“La programmation est passée de zéro à 15% des fonds alloués” salue le préfet Dominique Sorain. La coopération régionale, qui peine à décoller à Mayotte, se met lentement en route.
Ces fonds européens dits Interreg peuvent servir à financer des projets qui bénéficient à Mayotte ainsi qu’aux Comores ou à Madagascar. Les projets actuellement en cours couvrent divers domaines. 1,5 millions d’euros pour sécuriser les aéroports régionaux, autant pour la chambre des métiers de l’artisanat ou encore celle de l’agriculture, un projet de réseau d’entreprises avec Madagascar et un autre du CHM en coopération sanitaire. La CCI et le lycée de Coconi sont aussi investis.
Ces projets “permettent d’être optimistes” assure le préfet qui voit ainsi Mayotte sortir de son inertie concernant la coopération régionale malgré “un manque cruel d’ingénierie qui est un axe d’amélioration important” précise-t-il.
Sur l’enveloppe de 12 millions d’euros, le total des dossiers déposés atteint 47% des fonds, et le montant pourrait monter à plus de 50% d’ici la fin de l’année. Le retard de Mayotte s’explique notamment par les relations houleuses de la France avec les Comores, notamment la crise diplomatique de 2018 qui a paralysé les échanges entre les deux pays.
“La coopération est un grand enjeu de l’Océan Indien et de l’Afrique de l’Est, qui doit être mené au delà des problèmes politiques, dans l’intérêt des populations” considère Mohamed Sidi, vice-président du conseil départemental de Mayotte. Selon lui, “il s’agit de pouvoir bénéficier de ces 12 millions d’euros, pour permettre aux populations de subvenir à leurs besoins là où elles sont. Si ça peut avoir un impact sur les migrations, on aura gagné un combat”.
Mais l’enjeu est aussi plus large. Ainsi les Comores multiplient les partenariats avec l’Arabie Saoudite mais aussi la Chine et le Japon qui va construire un laboratoire biologique sur l’archipel, “intéressé par la pêche”. Si les Japonais obtenaient l’autorisation de pêcher dans les eaux comoriennes, ce serait une menace de plus pour la pêche et la biodiversité de Mayotte. En ligne de mire pour les élus, il y a aussi le gaz du Mozambique qui jusitifie d’investir aux Comores. “Tous les enjeux de développement mondial se retrouvent dans ce secteur là, reprend Mohamed Sidi, Chine, Japon, Inde, tous veulent investir dans la zone. l’intérêt de Mayotte, c’est de ne pas être passif, d’être acteur de ce processus de forte croissance”.
Y.D.