En fin de matinée ce jeudi le lycée de Dzoumogne était l’objet d’un véritable assaut d’une vingtaine d’individus. La gendarmerie a aussitôt déployé un dispositif, mais sans parvenir à faire cesser les violences, le rectorat prenait alors la décision d’évacuer l’établissement, ainsi que le collège voisin. « Nous avons sécurisé le passage des bus, mais l’un d’entre eux a reçu un projectile », nous explique le commandant Rabault de la gendarmerie nationale.
Selon un témoin qui nous a transmis la photo d’un jeune victime de multiples blessures au visage, sa vitre étant ouverte, plusieurs habitants de Dzoumogne assistaient à la scène « comme s’il s’agissait d’un spectacle, certains rigolaient », ne permettant pas à la gendarmerie d’être totalement efficace dans leur maintien de l’ordre.
Le conducteur du bus, Kamal-Eddine Attoumani Ahmed, délégué CFDT chez Matis, revient sur ce nouvel épisode de violences : « Alors que je venais pour évacuer le lycée de Dzoumogne, le directeur de cabinet du recteur, dont je salue le courage, et le directeur adjoint de Matis, ont voulu monter à bord. Malgré la présence d’une quarantaine de gendarmes, nous avons pris plusieurs pierres à Dzoumogne, il était environ 17h. Et les gens autour étaient comme au spectacle. La plupart du temps, ce sont des rivalités qui naissent à l’intérieur de l’établissement et qui s’expriment à l’extérieur. Mais désormais, le problème dépasse le cadre du transport scolaire, car les caillassages touchent les particuliers aussi. »
Toucher les familles de caillasseurs au portefeuille
Un peu plus tard, un autre bus se faisait caillasser également, au niveau de Koungou La Poste, occasionnant là aussi des blessés parmi les élèves. Et en fin d’après-midi, un nouveau jet de pierres atteignait un bus au rond-point de Jumbo, des débris de verre jonchaient toujours la chaussée ce vendredi matin, comme le rapporte la gendarmerie dont la brigade est à deux pas : « Il s’agit d’élèves qui sont descendus du bus à Majikavo, qui se rendaient à pied à Kawéni et qui ont caillassé un bus qui se rendait dans le Nord ».
Pour le conducteur délégué syndical qui a signé il y a quelques jours un protocole validant des mesures sécuritaire de la préfecture et du conseil départemental « qui seront peu à peu mises en place », des décisions supplémentaires sont à prendre : “Je pense qu’il faut revoir le plan des transports qui fait se côtoyer des villages qui sont en rivalités, juste le temps que cela aille mieux. Mais aussi, nous avons des caméras embarquées qui ont couté très cher. Il faut que les élus de la mairie et du conseil départemental les visionnent, ils connaissent les jeunes et leurs familles. Ils pourront alors se retourner contre les parents au moment de payer les dégâts commis par leurs enfants. Une fois qu’on aura fait ça, ça va les calmer. »
Une démarche qu’il faut mener rapidement pour que finisse ce sentiment d’impunité chez les auteurs des faits.
Anne Perzo-Lafond
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