28.9 C
Dzaoudzi
lundi 29 avril 2024
AccueilEconomieLa Cour des comptes pointe l'absence de stratégie de développement à Mayotte

La Cour des comptes pointe l’absence de stratégie de développement à Mayotte

Intitulé « Quel développement pour Mayotte ? Mieux répondre aux défis de la démographie, de la départementalisation et des attentes des Mahorais », le rapport de la Chambre régionale et territoriale des comptes entend comprendre pourquoi, malgré les enchaînements des plans de développement à destination de Mayotte, « la situation de l’archipel reste atypique au sein de la République ».

« Ce qui est rageant, c’est qu’il y a de l’argent », s’est exprimé Nicolas Péhau, président des chambres régionales des comptes La Réunion et Mayotte. Ce sont peut-être, en somme, les propos qui résument le mieux le rapport publié ce jeudi. Parmi les constats dressés, le document pointe que « l’État et le département peinent à tracer des perspectives de développement durable pour Mayotte alors que les difficultés vont s’aggravant ».

Un travail de persévérance pour ouvrir le champ du débat

Pour s’en rendre compte, la synthèse apporte un éclairage certain. Il y est notamment précisé que « la délinquance a atteint à Mayotte un niveau hors norme », que « dans le domaine de l’éducation, le retard est difficile à résorber », précisant que « le rythme de construction des écoles primaires est très insuffisant au regard des 850 classes supplémentaires nécessaires à l’accueil des enfants dans des conditions satisfaisantes ». Sans oublier de mentionner que « la maîtrise de l’immigration est un préalable à la stabilité du cadre socio-économique ».

La faible attractivité du territoire joue en sa défaveur

Comment expliquer qu’après dix ans de départementalisation, le 101e département soit toujours, pour reprendre les termes de Nicolas Péhau, « loin des standards de la République » ? Plusieurs explications sont avancées et concernent à la fois les collectivités locales et l’Etat

Pour les premières, il s’agit d’un « manque d’expertise et d’ingénierie », précisant que les « maîtrises d’ouvrage du département restent insuffisantes ». En cause, un manque de qualification et ce, à cause, entre autres, d’une attractivité de l’île qui ne permet pas de « fixer » sur le long terme le personnel qualifié. Pour le second, outre la justesse des effectifs qui fragilisent les services de l’Etat, la « forte rotation du personnel, les vacances d’emploi » participent à « une rapide perte de mémoire » affectant dès lors « la continuité même des actions entreprises ». En résumé, le turn-over dans les effectifs ne permet pas de capitaliser sur les expériences passées, ou en cours, et contribuent à déstabiliser les équipes.

Définir une stratégie et des indicateurs

« Il faut une stratégie durable, il faut être capable de s’engager dans le suivi des actions menées avec des

Le rapport prodigue 13 recommandations réparties dans 4 thématiques

indicateurs », a tenu à préciser le président, avant de compléter ses propos : « on demande qu’il y ait une stratégie ». En effet, les deux plans d’actions mis en œuvre au cours de ces dernières années, « Mayotte 2025 » et « plan pour l’avenir de Mayotte », ont eu des effets mitigés.

Si le premier, annoncé en 2015, prévoyait 324 actions, aucun moyen ne lui a été affecté et « les objectifs souvent imprécis n’abordaient « pas les questions de sécurité et d’immigration ». Quant au second, élaboré en urgence suite à la crise sociale de 2018, malgré une dotation de 1,3 milliard d’euro, « la création d’une agence régionale de santé et d’un rectorat de plein exercice, la relance de la lutte contre l’immigration clandestine et le renforcement des moyens consacrés à la sécurité », son suivi structuré n’a été que de courte durée alors même que la partie investissement, la plus longue à mettre en œuvre, est toujours en cours.

Des recommandations aux actes, rien n’est moins sûr

Dès lors, quel développement pour Mayotte ? « Il faut une stratégie bien formalisée avec les indicateurs, un plan défini », souligne Nicolas Péhau. Pour ce faire, le rapport préconise 13 recommandations, regroupées en 4 thématiques : consolider l’action des pouvoirs publics, renforcer la lutte contre l’immigration clandestine, promouvoir un développement soutenable du territoire. Seront-elles pour autant suivies d’effets ? « Notre travail s’inscrit dans la persévérance », témoigne le président, « on ouvre un espace un peu critique pour faire réfléchir » afin de « modifier le paradigme pour amener les acteurs à se poser les bonnes questions ».

Pour consulter le rapport, cliquer ici.

Pierre Mouysset

Comments are closed.

RESTONS EN CONTACT

Inscrivez-vous à la lettre d'information du JDM afin de garder en oeil sur l'actualité mahoraise

L'actualité

AVIS DE CONSTITUTION AUTO SHOP 976

139522
  Par acte SSP du 14/09/2022, il a été constitué une SAS dénommée : AUTO SHOP 976 Siège social : 25 Rue Bahoni 97615 Pamandzi Capital :...
+26
°
C
+27°
+24°
Mamoudzou
Samedi, 04
Dimanche
+25° +24°
Lundi
+25° +24°
Mardi
+25° +24°
Mercredi
+25° +24°
Jeudi
+25° +24°
Vendredi
+25° +24°
Prévisions sur 7 jours
Campagne, politique, Mayotte

Tribune – De l’art du discours à la formule

139522
Qui pour relever les défis de nos grands orateurs du passé ? Peu de noms émergent de la tribune de Madi Abdou N'tro, voire aucun, sur les dernières campagnes, laissant sans doute "un sentiment d'imposture" chez les électeurs

Départementales Sada : remaniements en vue au conseil départemental

139522
L’issue du scrutin a parlé : c’est donc le binôme Soula Saïd Souffou/Mariam Saïd Kalame qui intègre les bancs de l’assemblée départementale. Ce qui implique des réélections au menu du conseil départemental les jours prochains. Avec l’éventualité d’une refonte complète des vice-présidences, comme nous l’expliquons

Départementales partielles : Soula S. Souffou et Mariame S. Kalame élus avec 52,26% des voix

139522
Ils étaient en tête au premier tour, et ont creusé l’écart à l’issue du second : le binôme surprise Souffou/Kalame qui n’était pas présent sous cette configuration en 2021, est le nouveau duo d’élus qui intègre le conseil départemental.
Comores, Azali Assoumani

Comores : un ténor de l’opposition appelle à une désescalade politique

139522
L’ancien gouverneur de la Grande-Comores, Mouigni Baraka Said, estime qu’il est temps de dialoguer avec le président Azali Assoumani dans l’intérêt du pays et de la population. L’homme politique se reconnait toujours dans l’opposition mais s’oppose toutefois à "ces querelles sans fin et sans véritable perspectives de sortie de crise". Une démarche mal digérée par les autres opposants qui refusent tout dialogue avec le président Azali Assoumani depuis son élection le 24 mars 2019.
Départementale, Sada, Mayotte

Départementales partielles à Sada : Saïd Souffou-Mariam Kalame en tête

139522
Le 1er tour de l'élection partielle des conseillers départementaux du canton de Sada se tenait ce dimanche 25 septembre. Le canton est toujours scruté de prés pour être l'un des épicentres politiques locaux. Les élections...