Cela fait partie des fossés qui perdurent avec la métropole : l’accès compliqué pour les ultramarins au logement social et très social. 80% des habitants de ces territoires sont éligibles à un logement social alors que seulement 18% en occupent un, selon les chiffres de l’Union sociale pour l’habitat Outre-mer, l’USHOM, organisateur de ce colloque annuel au Sénat. Et on imagine que Mayotte ne tire pas la tendance vers le haut, au contraire.
Sa directrice Sabrina Mathiot assurait que « des bonnes volontés existent de toute part », mais que la coordination n’est pas au rendez-vous malgré les Plans logement outre-mer depuis 2015.
Si pour plusieurs DOM la question porte sur un manque de moyens, pour la Nouvelle Calédonie c’est l’inadaptation des logements aux habitudes et spécificités de la population qui est en cause, « 10% de notre parc n’est pas attribué », indiquait son représentant, rapporté par le portail des outre-mer. Des pièges qu’il vaut mieux éviter.
Pour Mayotte, c’est Madi Madi Souf, le président de l’Association des maires qui prenait la parole, et qui évoquait une île qui abrite « les plus gros bidonvilles d’Europe », et appelait à ce qu’ils « disparaissent », « Tout cela fait que cette violence aussi vient des gens qui ne sont pas bien logés ». Le logement social et très social est en pleine expansion ici comme l’avait souligné le programme mené aux Hauts Vallons. Mais la démolition d’habitat insalubre est conditionnée au relogement des habitants, et pour l’instant, les bétonnières ont du mal à suivre.
Pour Jean-Hugues Ratenon, député de la Réunion, sur son île, le problème est plus large que le seul accès au logement, celui d’une organisation sociétale, « Les logements se transforment en prison pour nos personnes âgées. Ils vivent dans des logements surpeuplés et si on y ajoute un handicap, ils ne peuvent plus se déplacer. »
Des données que Mayotte doit emmagasiner, tout en ayant une contrainte de taille, l’étroitesse de l’île qui incite à une densification d’habitat en hauteur. Il faut néanmoins arriver à une solution acceptable pour tous. Une alerte qui doit remonter jusqu’en métropole, recommande le sénateur de Guyane Georges Patient, qui indique que « les financements existent », mais que rien n’avance faute d’un sujet « très centralisé » et où « la concertation n’existe pas ».
C’est pourquoi le partenariat noué à l’occasion du Congrès HLM 2022, entre la Croix-Rouge française et le groupe CDC Habitat en faveur de l’habitat ultra-marin, est une bonne nouvelle. L’objectif affiché est de « contribuer au développement de l’offre de logements à destination des personnes vulnérables dans les territoires d’Outre-mer ».
Des programmes seront menés en Guadeloupe, en Martinique, en Guyane, à la Réunion et à Mayotte, sur lesquels sont implantés les Sociétés Immobilières d’Outre-mer (SIDOM), la SIM chez nous, dans laquelle le groupe CDC Habitat est majoritaire.
Sont prévus la construction de logements neufs, l’aménagement du territoire, la réhabilitation du parc existant et l’adaptation aux conditions climatiques (notamment sismiques pour les Antilles), ainsi que l’amélioration du service apporté aux clients. Les programmes et les montants d’investissement ne sont pas encore précisés.
Parmi les axes de travail, il s’agit de « favoriser les dispositifs d’accompagnement social des locataires des SIDOM, en développant des partenariats autour de l’accompagnement dans le logement et de l’insertion professionnel ».
Et une bonne nouvelle n’arrivant jamais seule, une aide à la pierre pour accéder au logement social, sera signé ce jeudi au conseil départemental.
A.P-L.
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