Atterrir à Pamandzi, embrayer à La Vigie, y enjamber des déchets, serrer des mains, enchaîner les interviews. « On a bien compris qu’ici, il faut un point presse à chaque séquence » sourit le chargé de communication de la place Beauveau, soucieux de satisfaire la presse locale.
De quoi, pour le premier flic de France, se rendre compte d’une partie de la réalité du terrain à Mayotte. « Tout part du terrain, estime le ministre. Si j’ai fait le choix de venir dans ce quartier, un des plus difficiles de ce territoire, c’est pour être au coté des élus. »
S’il a choisi La Vigie pour sa première visite, c’est aussi que c’est sur Petite Terre que se trouve le quartier de reconquête républicaine, nouvel outil de police de proximité. « Ce quartier de reconquête républicaine est le premier en France piloté par la gendarmerie nationale. Pour mon premier déplacement en outre mer, je n’ai pas choisi le plus facile, je ne souhaite pas que ce soit un déplacement habituel » y déclarait Castaner. « On veut de la proximité, du contact avec la population, des moyens renforcés. Je veux une police et une gendarmerie sur mesure, on ne traite pas Mayotte comme n’importe quel autre département en France. Il faut construire des politiques spécifiques » a-t-il poursuivi.
Parmi ces politiques, « C’est une lutte que je veux extrêmement ferme contre l’immigration clandestine et poussant au maximum les retours pour ceux qui n’ont pas à être accueillis par la France. Nous sommes promoteurs de ce droit fondamental à la protection et à l’asile mais l’immigration économique n’a pas sa place dans notre pays. »
Concernant la sécurité et le plan pour Mayotte, le ministre rappelle les 300 policiers et gendarmes supplémentaires déjà sur place, mais ne s’arrête pas là. « Je suis venu à la fois pour accompagner les moyens, c’est le temps des résultats. Je suis venu aussi mettre la pression sur le système pour qu’on se mette les objectifs ambitieux en termes de résultats. Avec -9% de faits de délinquance enregistrés, il reste des efforts à faire. »
Parmi ces efforts, il annonce notamment « pour ce seul quartier (de reconquête prioritaire), 15 gendarmes supplémentaires », qui devraient arriver dans les mois à venir.
“Pas un satisfecit”
Pour le sénateur Thani, ces annonces sont un début mais pas un « satisfecit ».
« Cette visite est très symbolique. Nous vous avons beaucoup sensibilisé avec Ramlati, nous avons eu une oreille attentive. Je voulais souligner ce symbole, ce respect, cette considération pour notre territoire. Vous êtes venu, ce n’est pas pour dresser un satisfecit, mais pour faire un point d’étape, pour voir les efforts à faire pour l’avenir. Lorsque Ramlati, Abdallah, Mansour et moi demanderons plus, vous vous souviendrez que ce n’est pas anecdotique, et vous ferez un effort supplémentaire. »
Saïd Omar Oili appelait quant à lui à une aide de l’Etat pour la vidéosurveillance.
Une perche saisie au vol par le ministre qui appelle à la « transversalité ». « Il n’y a pas de reconquête républicaine si tous les acteurs ne sont pas mobilisés. Il n’y a pas un mètre carré de ce département qui n’appartient pas à la République. Ce m² carré ou je suis ici, il est la république et nous devons vous accompagner avec tous les moyens nécessaires ». Interrogé plus spécifiquement sur la lutte contre l’immigration clandestine, il annonce là encore « des moyens supplémentaires » qui seront précisés au fil des deux jours à venir.
La venue de la ministre de l’Outre-mer Annick Girardin le week-end prochain, confirmée par son collègue de la place Beauvau, sera peut-être aussi l’occasion de préciser les modalités de ces moyens en plus pour Mayotte.
Y.D.