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vendredi 29 mars 2024
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Hommage à Samuel Paty, “l’école” et “l’échange” comme “antidotes” face à la barbarie

Tous n'ont pas entendu parler de Samuel Paty, mais les drames liés aux violences et à la haine, les élèves mahorais connaissent bien. L'hommage à l'enseignant décapité il y a tout juste un an avait donc un sens tout particulier sur notre île où la question des séparatismes est moins religieuse que communautaire, que ce soit entre villages ou entre îles.

Lycée Bamana, vendredi matin. Une cinquantaine d’élèves de tous niveaux participent aux ateliers de l’école ouverte pendant les vacances. Un public restreint donc pour l’hommage national à Samuel Paty, “assassiné aux abords de son collège, victime du terrorisme islamiste le 16 octobre 2020” rappelle le recteur pour qui “ce sont nos principes, nos valeurs qui ont été attaquées à travers cet assassinat”.

“L’école, rappelle Gilles Halbout, a en effet pour mission de former des individus libres, égaux et fraternels. Le terrorisme et son terreau en sont l’exact inverse. C’est la raison pour laquelle l’école est le premier antidote face à ce fléau contemporain car elle permet de forger l’esprit critique de tous les élèves. Nous sommes réunis aujourd’hui avec le préfet, le maire, les professeurs et les élèves pour lui rendre hommage. Comme tous les professeurs il favorisait la prise de conscience de l’esprit critique, l’importance de la démarche scientifique, fondée sur les faits et leur observation, la façon dont la confrontation des faits, de leur représentation et des idées permet de se forger un avis éclairé sur les sujets les plus sensibles”.

Le préfet a brièvement échangé avec les élèves de l’école ouverte

Exercice délicat que celui de cet hommage qui sera décliné de nouveau à la rentrée pour toucher un maximum d’élèves. Car parmi ces dernier, le funeste sort de Samuel Paty paraît bien lointain, et certains n’en avaient même jamais entendu parler avant cette journée d’hommage. Rien d’étonnant à cela selon le corps enseignant qui nous rappelle en substance que ces élèves sont au quotidien confrontés à la peur des violences, et n’ont que trop peu à faire le deuil de camarades, tués par arme blanche dans les violences de bandes. Un contexte qui impose à la jeunesse mahoraises d’autres préoccupations que leurs homologues de métropole. Et ici, le rectorat l’a bien compris.

“Ici à Mayotte ce n’est pas tant le séparatisme religieux, mais on travaille sur les rivalités intervillageoises avec peut être derrière des relents de rivalités communautaires de telle ou telle île. Cette vigilance sur le séparatisme ne se lit pas de la même manière à Mayotte et dans certains quartiers en métropole mais il faut rappeler que la République est laïque, indivisible et sociale, on oublie parfois le social mais c’est très important” poursuit le recteur. “Tout ce qui concerne les violences résonne particulièrement à Mayotte. On est en soutien de nos enseignants sur ce point mais aussi en prévention”.

D’une manière générale, l’affaire Samuel Paty “nous rappelle le rôle et la place du professeur auprès de ses élèves mais aussi de la société française. Il incarne l’institution scolaire et son autorité doit être pleinement respectée” rappelle le chef de l’académie de Mayotte.

Aujourd’hui “chacun sait à qui s’adresser”

Le recteur aux côtés du maire de Mamoudzou et du préfet pour rappeler que la République est indivisible

Pour éviter d’autres drames, comme l’assassinat de Samuel Paty ou les meurtres récemment commis à Mayotte, “il faut qu’à chaque maillon chacun soit concerné” plaide le recteur. “Et c’est ça qui manque dans l’Education nationale, concède-t-il, tout en défendant que “ce qui pêche ce n’est pas le manque de volonté de l’institution”. Lors de l’assassinat de Samuel Paty, d’abord entendu par la police et sa hiérarchie avant de recevoir le soutien sans faille que lui accorde l’Etat depuis son assassinat, “c’est peut être ce qui a manqué, une capacité à être très réactif dès que quelqu’un a des difficultés. Ce collègue on ne peut pas dire qu’on l’a laissé sans réagir, mais à certaines chaînes de la réaction il y a peut être eu des personnels qui n’étaient pas en capacité d’appréhender ça avec des bons outils, donc il faut qu’on forme” poursuit Gilles Halbout. Aujourd’hui, il l’assure, “chacun sait à qui s’adresser en cas de difficulté”.

A cette fin à Mayotte, une trentaine de référents « valeurs de la république » ont été spécialement formés pour partager à leur tour cette formation avec “l’ensemble des enseignants”. Un groupe de travail a également émis des recommandations en interne, qui changent la donne dans l’approche du religieux à l’école à Mayotte.

Ainsi, quelques années en arrière, les enseignants étaient invités à remonter à leur chef d’établissement les cas d’élèves dont le kishali recouvrait les oreilles, signe possible de radicalisation selon l’institution de l’époque. Depuis la ligne a bien changé, et visiblement les cadres de l’Education nationale ont beaucoup appris.

Un message qui résume tout sur ce mur du lycée Bamana

Face à cette problématique [du voile NDLR] qui crispe le débat public en métropole mais qui est bien loin des préoccupations ici, “la réponse du groupe de travail, c’est de ne pas normer les choses, il y a des règles mais la meilleure manière d’aborder ce problème comme tous les problèmes, c’est d’en parler, et que ces discussions puissent avoir lieu dans les classes” explique Gilles Halbout. Pour lui, il reste important de “pouvoir montrer des textes d’autres religions, des caricatures etc.”, et ce, au nom notamment de la laïcité, dont il rappelle le principe “non restrictif”.

“La loi de 1905, c’est d’assurer le libre exercice des cultes, et de garantir la liberté de conscience. C’est un message à la fois ferme et ouvert. Assurer et garantir, ce n’est pas restreindre. Ce ne sont pas des garanties qui s’opposent. On doit pouvoir exercer ses religions mais aussi s’exprimer librement. Aussi une chose sur laquelle on doit travailler avec les élèves, c’est de faire en sorte qu’ils s’expriment par eux mêmes. (…) Le meilleur antidote c’est qu’on en discute et que tout le monde puisse s’exprimer. A partir du moment où chacun s’exprime, dans un débat d’idées et avec des arguments fondés sur des faits, c’est pour nous le bon angle d’approche” conclut-il.

Y.D.

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