Les coupures électriques à répétition ne devraient plus être qu’un mauvais souvenir pour les Sadois. Une ligne haute tension 90.000V arrive tout droit de Longoni pour leur garantir un approvisionnement de qualité. « Il s’est passé 3 ans entre l’idée et sa réalisation », souligne Claude Hartmann, Directeur général d’EDM, pas mécontent que le projet soit bouclé « dans les temps », « nous avions annoncé novembre, on y est presque ». Suffisamment rare pour être souligné, et ce qui donne une idée du delta que prennent les entreprises en terme d’aléas à Mayotte. Car la crise Covid a bien sûr perturbé les approvisionnement, ainsi que le fonctionnement des entreprises du territoire, « environ 50% de la main d’œuvre est locale, comme le béton, la ferronnerie, les entreprises de reboisement, etc. »
Autant dire que sur les 30 millions d’euros d’investissement de l’ouvrage, une bonne partie est retombée en pluie fine sur le territoire, « environ la moitié », assure Claude Hartmann.
Seuls les matériaux pour les pylônes et les lignes ont été importés de différents pays européens. L’installation a une durée de vie technique estimée à 40 ans. La première ligne Haute Tension Kawéni-Longoni a été mise en service en 2014.
Ce mardi, la ligne était inaugurée, pour une amélioration considérable de la qualité de l’électricité fournie. Claude Hartmann reprend la comparaison de l’autoroute que symbolisent ces lignes aériennes HT, et des nationales voire départementales que sont les câbles qui desservent ensuite les villages : « Avant, les petites lignes qui s’apparentent à des routes départementales, faisaient plusieurs détours avant d’arriver à Sada où nous étions en bout de course, en dessous les 20.000 volts requis. Désormais, notre autoroute qui trace des lignes droites va délivrer une électricité de meilleure qualité et d’un meilleur voltage, comme si on était à côté de la centrale de Longoni. » Fini donc les délestages, « en dehors des coupures accidentelles par des engins de chantier du BTP ! »
Haute tension en Petite Terre
A proximité de Tahiti plage, un poste source habillé d’une fresque ramène la tension de 90.000 aux 20.000 V qui vont être redistribués vers les habitations. « Nous en avons profité pour enfouir les lignes secondaires en souterrains ». Pour l’instant, seules Sada et Chirongui sont reprises sur le poste source, l’ensemble des raccordements va s’effectuer peu à peu.
Et EDM s’est projeté sur « d’éventuelles » installations conséquentes dans la zone, assez certaines même, « nous allons avoir 6 lignes secondaires pour relier l’Est et le Sud, mais il y a de la place pour douze, s’il s’avérait qu’on construise dans le secteur un nouvel hôpital, une usine de dessalement ou une centrale photovoltaïque… »
Un travail qui a été mené conjointement avec les collectivités, dont le conseil départemental, « et l’ensemble des pouvoirs publics ». A côté de ce poste source, une agence devrait ouvrir dans les années à venir, « une succursale technique de EDM, qui permettra aux techniciens d’avoir tout à proximité sans avoir à monter jusqu’à Kawéni ».
Et en matière de sécurisation de l’approvisionnement énergétique de l’île, EDM ne va pas en rester là, et le regard du directeur général se tourne maintenant vers Petite Terre, « nous avons le projet de relier ses habitants qui sont raccordés aux Badamiers, avec une ligne 90.000 volts depuis Longoni ». Un impératif selon lui, « la croissance électrique s’accroit de 3 à 4% par an, il faut anticiper ».
Anticiper… Un verbe qui ne demande qu’à se décliner en production d’eau et de routes.
Anne Perzo-Lafond
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