La plupart des affaires pénales convoquées ce mercredi d’Aïd ont été renvoyées pour cause de jour férié. Mais celle qui suit était très attendue par toutes les parties, puisque le jugement servira prochainement pour aider le tribunal du travail à trancher sur le licenciement d’une assistante juridique. Celle-ci avait été renvoyée du cabinet Ahamada après des soupçons de vol. C’est sur la base de ces accusations qu’elle était convoquée au tribunal ce 5 juin.
Il était en fait reproché deux délits à la prévenue. D’abord un vol, qu’elle aurait commis pendant un week-end en se rendant au cabinet, pour y utiliser les toilettes dit-elle. Un enveloppe contenant 500€ avait été déposée dans une armoire non sécurisée, et n’y était plus le lundi. Difficile toutefois de prouver qu’elle en est responsable puisque “tout le monde avait la clé” se défend-elle. En outre, comment aurait-elle pu savoir que de l’argent s’y trouvait puisqu’elle ne travaillait pas ce jour-là ?
“Perte de crédibilité”
L’autre infraction reprochée est celle d’abus de confiance. Cette fois, il s’agit d’acomptes versés par des clients du cabinet, que la prévenue aurait encaissé, moyennant un reçu. Or, l’argent n’a jamais été déposé et les dossiers desdits clients n’ont jamais été créés comme ils l’auraient dû. En gros l’assistante est accusée d’avoir empoché l’argent, sans créer le dossier de ces justiciables qui s’en sont trouvés lésés. Le cabinet s’estime victime d’un préjudice qu’il évalue à 6000€, en raison d’une “perte de crédibilité”.
Pour le parquet, un des principaux éléments matériels qui accusent la prévenue, ce sont des dépôts réguliers effectués sur son compte, parfois juste après que de l’argent a disparu du cabinet. Mais seulement parfois, car, démontre Me Charles Simon pour la défense, sa cliente fait des dépôts très souvent, dans le cadre d’une tontine. Pour lui, aucun élément sérieux ne confond la jeune femme.
“Climat délétère” au cabinet
Quant à cette dernière, elle estime être victime d’une cabale de la part du cabinet qui aurait cherché un prétexte pour la licencier depuis l’annonce de sa grossesse. “Nadjim Ahamada avait même fait de ma grossesse l’ordre du jour d’une réunion de travail” affirme-t-elle. Un propos que le président l’invite à “garder pour le tribunal du travail”. Me Simon dénonce lui “un climat délétère” au cabinet “depuis l’annonce de sa grossesse”. Il y avait selon lui “avant tout une volonté de se séparer d’une partie du personnel”. L’avocat plaide la relaxe.
Une ligne de défense qui interpelle Me Idriss, représentant le cabinet Ahamada, qui note “des zones d’ombres” et souligne qu’il n’y a “aucune plainte pour harcèlement moral”.
La procureure Emilie Guégan voit chez la prévenue “l’appât du lucre” et réclame 6 mois de prison avec sursis et 10 000€ d’amende, dont la moitié avec sursis.
Le tribunal a coupé la poire en deux, en prononçant la relaxe pour le vol, impossible à prouver, et en condamnant l’assistante juridique à 4 mois de prison avec sursis, 2030€ d’indemnisation pour le préjudice matériel et 100€ pour la préjudice moral.
Les parties ont 10 jours pour faire appel.
Y.D.
Comments are closed.