Il aura fallu 5 jours de blocages et 4 nuits d’émeutes pour que le président de la République réagisse à la crise que traverse le département voisin. Si pour les Mahorais, il aura fallu attendre plusieurs longues semaines pour voir débarquer la Ministre des Outre-mer, La Réunion semble avoir un traitement de faveur : des renforts de gendarmerie en masse, une première mesure significative de gel sur 3 ans de la taxation des carburants et un président de la République qui consacre deux tweets à la situation.
La ligne du gouvernement semble claire, tout comme l’avait indiqué la Ministre des Outre-mer Annick Girardin en début de semaine, l’ordre doit être rétabli avant toute chose.
« Ce qui se passe depuis samedi à La Réunion est grave (…) Nous avons mis les moyens et nous allons continuer à les mettre pour assurer l’ordre public. » s’est ainsi exprimé Emmanuel Macron avant de poursuivre sans pour autant être précis dans les réponses au mouvement : « beaucoup de problèmes s’agrègent autour des manifestations (…) Ce sont des problèmes qui existent depuis longtemps, qui sont aussi des problèmes sociaux liés à certains quartiers. Il y a la réponse de fond et dans la durée à cette problématique. »
Lors d’un discours en soirée devant les maires, le président de la République révélait que le président de Région , Didier Robert avait subi des menaces: “Je veux dire tout le soutien de la Nation au président de l’exécutif de la Région Réunion. Il a été menacé de mort, sa famille aussi. Et je ne peux pas accepter que dans un territoire de la République quelque élu que ce soit subisse de telles pressions, ça ce n’est pas la République !”,
Dans un communiqué de presse, la Préfecture de La Réunion a fait savoir que 108 personnes ont été interpellées depuis le début du mouvement. Certaines ont été jugées en comparution immédiate et des peines exemplaires ont été prononcées à l’encontre des émeutiers : des peines de prison ferme avec mandat de dépôt sont quasi-systématiquement prononcées, à l’instar de ces deux frères impliqués dans le saccage de plusieurs magasins qui ont écopé de 6 mois de prison avec mandat de dépôt et 6000 euros d’amende.
Les gilets jaunes s’organisent
Depuis samedi, on dénombre par ailleurs 16 policiers et 14 gendarmes blessés. Après plus d’une soixantaine de gendarmes arrivés en renfort, dont un escadron Serval spécialisé dans les interventions en situation de crise, les policiers ont obtenu des renforts : 25 agents de la BAC et de la CDI arrivent.
Pour autant, la mobilisation des gilets jaunes ne faiblit pas. Ces derniers refusent tout amalgame avec les violences nocturnes et mettent un point d’honneur à s’assurer du soutien de la population. Mercredi en fin de journée une rencontre entre une délégation de gilets jaunes et le Préfet était prévue à 18 heures. Mais au moment venu, les gilets jaunes amassés devant la grille de la Préfecture ont annoncé vouloir être reçus en totalité – ils étaient environ 200… Ils ont ensuite annoncé vouloir rédiger une plateforme de revendications et vouloir se structurer avant d’entamer des négociations. Le chemin des négociations s’annonce donc long et difficile.
Ce jeudi matin, les barrages étaient à nouveau érigés sur les routes du département, on en dénombrait comme les jours précédent un peu moins d’une trentaine. En parallèle la nuit de mercredi à jeudi a été relativement calme après quatre nuits successives d’émeutes, des heurts ont toutefois éclatés à Saint-André, Bras Panon et des incendies ont été recensés à Sainte-Marie ou encore Cilaos mais le chef-lieu de Saint-Denis a été épargné.
MC
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