Hamid Hassnaoui, président de l’ANARE, est en visite à Mayotte, pour la seconde fois depuis 2017. Sa première visite a précédé la création d’un réseau local de réussite éducative, le huitième en France.
“L’association a été créée en 2008, elle est représentée par 28 administrateurs bénévoles, dont 3 issus de Mayotte. L’association œuvre avec les pouvoirs publics pour promouvoir des démarches innovantes en matière de réussite éducative. Nous sommes là en mission d’écoute, et d’échanges pour aider à développer un réseau de réussite éducative à Mayotte”, rapporte son président. Depuis la création de ce réseau, “les acteurs de Mayotte font un travail très intéressant malgré les difficultés structurelles qu’on connaît sur l’île, manque de moyens humains, manque de moyens financiers, des milliers d’enfants sur l’île comptent sur eux”.
Plusieurs enjeux sont à l’œuvre dans cette visite. D’abord, des échanges d’expérience.
“Les animateurs et coordinateurs des PRE en métropole s’inspirent des méthodes de travail. Il est toujours intéressant de comparer ce qui se fait en outre mer et en métropole”. Notamment, des pratiques spécifiques à Mayotte, où les professionnels font face à un droit commun parfois inadapté.
“A Mayotte nous avons des coordinateurs qui sont au contact des familles au quotidien, ce qui ne se fait pas ailleurs, à Mayotte il y a souvent le droit commun qui n’est pas présent. Face à un enfant abandonné ou victime de violences, le droit commun doit prendre le dessus, mais ça peut prendre du temps. Ce temps le coordinateur ne l’a pas, donc il y va, s’il faut accompagner, faire des démarches, il les fait. C’est quelque chose de très important, ce sont de véritables couteaux suisses qui font un peu tout. Mais ça a ses limites car le droit commun doit faire son travail sur l’île”.
Du coup, plaide le responsable, il importe d’adapter à Mayotte les règles pour permettre aux acteurs de mener leurs missions au mieux.
“Il doit y avoir une prise en compte des particularités des territoires, notre rôle est de remonter aux pouvoirs publics cette réalité-là. Depuis 2017 on a pu voir qu’il reste beaucoup de choses à développer, notamment œuvrer pour que les pouvoirs publics inscrivent définitivement ces programmes de réussite éducatives comme politiques éducatives territoriales à part entière, et non plus un simple dispositif exceptionnel inscrit dans la politique de la ville depuis 16 ans ! Au bout de 15 ans, ce n’est plus de l’exceptionnel. On ne peut pas badiner avec les besoins éducatifs des enfants et encore plus dans ce territoire mahorais.”
Et les besoins sont colossaux.
“Le GIP maoré a transmis un certain nombre de données inquiétantes, sur le taux de couverture d’enfants pris en charge, sur le volume des subventions de l’Etat aux PRE de Mayotte comparé aux PRE de même taille au niveau national, sur la diversité des problématiques rencontrées sur le territoire. On est assez inquiets de ce qu’on a entendu, des échanges qu’on a eus avec les acteurs sur le terrain. On a besoin d’une véritable alliance éducative de tous les acteurs”.
Afin de faire face aux besoins, et c’est un enjeu que l’association partage avec de nombreuses structures, il s’agit en premier lieu de lutter contre le turnover.
“A Mayotte on note depuis 2017 un turnover important chez les coordinateurs et les animateurs de parcours, quand vous pérennisez les équipes, vous pérennisez l’action. A Mamoudzou on est contents de travailler avec la caisse des écoles. Le but est de voir comment généraliser cette expérience pour sortir des dispositifs d’exception”.
Et la machine semble en marche. La Ville de Bandrélé indique avoir elle aussi reçu la délégation dans le cadre de la rencontre départementale des acteurs de la Réussite Educative de Mayotte, ce lundi 16 mai, à 14h. Il s’agissait de mettre en œuvre de manière effective le dispositif de PRE dans la commune de Bandrélé. En effet, le CCAS de Bandrélé a obtenu la labellisation du PRE par l’Agence Nationale de la Cohésion des territoires (ANCT). Une 60 de participants ont répondu présents, dont le président de l’ANARE, le directeur-adjoint de la Cité scolaire de Bandrélé, l’inspecteur de la circonscription de Démbéni, la directrice du CCAS de Bandrélé, des directeurs, et directrices d’écoles.
Y.D.
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