chômage partiel ou reports de cotisations », et la demande unanime d’un calendrier du cheminement de la loi Mayotte, pour une indispensable visibilité sur tous ces engagements. En contact permanent avec les autres territoires soumis à des flambées épidémiques, Sébastien Lecornu martelait « la vaccination, la vaccination, la vaccination », rappelant qu’une nouvelle vague de Covid n’était pas à exclure.
Les grands investissements de l’Etat touchent les infrastructures, « la piste longue, le port, etc. », le réseau routier ou la 3ème retenue collinaire n’étaient pas mentionnés. Quant au port, le problème de gouvernance critiqué à plusieurs reprises par le conseil départemental, reste une décision « entièrement dévolue à la collectivité », pour Sébastien Lecornu. La diminution des rotations des navires de la compagnie CMA-CGM était au programme, « des discussions sont en cours, et par que pour Mayotte. »
Les ministres rencontraient en après-midi les conseillers départementaux pour évoquer ces sujets de fond.
Anne Perzo-Lafond
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