4000 faits de délinquance supprimés d’un graphique, et la baisse semble tout de suite plus importante qu’elle ne l’est en réalité.
Si les chiffres annoncés mardi par la préfecture sont un très bon signal pour Mayotte, l’agent chargé de réaliser les graphiques a jugé bon de “forcer le trait” en donnant l’impression que la baisse est encore plus importante qu’elle ne l’est.
Ainsi sur le graphique ci-dessus, fourni par les services de l’Etat, on a l’impression flagrante que la délinquance générale a baissé de moitié sur les neuf premiers mois de l’année. Mais à y regarder de plus près, on constate que l’axe des ordonnées (les valeurs verticales) commence à 4000, et non à zéro. Sur les 7693 cas relevés en 9 mois en 2016, seuls 3693 apparaissent donc. En 2018, les 1648 faits de moins qu’en 2016 prennent dés lors une tout autre apparence puisque le graphique montre une différence de 44,6% au lieu de 12,03% de baisse. Le second graphique présenté ci-dessus confirme une baisse importante et continue depuis 2016, mais cette baisse est, de fait, moins impressionnante.
La même méthode a été appliquée à d’autres graphiques fournis par la préfecture, comme celui concernant les mises en cause et les gardes à vue.
Sur ce graphique, on a l’impression que les mises en cause de mineurs sont proches de zéro, alors que la valeur de base du graphique est fixée à 700, ce qui a pour effet d’écraser complètement l’écart entre les différentes données, les mineurs semblent ainsi bien plus marginaux dans le total des mises en cause alors qu’ils en représentent près du tiers.
Bien sûr il ne s’agit pas là de sous-entendre une quelconque volonté malhonnête des services de l’Etat (il y a tout lieu au contraire de se réjouir de ces statistiques, et d’espérer qu’elles soient pérennisées), mais bien de décrypter comment il est possible de faire parler les chiffres, et pourquoi il importe de ne pas s’arrêter aux visuels.
La même technique, dénoncée par Le Monde, avait notamment été employée en avril dernier par la SNCF pour minimiser l’ampleur de la grève.
Y.D.
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