A peine plus de 9100 personnes sont identifiées comme porteuses d’un handicap à Mayotte. Un chiffre bien en deçà de la réalité selon la MDPH, organisme compétent pour accorder cette reconnaissance.
Afin d’apporter des informations personnalisées sur le handicap et ses prises en charge dans notre département, un rendez-vous est organisé ce jeudi à Dzaoudzi. Différents stands destinés aux familles permettront de mieux comprendre “qui fait quoi”, entre les associations, la MDPH, le corps médical ou les familles elles-même.
Cette action d’information s’inscrit dans le cadre d’un vaste projet intitulé « guidance parentale et handicap à Mayotte: soutien à l’accompagnement parental ».
Concrètement, il s’agit de réinventer sur notre territoire l’accompagnement des familles de patient en situation de handicap. Tout est parti du constat “d’un manque de structure à Mayotte et de la réalité des familles” note Doubia Binta, chargée de mission à l’association Apajh (Association Pour Adultes et Jeunes Handicapés) de Mayotte.
La guidance parentale, c’est un concept expérimental issu de ce constat, qui consiste à partir des familles et de leur expérience pour élaborer les missions des travailleurs sociaux. Au lieu d’appliquer des façons de faire impersonnelles, Mayotte part désormais du principe que les familles ont une expertise et une expérience dont il faut savoir s’inspirer, et, en partageant ce qui fonctionne chez les uns, établir un panel de solutions pour tous. Pour Hamidou Siaka, maire de Pamandzi, il s’agit de pouvoir “intégrer le handicap dans notre société pour ne pas en faire un motif de rejet”. Le personnel devient alors un accompagnant, chargé de “soutenir, et pas de faire à la place” des parents.
Ali Debré Combo, président de la MDPH, estime qu’il faut “aller à la rencontre des familles pour les sensibiliser” mais aussi “tenir compte de l’histoire et de la culture de Mayotte” dans les solutions apportées. Pour lui, Mayotte “peut être une chance pour la France pour expérimenter”.
Et c’est précisément le sens de cette “guidance parentale”.
Ce jeudi, l’action à Dzaoudzi aura aussi pour objectif de “limiter l’afflux vers la MDPH” tout en facilitant l’accès à l’information pour les familles de Petite Terre, régulièrement contraintes de barger pour se rendre dans les locaux de Mamoudzou.
A l’issue de cette journée de rencontres, et des échanges effectués dans le cadre d’ateliers menés depuis déjà six mois sur la guidance parentale, les partenaires du projet élaboreront “un guide destiné aux professionnels pour s’inscrire dans l’accompagnement des familles et le parcours de l’enfant”. “Un changement de paradigme” pour Doubia Binta, et l’espoir d’un grand pas en avant dans un territoire qui, malgré d’importants progrès ces dernières années, accuse encore un important retard en matière de prise en charge du handicap, sous toutes ses formes.
Y.D.
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