26.9 C
Dzaoudzi
jeudi 3 octobre 2024
AccueiljusticeUn père veut se faire justice soi-même avec un pistolet à grenaille...

Un père veut se faire justice soi-même avec un pistolet à grenaille et prend huit mois avec sursis

Il est des affaires qui illustrent à merveille l’état d’esprit d’une communauté. À Mayotte, victime de trop nombreux faits de délinquance depuis plusieurs années, c’est l’angoisse qui domine, que ce soit chez les pompiers, les automobilistes, les élèves, ou leurs parents. C’était le cas pour A.A., qui comparaissait hier au tribunal judiciaire de Mamoudzou pour port prohibé d’arme, violence avec usage de cette arme, et menace de mort. Dans la moiteur poussiéreuse de Kawéni, le petit homme d’une cinquantaine d’années se présentait à la barre avec un sac à dos à l’épaule droite, son embonpoint caché sous sa chemise en jean bleue. Il ne paie pas de mine, pourrait-on se dire en le voyant.

Menaces de mort entre parents

Et pourtant, le 19 novembre 2019, l’enseignant apprend que l’un de ses dix enfants s’est fait frapper à Longoni. En revenant chez lui, il pose des questions à l’un des proches de l’agresseur, K.S., 16 ans au moment des faits, qu’il décrit comme « violent » et se baladant « toujours avec des machettes ». Si on ne sait lequel des deux hausse le ton, une chose est sûre : A.A. gifle la bouche du jeune homme, qui parvient à s’enfuir. Le lendemain, le père de famille se rend chez I.H., la mère de K.S., pour lui raconter ce qu’il s’est passé… Et la menacer.

Crosse beige, canon noir, c’est un pistolet à grenaille chargé qu’A.A. sort de sous son t-shirt. « Il m’a dit que si mes enfants ne se tenaient pas tranquilles, il les corrigerait à sa manière », déclare I.H. aux gendarmes. « Si ton fils frappe le mien, je le tue, et je te tue après ! », aurait-il ajouté, arme au poing. Menaces de mort réfutées par le prévenu, bavard et affalé à la barre, comme pour se rapprocher des juges. Cependant, quand l’une d’entre elles lui demande ce qu’il en pense, presque deux ans plus tard, seul un long silence pèse sur la salle d’audience. « Si vous vous baladiez avec un sac, ou un paquet de cigarettes, là d’accord, ajoute un assesseur. Mais pourquoi une arme ? » « Comme ça », rétorque le prévenu sans se démonter.

La salle d’audience du tribunal judiciaire

« Mayotte, ça n’est pas le Far West »

Entre-temps, ce 20 novembre 2019, K.S. rentre du stade de Longoni pour aller chez sa mère. Quand A.A. voit le jeune homme, il sort le pistolet de son sac. Le lycéen fuit et se réfugie sur un toit. A.A. tire à deux reprises, en l’air selon lui, en visant son fils selon I.H. « Il a fait le tour pour me coincer, déclare K.S. aux gendarmes. Mais j’ai réussi à sauter sur un autre toit et à me cacher dans un champ. » Quand la brigade de Koungou arrive sur place, une trentaine de personnes sont sur place. Rapidement, A.A. leur remet son arme. « On peut être victime et se retrouver prévenu quand on veut se faire justice soi-même. Mayotte, ça n’est pas le Far West ! », peste le procureur.

Des paroles raisonnables parfois bien difficiles à assimiler pour la population mahoraise, « excédée, vivant dans un climat de panique », comme le rappelle Me Ekeu, ajoutant que son client n’a jamais eu l’intention de tuer quelqu’un. Le casier vierge d’A.A. et sa bonne situation sociale convaincront le tribunal à le condamner à huit mois d’emprisonnement avec sursis, 1000 euros d’amende et 15 ans d’interdiction de détenir une arme.

Axel Nodinot

Comments are closed.

RESTONS EN CONTACT

Inscrivez-vous à la lettre d'information du JDM afin de garder en oeil sur l'actualité mahoraise

L'actualité

AVIS DE CONSTITUTION AUTO SHOP 976

139522
  Par acte SSP du 14/09/2022, il a été constitué une SAS dénommée : AUTO SHOP 976 Siège social : 25 Rue Bahoni 97615 Pamandzi Capital :...
+26
°
C
+27°
+24°
Mamoudzou
Samedi, 04
Dimanche
+25° +24°
Lundi
+25° +24°
Mardi
+25° +24°
Mercredi
+25° +24°
Jeudi
+25° +24°
Vendredi
+25° +24°
Prévisions sur 7 jours
Campagne, politique, Mayotte

Tribune – De l’art du discours à la formule

139522
Qui pour relever les défis de nos grands orateurs du passé ? Peu de noms émergent de la tribune de Madi Abdou N'tro, voire aucun, sur les dernières campagnes, laissant sans doute "un sentiment d'imposture" chez les électeurs

Départementales Sada : remaniements en vue au conseil départemental

139522
L’issue du scrutin a parlé : c’est donc le binôme Soula Saïd Souffou/Mariam Saïd Kalame qui intègre les bancs de l’assemblée départementale. Ce qui implique des réélections au menu du conseil départemental les jours prochains. Avec l’éventualité d’une refonte complète des vice-présidences, comme nous l’expliquons

Départementales partielles : Soula S. Souffou et Mariame S. Kalame élus avec 52,26% des voix

139522
Ils étaient en tête au premier tour, et ont creusé l’écart à l’issue du second : le binôme surprise Souffou/Kalame qui n’était pas présent sous cette configuration en 2021, est le nouveau duo d’élus qui intègre le conseil départemental.
Comores, Azali Assoumani

Comores : un ténor de l’opposition appelle à une désescalade politique

139522
L’ancien gouverneur de la Grande-Comores, Mouigni Baraka Said, estime qu’il est temps de dialoguer avec le président Azali Assoumani dans l’intérêt du pays et de la population. L’homme politique se reconnait toujours dans l’opposition mais s’oppose toutefois à "ces querelles sans fin et sans véritable perspectives de sortie de crise". Une démarche mal digérée par les autres opposants qui refusent tout dialogue avec le président Azali Assoumani depuis son élection le 24 mars 2019.
Départementale, Sada, Mayotte

Départementales partielles à Sada : Saïd Souffou-Mariam Kalame en tête

139522
Le 1er tour de l'élection partielle des conseillers départementaux du canton de Sada se tenait ce dimanche 25 septembre. Le canton est toujours scruté de prés pour être l'un des épicentres politiques locaux. Les élections...