Les Mahorais fuient-ils leur île comme on l’entend parfois ? Pas vers La Réunion en tout cas. Selon une enquête de l’Insee qui vient d’être publiée, seuls 550 habitants de Mayotte partent chaque année de l’île aux parfums pour se rendre à La Réunion. Et le solde migratoire est neutre puisque selon l’enquête, autant de personnes quittent La Réunion pour Mayotte.
L’enquête ne se penche pas en profondeur sur les questions d’attractivité ou d’emploi qui motivent ces arrivées et ces départs, somme toute limités, mais elle apporte un premier élément : la plupart de ces déménagements entre les deux îles sont le fait de mineurs ou d’étudiants.
“Les arrivées depuis Mayotte comme les départs vers l’île aux parfums sont faibles. Chaque année, entre 2015 et 2019, 550 résidents de Mayotte s’installent à La Réunion ; autant de personnes font le chemin inverse” écrit en effet le résumé de l’enquête envoyé par l’Insee. L’institut souligne d’ailleurs que tous ces arrivants ne sont pas natifs de Mayotte.
“La moitié des arrivants sont nés à Mayotte, l’autre moitié en métropole (24 %), à La Réunion (17 %) ou à l’étranger (13 %). Ce sont principalement des personnes jeunes qui quittent Mayotte pour La Réunion : la moitié ont moins de 18 ans. Ceux qui sont majeurs sont souvent diplômés et viennent vraisemblablement poursuivre leurs études supérieures, occuper un emploi qu’ils ont trouvé ou en rechercher un”.
A l’inverse donc, les retours de Mahorais et les départs de Réunionnais à Mayotte pour le travail équilibrent donc ces arrivées à La Réunion. Et si les migrations semblent anecdotiques entre Mayotte et La Réunion, c’est qu’elles représentent trois fois moins de personnes que les migrations avec les pays étrangers de la zone vers La Réunion.
“Dans le même temps, 1 500 personnes arrivent chaque année à La Réunion depuis l’étranger. Six sur dix sont natifs de l’étranger : 400 de Madagascar, contre seulement quelques dizaines en provenance de Maurice comme des Comores. La moitié de ces nouveaux arrivants ont entre 18 et 34 ans. Après quelques mois à La Réunion, seuls un quart d’entre eux ont un emploi et autant se déclarent au chômage”.
Alors que les Réunionnais sont, selon la même étude, peu enclins à quitter durablement leur île, il apparaît que les Mahorais trouvent également davantage chez leur voisin une terre d’études et de formation, avec peu d’installations durables, avant de rentrer à Mayotte. De quoi battre en brèche certaines idées reçues agitées chez nos voisins et qui alimentent parfois la défiance envers les Mahorais de l’île Bourdon.
Y.D.
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