« Ce n’est qu’un mauvais souvenir », assure l’élu de Ouangani à propos des casseroles, aujourd’hui soldées, que la SPL 976 a trainées après sa création en 2013. Le rapport de la Chambre régionale des Comptes s’était montré incisif, évoquant des milliers d’euros dépensés sans produire aucune structure.
Les Sociétés Publiques Locales (SPL) réalisent des opérations d’aménagement ou de construction pour le compte des collectivités territoriales qui en sont actionnaires, et sans publicité ni mise en concurrence. Et cela, sous certaines conditions que doivent respecter lesdites collectivités.
En dépit des déboires et pour prouver l’efficacité de l’outil, en 2019, la conseillère départementale Insya Daoudou reprend la présidence de la SPL 976, et impulse une nouvelle dynamique en faisant sortir le « pôle d’excellence sportif » à Kavani en moins de 8 mois.
N’ayant pas été réélue, elle va passer ce vendredi le flambeau au conseiller de Ouangani, Attoumani Saindou, qui d’emblée lui décerne des lauriers : « Elle avait pour mission de solder la structure mais elle a travaillé avec l’ancien président Soibahadine pour que le conseil départemental transfère des opérations à la SPL ». Un accord cadre de 42,5 millions d’euros a été signé sur plusieurs opérations : l’îlot d’excellence sportif, pour 15 millions d’euros, la réhabilitation du stade de Pamandzi, 5 millions d’euros, les centres sociaux de Dzoumogne et de Koungou, pour 5 millions d’euros chacun, et les centres médico-sociaux des Chirongui et de Dzaoudzi Labattoir, pour respectivement 6 et 6,5 millions d’euros.
4 collectivités actionnaires, bientôt plus si affinité
L’élu en a d’autres sous le pied, « une maison intergénérationnelle à Kawéni, le plateau couvert de Mtsangamouji, et celui de Chiconi, projet plus connu sous le nom de ‘Golden godra’, et dont les travaux devraient démarrer en mars 2022. Nous sommes en phase d’études d’avant-projet définitif ». Déterminé à ce que « les projets voient le jour », l’élu se prévaut de sa formation de BTS d’études économiques et de la construction doublé d’une licence des métiers techniques des collectivités territoriales, pour les mener à bout, « j’ai travaillé 12 ans au service technique de la mairie de Ouangani, où j’ai fini DGS sous le précédent maire. J’ai de l’ambition pour que ça bouge ».
Comme dit plus haut, une SPL ne reçoit pas de subvention, elle fonctionne par rapport aux opérations transférées par les actionnaires. « Par exemple, sur un projet à 15 millions d’euros, nous prenons 8% d’honoraires. » Mais il y a des frais fixes, puisque 7 personnes y sont actuellement salariées, « sur des postes de chargé d’opération, d’ingénieurs, de financiers ou d’administratifs. »
Il faut donc étoffer le nombre d’actionnaires. Echaudées par son passé, pour l’instant, peu de collectivités ont intégré la structure, « il faut restaurer la confiance ». Au côté du conseil départemental, actionnaire majoritaire à 75%, on trouve Chirongui, Boueni et Bandrélé. « Une ouverture d’actionnariat a été initiée par l’ancienne équipe, la commune de Mtsamboro vient de délibérer pour intégrer la SPL. Et je peux vous dire qu’en tant qu’élu de Ouangani, je vais tout faire pour faire aussi venir l’interco centre ouest, la 3CO. »
« J’ai les yeux rivés sur la SPL ! »
Un des administrateurs de la SPL est le 1er vice-président du Département, Salime Mdéré. Un atout pour son collègue de la majorité, « puisque c’est le conseil départemental qui assure un contrôle analogue », c’est à dire comme il le pratique sur ses services internes.
Si elle ne peut pas construire pour des privés, la SPL peut investir dans l’amélioration de l’habitat des particulier à hauteur de 20.000 euros au titre de l’action sociale
Du 12 au 14 octobre 2021, se tient le congrès des Entreprises Publiques Locales (EPL) au Parc des Expositions à Toulouse, « je m’y rendrai pour créer du réseau et cerner les problématiques. Je serai d’ailleurs prochainement nommé 1er vice-président de la Fédération des EPL de la région océan Indien à La Réunion ».
L’élu de Ouangani est regardé de prés, « le président du Département m’a clairement dit, ‘j’ai les yeux rivés sur la SPL !’ », qui ne souhaite sans doute pas vivre les mêmes ennuis judiciaires que l’un de ses prédécesseurs.
Il le répète à plusieurs reprises, « je travaille en toute transparence, je n’ai pas le droit de rater mon coup, on a tant besoin de développer cette île, et particulièrement, les infrastructures sportives dans la perspectives de l’organisation des Jeux des Iles en 2027. »
Anne Perzo-Lafond
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