26.9 C
Dzaoudzi
mardi 19 novembre 2024
AccueilEconomieFonds européens : écart entre la théorie et la pratique... la preuve par...

Fonds européens : écart entre la théorie et la pratique… la preuve par la BGE

La BGE (ex-Boutique de Gestion) est un bon exemple des difficultés que connaissent les structures qui ont dû basculer des financements Etat à ceux de l’Europe. Si elle s’est remarquablement professionnalisée, elle rame pour faire émerger des porteurs de projets viables. Le résultat d’un passation qui s’est fait en accéléré entre l’Etat et l’UE.

Au 1er janvier 2014, Mayotte devient Région Ultrapériphérique de l’Europe. En mars 2016, la BGE est invitée à une réunion, « on nous a expliqué que nous devions nous passer des financements de l’Etat via la Dieccte, pour basculer vers les fonds européens », se rappelle Zaharati Darouechi, directrice par interim de la BGE.

Seulement voilà, comme beaucoup de petites boites, rien ne l’avait préparé à accuser le coup, surtout, sans transition entre ces deux managements. Après des mois de galère, elle a remonté la pente et s’est structurée pour proposer des actions correspondant à l’ensemble des fonds européens, FEDER, l’agricole FEADER, le social FSE et l’IEJ, l’Initiative Emploi des Jeunes.

Marienou Abdou expliquait attendre depuis longtemps une réponse pour son dossier de projet de formation Mahafor

Ce mercredi, c’est devant une délégation de la commission européenne, présente sur le territoire pour assister au Comité Régional Unique de Suivi (CRUS), que ses président et vice-président, Nabilou Alibacar, et Adrien Michon, présentait une structure de 12 salariés, et les actions menées : Accompagnement des créateurs d’entreprises demandeurs d’emploi, Ingénierie de projet pour lesdits créateurs, accompagnement de projets économie social et solidaire, mise en réseau des entrepreneurs ou accompagnement des projets agricoles.

Des fonds qui se font attendre

L’équipe en charge des fonds européens à la BGE entrait dans le quotidien mahorais

Sur le papier, le budget a fait un bond, en passant de 250.000 euros lorsque l’Etat abondait, à 1,14 million d’euros, avec les fonds européens. Mais avec moins de fluidité et des problèmes de trésorerie liés à la rigidité administrative bruxelloise : « Sur 2016, nous avons 238.000 euros dehors, et nous n’avons pas encore conventionné pour 2018-2019 », avec un prévisionnel de 635.000 euros, et sans avoir encore obtenu les 20% d’avance. Beaucoup de trésorerie dehors pour une petite structure. « Les services instructeurs de la préfecture tardent à donner l’autorisation pour que les crédits soient décaissés », apprend-on dans les couloirs.

La difficulté posée par le recours aux fonds européens était illustrée par l’entrepreneur mahorais, Tanchiki Maoré, qui rapportait son histoire devant une délégation séduite d’emblée, puis surprise. Des débuts il y a 10 ans, avec un unique camion rouillé « Berlier », destiné à la vidange des fosses septiques et à l’entretien de l’unique station d’épuration de l’île à l’époque, à sa réussite actuelle, 86 salariés chez MAP, 30 camions. « Mais avec quels fonds européens ? Feder et FSE ? », s’enquiert la délégation. « Aucun, parce que pendant que vous montez les dossiers, le travail n’avance pas, les banques m’ont fait confiance. Par contre, j’aurais besoin de votre aide pour l’hôtel Trévani que j’ai repris en difficulté, mais là, on m’a dit que je ne pourrai pas bénéficier de fonds européens. »

Le langage cash de Tanchiki Maore, directement arrivé de son chantier

Des difficultés, le Fonds Européen Agricole de Développement rural (FEADER) en connaît aussi. « Nous avons répondu à l’appel à projets, mais les agriculteurs ici n’ont pas de comptabilité, c’est un frein aux demandes de subventions. Nous les formons à l’intérêt de détenir une comptabilité », informait la responsable BGE.

Des petites structures qui ont pâti de la bascule des fonds auxquels elles ne peuvent donc plus accéder, « par exemple, le fait de ne pas maitriser le foncier exclut de fait l’agriculteur », expliquait-elle devant un des responsables européens sceptique qui s’il avait les pieds à Mayotte, avait encore la tête à Bruxelles.

Une mission précieuse donc pour comprendre les challenges que doit vaincre Mayotte, et qui éclaire sur la bienveillance avec laquelle les dossiers doivent être examinés.

Anne Perzo-Lafond

Anne Perzohttps://lejournaldemayotte.yt
Anne PERZO Le journal de Mayotte https://lejournaldemayotte.yt

Comments are closed.

RESTONS EN CONTACT

Inscrivez-vous à la lettre d'information du JDM afin de garder en oeil sur l'actualité mahoraise

L'actualité

AVIS DE CONSTITUTION AUTO SHOP 976

139510
  Par acte SSP du 14/09/2022, il a été constitué une SAS dénommée : AUTO SHOP 976 Siège social : 25 Rue Bahoni 97615 Pamandzi Capital :...
+26
°
C
+27°
+24°
Mamoudzou
Samedi, 04
Dimanche
+25° +24°
Lundi
+25° +24°
Mardi
+25° +24°
Mercredi
+25° +24°
Jeudi
+25° +24°
Vendredi
+25° +24°
Prévisions sur 7 jours
Campagne, politique, Mayotte

Tribune – De l’art du discours à la formule

139510
Qui pour relever les défis de nos grands orateurs du passé ? Peu de noms émergent de la tribune de Madi Abdou N'tro, voire aucun, sur les dernières campagnes, laissant sans doute "un sentiment d'imposture" chez les électeurs

Départementales Sada : remaniements en vue au conseil départemental

139510
L’issue du scrutin a parlé : c’est donc le binôme Soula Saïd Souffou/Mariam Saïd Kalame qui intègre les bancs de l’assemblée départementale. Ce qui implique des réélections au menu du conseil départemental les jours prochains. Avec l’éventualité d’une refonte complète des vice-présidences, comme nous l’expliquons

Départementales partielles : Soula S. Souffou et Mariame S. Kalame élus avec 52,26% des voix

139510
Ils étaient en tête au premier tour, et ont creusé l’écart à l’issue du second : le binôme surprise Souffou/Kalame qui n’était pas présent sous cette configuration en 2021, est le nouveau duo d’élus qui intègre le conseil départemental.
Comores, Azali Assoumani

Comores : un ténor de l’opposition appelle à une désescalade politique

139510
L’ancien gouverneur de la Grande-Comores, Mouigni Baraka Said, estime qu’il est temps de dialoguer avec le président Azali Assoumani dans l’intérêt du pays et de la population. L’homme politique se reconnait toujours dans l’opposition mais s’oppose toutefois à "ces querelles sans fin et sans véritable perspectives de sortie de crise". Une démarche mal digérée par les autres opposants qui refusent tout dialogue avec le président Azali Assoumani depuis son élection le 24 mars 2019.
Départementale, Sada, Mayotte

Départementales partielles à Sada : Saïd Souffou-Mariam Kalame en tête

139510
Le 1er tour de l'élection partielle des conseillers départementaux du canton de Sada se tenait ce dimanche 25 septembre. Le canton est toujours scruté de prés pour être l'un des épicentres politiques locaux. Les élections...