En décembre, Bruno Le Maire et Annick Girardin nommaient un délégué à la concurrence en outre-mer, dans la poursuite des engagements pris à La Réunion comme nous l’expliquions alors : Francis Amand est inspecteur général de l’INSEE et médiateur des relations commerciales agricoles.
Des mesures ont été décidées : l’élaboration de nouveaux indicateurs pour apporter plus de transparence dans la construction des prix dans les territoires d’outre-mer en intégrant notamment les coûts de transport, le renforcement du rôle des sept Observatoires des prix, des marges et des revenus (OPMR) d’outre-mer et leur élargissement, les conditions d’évaluation des dispositifs de la Loi du 20 novembre 2012 relative à la régulation économique outre-mer.
C’est une lapalissade, mais notons que remuscler les Observatoires des prix ne sera productif que s’ils se réunissent : celui de Mayotte vient de se tenir… après 3 ans de vacances.
“Rien de rationnel” dans les différences de prix
Attention à ne pas noyer le poisson donc, car la révolte des Gilets jaunes à La Réunion a donné le « la » en dénonçant des « écarts de prix avec la métropole considérables, y compris pour les produits alimentaires », comme le rappelle un article de la Gazette des communes intitulé « L’outre-mer veut sortir la tête de l’eau », qui fait aussi une large part à la situation dans le 101ème département. Les statistiques INSEE font aussi état chez nous d’une hausse des produits frais (+3,6% en 2018) et du riz, du poulet et du bœuf, sans plus d’explication. On attend donc impatiemment les conclusions de l’Observatoire des prix qui se réunit cette semaine.
Ce lundi, Annick Girardin a constaté publiquement que « Dans certains cas, rien de rationnel ne semble pouvoir expliquer les différences de prix entre les productions Outre-mer et les produits importés » dans les Outre-mer.
Pourtant, pour y pallier, le Bouclier qualité prix (BQP), une liste de produits de consommation courante vendus à un prix modéré, avait été mis en place dans le cadre de la loi relative à la régulation économique des Outre-mer du 20 novembre 2012, dite « loi Lurel ».
Toujours actif, son objectif est de lutter contre la vie chère qui peut parfois générer des prix de 20 à 30 % plus élevés qu’en métropole alors que le chômage est plus élevé et le pouvoir d’achat plus réduit dans les DOM.
La ministre a demandé à l’Autorité de la concurrence de produire un avis sur le « fonctionnement des marchés d’importation et de distribution des produits de grande consommation en Outre-mer ». Une délégation était à Mayotte il y a 10 jours. On attend impatiemment leur avis qui doit être rendu public au premier trimestre 2019, et surtout de connaître les moyens qui seront mis en œuvre pour faire enfin appliquer leurs préconisations.
Anne Perzo-Lafond
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