Le climat mondial s’est déjà réchauffé d’1 °C environ en moyenne par rapport à l’ère préindustrielle (1880). « Au rythme des émissions actuelles, le réchauffement climatique atteindra 1,5 °C entre 2030 et 2052 ». Et si rien n’est fait, « il devrait atteindre 3 °C d’ici 2100 », expose le rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC*) de ce lundi 8 octobre 2018. Avec un impact sur l’écosystème et sur le niveau des mers.
Il porte sur « Les impacts d’un réchauffement climatique global de 1,5 °C par rapport à 2 °C et les trajectoires d’émissions de gaz à effet de serre à suivre pour limiter le réchauffement à 1,5 °C, dans le cadre plus général du développement durable et de l’éradication de la pauvreté ».
L’objectif de la COP*21 qui s’est tenue à Paris en 2015 était de limiter le réchauffement climatique à 2°C, chiffre compromis entre toutes les parties.
Le rapport met en évidence qu’à +1,5 °C, les risques sont significativement moins importants qu’avec une hausse de 2°C, qui « provoquerait une élévation du niveau des mers supérieure de 10 cm (par rapport à un réchauffement de 1,5 °C) d’ici 2100 et aggraverait le risque à plus long terme d’une déstabilisation des glaces du Groenland et de l’Antarctique, le niveau marin augmenterait alors de plusieurs mètres », comme le souligne le ministère de l’Ecologie qui reprend les points forts du rapport dans une synthèse.
Cyclones plus intenses
Tout cela se traduit par une intensification des phénomènes météorologiques, touchant la France : « En métropole, dès la période 2021-2050, les vagues de chaleur estivales deviendront plus fréquentes, plus longues et plus intenses, avec des évolutions plus marquées encore pour le quart sud-est. D’ici la fin du siècle, un épisode tel que celui de l’été 2003 deviendrait courant, voire serait régulièrement dépassé ». D’ici 2100, des sécheresses agricoles quasi continues et de grande intensité, ainsi que des pluies extrêmes, principalement en hiver. « En outre-mer, les simulations du climat pour le XXIème siècle indiquent que les cyclones ne devraient pas être plus nombreux, mais plus intenses. »
Les côtes des îles ultramarines seront également touchées, comme le souligne un post Facebook de la ministre Annick Girardin, « les états insulaires, les archipels et les populations les plus vulnérables continueront d’être les 1ères victimes du changement climatique ».
Surtout pour celles qui ont des côtes coralliennes, comme le met en évidence la géographe Virginie Duvat, professeure à l’université de La Rochelle, dans les colonnes de Libération. Elle évoque les impacts mortels sur les massifs coralliens que sont l’élévation du niveau de la mer, le réchauffement et l’acidification des eaux océaniques, « surtout lorsqu’ils sont déjà dégradés, comme à Mayotte, à la Réunion ou dans les Antilles. » La mort des coraux se répercuterait directement sur nos traits de côtes à Mayotte, qui sont protégés de la houle par la double barrière récifale, ce qui « aggraverait alors la submersion et la salinisation ».
La justice s’en mêle
Or, dans l’ensemble des territoires ultramarins, peu de mesure sont prises, les conséquences du changement climatique n’étant pas visible, on considère, notamment en Polynésie française, qu’il y a « d’autres priorités », comme l’emploi ou la pollution.
Pour l’universitaire, cinq solutions sont à étudier sur l’ensemble des îles de la planète : « s’appuyer sur les milieux naturels qui ont une capacité d’absorption des pressions climatiques, protéger par des ouvrages d’ingénierie les biens et personnes menacés, adapter les bâtiments et les infrastructures, procéder au retrait stratégique et, dans certains cas comme dans les atolls, migrer vers des terres plus hautes ».
Aux Pays-Bas, au lendemain de la publication du GIEC, la cour d’appel de La Haye a ordonné à l’Etat de réduire ses émissions à effet de serre d’au moins 25% d’ici 2020. Le « plat-pays » est sans doute menacé plus qu’un autre par la montée des eaux.
Les émissions passées ne conduisent pas à un réchauffement au-delà de 1,5°, donc « les différentes options pour ne pas dépasser 1,5 °C de réchauffement nécessitent des transformations radicales, dans tous les secteurs de la société et dans le monde entier. Et leur mise en œuvre doit être immédiate », enjoint le rapport du GIEC.
Une des pistes ultimes envisagée consiste à retirer du CO2 de l’atmosphère, grâce aux procédés naturels comme les forêts, les puits naturels de carbone que sont les océans, ou chimiques, pour capturer le gaz et le stocker dans le sous-sol, mais jugé dangereuse pour l’environnement.
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com
*Le GIEC évalue l’état des connaissances sur l’évolution du climat, ses causes, ses impacts, et identifie les possibilités de les limiter. Le GIEC et l’ex-Vice-Président des États-Unis d’Amérique, Al Gore, ont reçu le Prix Nobel de la paix en 2007
** La Conférence des Parties (COP) désigne la réunion des parties à la Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques
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