27.9 C
Dzaoudzi
jeudi 21 novembre 2024
AccueilEconomieConstructions scolaires : 1,5 million d’euros en compétences pour les communes

Constructions scolaires : 1,5 million d’euros en compétences pour les communes

Chaque année, 3.000 enfants supplémentaires frappent à la porte des écoles. Des mêmes écoles quasiment puisqu’en 4 ans, seulement un quart des classes programmées ont été construites. Pour ne pas recentraliser la compétence dans les mains de l’Etat, des ingénieurs seront mis à disposition des communes pour lancer les marchés.

« Comme nous avions du mal à construire des écoles à Pamandzi, j’avais proposé qu’on recrute un ingénieur, mais ça coûte cher, toutes les communes ne peuvent pas se le permettre ! » C’est Madi Madi Souf, le président de l’Association des Maires de Mayotte (AMM) qui parle ainsi, face à l’enjeu d’affluence scolaire chaque année que ne peuvent relever les communes.

Un constat qu’avait fait le recteur en arrivant sur l’île, « nous avons chaque année plus de 3.000 élèves en plus des effectifs habituels dans le premier degré », c’est à dire 100 classes à sortir de terre. Gilles Halbout dont la ligne directrice reste une montée en compétence du territoire sans reprise en main par l’Etat, en tire une conclusion : il faut mettre le paquet sur l’ingénierie, sur les compétences, pour entreprendre. Comme le dira le préfet Thierry Suquet en saluant « l’excellent travail » mené et validé par son prédécesseur, « ce n’est pas qu’on manque d’ingénierie en règle générale à Mayotte, on en manque sur la problématique de masse à laquelle on est confronté. » En référence à l’afflux d’enfants, « c’est impossible de continuer à découvrir à deux mois de la rentrée, qu’on a de nombreux élèves supplémentaires et qu’il faut construire des écoles. » Même si l’INSEE livre des données démographiques, c’est sans compter les arrivées en cours d’années et les difficultés rencontrées par les communes pour sortir des écoles à ce rythme. Un défi inégalé en France.

Le recteur monte donc un projet qui intègre notamment l’Agence Française de Développement (AFD). Elle va financer de l’ingénierie à hauteur de 1,5 million d’euros à travers une convention quadripartite, avec le rectorat, la préfecture, et l’AMM. « 1,5 million d’euros, c’est à la fois beaucoup et peu, on ne pourra pas renforcer toutes les communes », met en garde Gilles Halbout. Qui était largement remercié par Madi Souf, « un homme de terrain, à l’écoute, c’est une grande chance pour Mayotte de vous avoir monsieur Gilles. »

“C’est à la porte du rectorat que viennent frapper les familles à la rentrée”

Un tremplin à saisir pour les communes

“Monsieur Gilles” le souligne, “Ce n’est pas une question de moyens, l’Etat met des dizaines de millions d’euros chaque année sur la table”. Et souligne que sur les 50 millions d’euros programmés annuellement sur les constructions scolaires des premier et second degrés, tout n’est pas consommé. Le SGAR Jean-Marie Renaud signalait lors de cette signature que 30 millions d’euros étaient réellement dépensés. Mais le second degré porte davantage de réalisations. Retenons  donc ce que rapportait la secrétaire d’Etat à l’éducation prioritaire, reprenant les chiffres du recteur de Mayotte, « sur la période 2014-2018, le taux de réalisation des constructions de salles de classe est de 23 % ».

Pour relever le défi de la scolarisation de tous les enfants, meilleure des luttes contre l’exclusion et la délinquance, et  améliorer le système éducatif du 1er degré, le secrétaire départemental du FSU-SNUipp Rivomalala Rakotondravelo, demande constamment une reprise en main des constructions par l’Etat. Il s’agit d’un mix ici, où les communes gardent la main sur la décision de construction, avec un appui supérieur à ce que fournissait la DEAL (Equipement). L’AFD va donc prendre en charge la mise à disposition d’ingénieurs, ils seront entre 5 à 7, à intégrer momentanément les mairies demandeuses, et faire le pont avec la DEAL pour lancer des constructions.

Gilles Halbout décrit la situation : « Actuellement, si certaines communes sont charpentées et ont de bonnes relations avec la DEAL, toutes ne sont pas en capacité de décider quel type de marché elles veulent engager. Cette convention va permettre de mettre en place des hommes et des femmes qui vont identifier les besoins et décider qui peut les mettre en place. » Il voit à travers cette convention 5 avancées : « C’est un renfort des moyens de l’Etat qui sont déjà considérables dans les constructions scolaires, c’est une transformation des communes qui va leur permettre d’accroitre leurs compétences, avec des moyens sécurisés, uniquement dédiés au renforcement des programmes de construction, avec des résultats que l’on veut rapides et tout en faisant en sorte, enfin, que chacun conserve ses responsabilités. Les communes sur la maitrise d’ouvrage, l’Etat financeur et coordonnateur et le rectorat qui formule les besoins, “parce que c’est à notre porte que viennent frapper les familles à la rentrée scolaire. On ne se laissera plus dépasser par les évènements », se promet le recteur.

