En France, 2 millions de personnes sont considérées comme éloignées de l’emploi, selon le Conseil de l’Inclusion dans l’Emploi, en raison de difficultés professionnelles, mais également de mobilité, de logement, de garde d’enfants… Reposant sur l’idée que le travail est au cœur du processus d’intégration sociale, l’inclusion par l’emploi a pour ambition de favoriser l’autonomie des personnes, en les faisant bénéficier d’un accompagnement renforcé qui doit faciliter leur réinsertion sociale et professionnelle par le biais de contrats de travail spécifiques.
Pour encourager le développement de l’inclusion par l’emploi, Thibaut Guilluy, président du Haut-Commissariat à l’emploi et à l’engagement des entreprises, a remis en septembre 2019 au Président de la République et à la Ministre du Travail une feuille de route pour mettre en œuvre le Pacte Ambition IAE. « Il n’y a pas de société prospère et durable qui puisse tolérer en son sein une exclusion persistante. (…) L’inclusion, parce qu’elle conjugue activité économique et mission sociale, est l’un des leviers les plus pertinents et les plus puissants pour dessiner les contours d’une société plus inclusive (…) Si l’on veut redonner à chacun de nos concitoyens la possibilité de retrouver autonomie et dignité par le travail, il est alors temps de monter le volume et de “passer à l’échelle”. »
L’objectif du pacte est de « permettre à chacun de trouver sa place » en créant 100.000 emplois de plus, pour passer de 140.000 personnes en parcours d’insertion auprès des structures inclusives à 240.000 d’ici 2022. Le 6 juillet 2020, Brigitte Klinkert a été nommée ministre déléguée à l’Insertion auprès de la ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion, afin de mener à bien ce projet.
En 2021, l’État engage un budget total de 162,5 millions d’euros sur des projets d’insertion par l’activité économique. Un secteur à investir.
Véritable guichet unique, la Plateforme de l’inclusion réunit 4 services : les emplois de l’inclusion, le marché de l’inclusion, la communauté de l’inclusion et le pilotage de l’inclusion. L’objectif est de simplifier les procédures et de lever les freins qui pouvaient exister jusqu’alors, à commencer par les lourdeurs administratives et les difficultés d’accès aux profils éligibles. Et en 18 mois, la Plateforme de l’inclusion a permis à plus de 11.000 bénéficiaires d’intégrer plus de 200 entreprises sociales inclusives référencées à la Martinique, la Guadeloupe, la Réunion, Mayotte et en Guyane.
A Mayotte, c’est Nayma qui c’est illustrée avec des actions de grande ampleur sur ce secteur. Créée il y a deux ans par l’ancienne maire de Chirongui, Roukia Lahadji, elle compte déjà plus de 60 salariés permanents et 204 salariés en insertion. “La rapidité de son développement réside dans la pertinence de son positionnement répondant à deux problématiques territoriales centrales à Mayotte : la précarité et les difficultés d’accès à l’emploi d’un côté, et la problématique environnementale de protection des espaces naturels de l’autre.”
Elle est partie d’un constat : beaucoup de jeunes au chômage ou en errance d’un côté, et un environnement dégradé par les déchets de l’autre. “L’insertion par l’environnement est au cœur de notre projet pour dynamiser le territoire et créer une véritable prise de
conscience de ces problématiques dans la population locale”, indique Aïda Soibaha Souffou, coordinatrice de l’association, qui cite comme exemple le nettoyage des rivières et des mangroves à travers des actions de ramassage et de tri des déchets abandonnés en pleine nature.
Les salariés sont ainsi répartis en petits groupes de 12 et assurent le ramassage, le tri des déchets, et la sensibilisation des riverains 3 jours par semaine, sous la responsabilité d’un encadrant technique. Le reste du temps est dédié à la formation et à l’avancement sur leur projet professionnel, pour lequel ils sont accompagnés et orientés, notamment vers des stages de préqualification ou de qualification les préparant à retrouver plus facilement une place sur le marché de l’emploi.
“C’est une source de motivation supplémentaire de constater que son activité quotidienne a un impact direct sur sa qualité de vie et sur la préservation locale de son environnement. Nous sommes là pour donner le coup de pouce, à la fois du retour à l’emploi et de l’engagement citoyen”, conclut Aïda Soibaha Souffou.
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