« Le festival est gratuit, votre contribution unique c’est d’écrire une question en lien avec l’écologie », informe une des bénévoles à l’entrée du festival. Ouvrir des espaces de réflexion, susciter le débat et nourrir les échanges et ce, dans une ambiance familiale et chaleureuse, le pari du festival Yes Ko Green semble avoir été gagné. En questionnant Gilles Chouvanaud, président de l’association Yes We Can Nette, sur l’origine de cet événement sa réponse se fait sans attendre : « Et pourquoi pas ? Il s’agit de montrer que le développement durable peut-être ludique, festif et familial et qu’il ne faut pas le considérer comme un retour à l’âge de pierre ».
Un festival novateur
« Nous souhaitions que les gens se posent des questions et la plus récurrente qui nous est parvenue est celle des déchets », précise Gilles Chouvanaud. Un constat lucide au regard de la situation de l’île mais aussi dans les autres territoires ultra-marin. A ce titre, la délégation sénatoriale aux outre-mer entend consacrer son prochain rapport d’information à la gestion des déchets dans les territoires ultramarins. Si la veille, les sénatrices et co-rapporteuses Gisèle Jourda (Aude) et Viviane Malet (La Réunion) étaient présentes à Majicavo, l’annulation de leur venue au festival laisse un petit goût d’inachevé.
« C’est dommage, car la délégation ne va pas aller au contact de la population », concède Ali Madi, président de Fédération Mahoraise des Associations Environnementales. Population souvent considérée comme « le coupable simple aux yeux des pouvoirs publics, des élus qui disent qu’elle n’est pas éduquée. Or, nous sommes tous des acteurs de la production de déchets, tout le monde est concerné ».
Résoudre la quadrature du cercle
Néanmoins, une évolution des mentalités s’opèrent peu à peu sur les conséquences et notamment les origines des déchets : « au départ quand je suis arrivé sur l’île, la pollution des plages et du lagon était perçue comme étant une pollution extérieure, or aujourd’hui les personnes ont conscience que c’est leur propre pollution », témoigne Gilles Chouvanaud. Une pollution qui ne cesse de prendre de l’ampleur, véritable casse-tête pour la traiter. « Tous les déchets ne sont pas traités à Mayotte, une partie est envoyée
en métropole ou en Inde mais avec l’augmentation du coût du transport maritime la situation est plus compliquée maintenant », informe le sénateur Abdallah Hassani. A cette situation s’ajoute la quasi saturation du site de Dzoumogné dans les prochaines années qui s’explique selon le sénateur par le fait que Mayotte est « dans le jeter pas encore dans le tri ».
Des associations pour pallier aux insuffisances des décideurs politiques
Alors pour tenter de sensibiliser le plus large public possible, les associations agissent. « Les associations sont là pour combler les déficits de la puissance publique. On ne devrait pas exister là », indique le président de Yes We Can Nette. Un constat partagé par Ali Madi « les solutions existent en termes de réutilisation, de valorisation des déchets mais il nous manque une organisation pour déployer les solutions issues d’un dialogue commun ». Un dialogue local mais aussi national à l’instar du sénateur Abdallah Hassani, « il faut sensibiliser au niveau national. On est un petit espace, on ne sait pas quoi faire ». La tâche est immense mais pas impossible. Une chose est sûre pour le sénateur « le lagon se meurt ».
Pierre Mouysset
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