Mettre un pied dans la Vigie. Il fait partie des quartiers délaissés pour lesquels le terme de « zone de non droit » peut vite s’installer si rien n’est fait. « Actuellement, dans ce quartier, il n’y a pas de collecte des déchets, l’accès aux secours y est impossible, les voies d’accès et venelles existantes sont difficilement praticables en saison sèche et dangereuses en saison des pluies, les équipements publics sont absents et il n’y a que très peu de commerces de proximités ». Ce constat critique, ce n’est pas un collectif d’habitants qui le fait, mais la Communauté de Communes de Petite Terre (CCPT). Un tableau critique d’un quartier à la fois sis sur Dzaoudzi à la fois sur Pamandzi, avec une mésentente entre les deux maires.
Il doit être entièrement rénové. Un projet est prévu pour agir sur 160 ha de la colline de la Vigie. La première opération a démarré la semaine dernière, il porte sur la réalisation d’une première route d’accès. D’un montant de 10 millions d’euros, elle est financée par l’ANRU (Rénovation urbaine) à 70%, par le Conseil départemental à 15% et la CCPT, 15%.
De 1,5km de long, elle va relier la rue Abasse à la rue Abdourahmane Soubra en passant par les hauts du quartier, et formera une boucle. Mais pour la réaliser, il va falloir passer sur des terrains privés. Pour libérer le foncier nécessaire, Saïd Omar Oili, président de la CCPT, privilégie le contact direct avec les propriétaires. Il s’était rendu sur place mercredi dernier, au moment de l’opération de piquetage, la pose d’un repérage visuel qui délimite les contours de la nouvelle route. « Notre objectif est de réaliser une route suffisamment large pour que les véhicules de secours et ceux des forces de l’ordre puissent pénétrer dans La Vigie, ce qui n’était pas le cas. Elle a donc une certaine emprise au sol, 6m de large sur 1,5km de long, ce qui nécessite d’empiéter sur plusieurs terrains privés », nous explique-t-il.
« Le terrain va plus vite que la route ! »
Et pour cela, il a décidé de contacter un à un les propriétaires. « Nous avons 79 protocoles à signer, 40 l’ont déjà été. Ils nous ont vendu le terrain nécessaire pour un euro symbolique. Nous poursuivons la discussion avec les autres. Le foncier qui appartenait au conseil départemental nous a été cédé gratuitement. Tout le monde comprend que c’est pour un meilleur service ». Certains abandonnent 2m de terrain, d’autres 3 sur le tracé de la route, en décalant leurs clôtures.
Si le président s’est rendu sur place, c’est pour s’investir personnellement et faire passer le message : « Je veux démontrer qu’en allant au contact des habitants, on n’a pas besoin des gendarmes, du préfet ou de la loi Elan. » Et là où la discussion s’annonce difficile, il compte sur le bon sens des habitants dans leur ensemble, « une pression populaire va forcément s’exercer sur eux, on ne peut pas bloquer l’arrivée d’une route qui va desservir tout le quartier ».
Là où l’affaire se complique, c’est que, pour reprendre l’expression du Chef de service de Saïd Omar Oili, « le terrain va plus vite que la route ! » En d’autres termes, depuis le repérage par les bureaux d’étude, des cases en tôles se sont installées sur les terrains de particuliers. Thomas Caselli veut conserver la même démarche : « Il y a seulement trois cases. Pour éviter d’avoir recours immédiatement aux services de la préfecture dans le cadre de la loi Elan, nous allons tenter de discuter au cas par cas, pour voir par exemple si elles ne peuvent pas être juste déplacées. Mais les propriétaires des terrains ne semblent pas d’accord. Il faut voir quelles solutions peuvent être trouvées, car nous voulons améliorer la situation et pas provoquer un désordre urbain. »
Il faut en tout cas éviter que davantage de cases s’installent d’ici le démarrage des travaux. La police municipale à un rôle à jouer, mais ce n’est pas simple sur un quartier à cheval sur les deux municipalités Dzaoudzi-Labattoir et Pamandzi, et dont on sait que cette dernière et l’intercommunalité ne sont pas toujours en phase, pour parler pudiquement.
Une fois cette réalisation achevée, les étapes suivantes portent sur la création d’écoles, de zone d’habitats, de commerces, de services et d’espace d’appropriation collective dans ce quartier de La Vigie.
Anne Perzo-Lafond
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