Le condensé des reproches de l’association « L’Espoir des enfants de la commune de Ouangani » est exposé dans un communiqué envoyé aux médias : rythmes scolaires pas appliqués correctement, notamment sur les activités périscolaires et « alors que les dotations financières sont versées à la commune chaque année », difficulté de dédoublement des classes, restauration sucrée propice à l’obésité et au diabète, etc.
Viennent compléter cette liste qui fâche, le mauvais niveau scolaire jugé à l’aune d’un déficit d’ordinateurs et de tablettes, mais on pourrait élargir, et « les conditions de sécurité et d’hygiène lamentables ».
Leur ras le bol va se traduire par une double plainte au tribunal (Lire Plainte Association des parents de Ouangani- récépissé) : contre le maire, qui a compétence sur les écoles du 1er degré, et contre le vice-rectorat, qui « doit veiller à ce que nos enfants (les élèves) ne pénètrent pas dans des bâtiments non-conformes », et pour ne pas contrôler la bonne utilisation des dotations des rythmes scolaires.
Ce n’est pas la première fois que nous contactons le maire sur ce sujet. Ali Ahmed Combo va donc directement au but : « J’ai lancé la réfection d’une salle avec l’intention d’y installer un réfectoire, où seront livrés des repas chaud. Car tant que je n’ai pas de salle appropriée, tout repas servi aux élèves ne m’est pas remboursé par la CAF. » Il rappelle que, hormis l’école de Barakani maternelle, les 9 autres groupes scolaires de la commune ne sont pas concernés par la mise en place de rythmes scolaires, « ils sont tous en rotation », c’est à dire que deux classes se partagent une seule et même salle, par demi-journée. Il n’y a donc pas de restauration à midi pour eux.
Volonté de conserver les rythmes scolaires
Le maire dénonce « une manœuvre de l’opposition à un an des municipales », un coup d’épée dans l’eau selon lui, « puisque je ne me représente pas », assure-t-il, « et en plus, j’ai fait rénover toutes les écoles de la commune ».
Outre ces points, l’association des parentes d’élèves rappelle le courrier adressé en 2017 au président de la République, qui mettait en évidence la fragilité du contexte scolaire mahorais au regard des nouvelles réformes. Il est toujours utile d’en rappeler les points, qui restent malheureusement d’actualité.
Notamment, et cela pourrait en étonner plus d’un, l’opposition à la suppression des rythmes scolaires. Ils ont permis une grande avancée ici : alors que les écoles ne fonctionnaient qu’en matinée, les écoliers ont pu bénéficier du même temps scolaire que leurs petits copains de métropole, uniquement dans les écoles sans rotation bien sûr. « La suppression des rythmes à Mayotte, signifie que nos enfants vont subir un ancien système où ils ont 5 heures de cours en continu », un système « qui conduit vers l’échec », craignent les parents. Ils appellent à ne pas laisser les maires seuls décideurs de l’application des rythmes scolaires, « ils vont prendre la solution de facilité », comprendre de l’ouverture des écoles en matinée exclusivement.
Face à l’insuffisant parc d’établissements scolaires au regard des besoins, avec un manque de 300 classes à l’instant T, les parents revenaient sur l’application des mesures de 12 élèves par classe dans les CP et CE1 des zones prioritaires, inapplicable à Mayotte : « Comment allez-vous mettre en place cette mesure à Mayotte, pour donner les mêmes chances à tous nos enfants ? » Si depuis le gouvernement a pris conscience des enjeux, en débloquant 500 millions d’euros de programmation d’ici 2025, pour les prochaines rentrées, la mesure reste compromise, « creusant toujours plus les écarts entre nos enfants et les autres. »
Anne Perzo-Lafond