Les “comptes économiques de Mayotte” peuvent être une mine d’or pour qui sait les lire. Une fois n’est pas coutume, ce n’est pas une analyse prémâchée d’une thématique en particulier que l’Insee nous livre cette fois, mais une multitude de données brutes qui couvrent différentes approches du monde économique de l’île. L’idée est pour l’Insee de fournir une “vision macro économique complète” du territoire.
Ourida Cherchem, responsable des statistiques économiques à l’Insee Océan Indien indique que la publication comporte deux types de tableaux, “un « grand public » avec les grands indicateurs qui parlent à tout le monde comme le PIB, la consommation, les revenus des ménages et un deuxième type de tableaux qui sont les tableaux classiques de la comptabilité nationale qui présentent par exemple les comptes économiques intégrés, par secteur institutionnel, ça présente l’ensemble des opérations de la production à la valeur ajoutée jusqu’à l’investissement de chacun des acteurs économiques”.
A travers ce “prisme de l’économie”, “on regarde qui crée de la richesse et quel est le comportement de ces acteurs, quelle production, comment la richesse est redistribuée etc. Ces tableaux sont plus à destination d’un public externe, on l’imagine pour un public d’experts ou de chercheurs. Ca peut être utile aux politiques car on propose une ventilation par branche de l’économie, on voit les secteurs très développés à Mayotte et ceux qui ont une progression moins importante” poursuit la statisticienne.
Dans les grandes lignes, ces données montrent ce que l’Insee a déjà constaté par le passé. Notamment la large prédominance du secteur public sur l’économie mahoraise par rapport au privé, une industrie “portée par seulement quelques entreprises” ainsi qu’une agriculture “pas négligeable mais moins industrialisée, moins outillée” qu’ailleurs.
Fait intéressant, ces données sont issues de différentes sources, comme les entreprises, des enquêtes auprès des ménages ou les données internes à la CSSM ou au Trésor Public. Ce qui permet à ces tableaux de fournir une vision assez exhaustive qui inclut l’économie informelle.
Les statistiques économiques de Mayotte souffrent encore néanmoins d’un manque d’outils pour être actualisées avec la même réactivité que le reste du pays. Ainsi si les autres départements français voient leur PIB publié chaque année à N-1, Mayotte garde un an de retard. Nous n’auront donc au quatrième trimestre 2022 que le PIB de 2020. Dont on peut déjà postuler qu’il sera, en raison de la crise sanitaire qui débutait alors, peu révélateur de la réalité économique de l’île. Les dernières données montrent un PIB jugé “dynamique” du fait de la forte démographie, mais qui plafonne à 27% seulement du PIB national.
La prochaine étape sera le recensement annuel, dont le coup d’envoi sera donné cette semaine.
Y.D.
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