« Des écoles de taille raisonnable »

jean-Michel Blanquer, Mayotte, Kamardine
Le rythme des constructions scolaires devrait s’accélérer ces prochaines années

Ce million cinq d’expertise se fait à titre « expérimental », souligne Charles Trottmann, directeur du département des Trois Océans de l’Agence française de développement (AFD), présent à Mayotte. C’est donc une première qui prend appui sur les fonds de financement du ministère des outre-mer, en ce sens qu’il s’agit « de mettre une expertise à disposition des communes avec un effet transformateur pour qu’elles puissent ensuite pérenniser ces investissements. C’est une sorte de compagnonnage. »

Si les constructions scolaires sont pour l’instant les seules visées, « débouchant sur des écoles de taille raisonnables et qui réduisent les déplacements pour les enfants », note Thierry Suquet, le représentant de l’Etat voit plus loin, « ce dispositif doit pouvoir être duplicable dans d’autres secteurs. Lors de sa venue, le ministre Sébastien Lecornu a indiqué réfléchir à un établissement public qui permettrait de déclencher des constructions pour ensuite, repasser la main aux communes, toujours sous réserve qu’il y ait une volonté politique du maire derrière. »

Pour conclure sur le rôle de chaque acteur, la DEAL va piloter la mise en œuvre de la convention avec les mairies appuyées par cet apport d’ingénierie, en déclinant les projet inscrits au Plan pluriannuel de constructions scolaires, dont le foncier a été validé en amont par l’Etablissement public foncier (EPFAM).

Une convention qui n’était « pas naturelle », tel que le confie le préfet, mais qui illustre la politique à mener à Mayotte : ne pas craindre d’innover.

Anne Perzo-Lafond

Anne Perzohttps://lejournaldemayotte.yt
Anne PERZO Le journal de Mayotte https://lejournaldemayotte.yt

Comments are closed.

RESTONS EN CONTACT

Inscrivez-vous à la lettre d'information du JDM afin de garder en oeil sur l'actualité mahoraise

L'actualité

AVIS DE CONSTITUTION AUTO SHOP 976

139522
  Par acte SSP du 14/09/2022, il a été constitué une SAS dénommée : AUTO SHOP 976 Siège social : 25 Rue Bahoni 97615 Pamandzi Capital :...
+26
°
C
+27°
+24°
Mamoudzou
Samedi, 04
Dimanche
+25° +24°
Lundi
+25° +24°
Mardi
+25° +24°
Mercredi
+25° +24°
Jeudi
+25° +24°
Vendredi
+25° +24°
Prévisions sur 7 jours
Campagne, politique, Mayotte

Tribune – De l’art du discours à la formule

139522
Qui pour relever les défis de nos grands orateurs du passé ? Peu de noms émergent de la tribune de Madi Abdou N'tro, voire aucun, sur les dernières campagnes, laissant sans doute "un sentiment d'imposture" chez les électeurs

Départementales Sada : remaniements en vue au conseil départemental

139522
L’issue du scrutin a parlé : c’est donc le binôme Soula Saïd Souffou/Mariam Saïd Kalame qui intègre les bancs de l’assemblée départementale. Ce qui implique des réélections au menu du conseil départemental les jours prochains. Avec l’éventualité d’une refonte complète des vice-présidences, comme nous l’expliquons

Départementales partielles : Soula S. Souffou et Mariame S. Kalame élus avec 52,26% des voix

139522
Ils étaient en tête au premier tour, et ont creusé l’écart à l’issue du second : le binôme surprise Souffou/Kalame qui n’était pas présent sous cette configuration en 2021, est le nouveau duo d’élus qui intègre le conseil départemental.
Comores, Azali Assoumani

Comores : un ténor de l’opposition appelle à une désescalade politique

139522
L’ancien gouverneur de la Grande-Comores, Mouigni Baraka Said, estime qu’il est temps de dialoguer avec le président Azali Assoumani dans l’intérêt du pays et de la population. L’homme politique se reconnait toujours dans l’opposition mais s’oppose toutefois à "ces querelles sans fin et sans véritable perspectives de sortie de crise". Une démarche mal digérée par les autres opposants qui refusent tout dialogue avec le président Azali Assoumani depuis son élection le 24 mars 2019.
Départementale, Sada, Mayotte

Départementales partielles à Sada : Saïd Souffou-Mariam Kalame en tête

139522
Le 1er tour de l'élection partielle des conseillers départementaux du canton de Sada se tenait ce dimanche 25 septembre. Le canton est toujours scruté de prés pour être l'un des épicentres politiques locaux. Les élections...