Une note émanant du parquet de La Réunion, appelant à un regroupement de l’enquête sur un présumé trafic de drogue sur l’île Bourbon provoque des réactions passionnées. L’avocat de la famille de Roukia dénonce « un enterrement de première classe ». Il avance ses arguments.
La note que vient d’adresser l’avocat général du Tribunal de Saint Denis, Vincent le Pannerer et que révèle le site Imazpress va jeter de l’huile sur le feu toujours vif de l’affaire Roukia, ou plus exactement de celle du GIR.
L’enquête portant sur l’origine de la drogue qui a tué la jeune fille en janvier 2011 mettant en cause quatre gendarmes et un policier membre du Groupement d’Intervention régional, est toujours en cours. Il leur est reproché d’avoir alimenté un trafic de drogue, « pour gonfler leurs statistiques et obtenir de l’avancement », hypothèse qui avait été avancée par le conseil du mensuel Upanga lors d’un procès en diffamation. Placé en garde à vue, le colonel Gautier est malgré tout ressorti libre du bureau du juge Karki il y a deux mois.
L’enquête avait été confiée au juge d’instruction Hakim Karki à Mayotte, mais aussi au juge Jean-Pierre Niel à La Réunion. Or, et comme on pouvait le prévoir, des faits se recoupent entre les deux enquêtes, « une connexité (…) qui appelle à un regroupement des procédures (qui ne pourrait avoir lieu qu’à Saint-Denis puisque le dossier dont est saisi M. Niel a précisément fait l’objet d’une délocalisation en raison de l’impossibilité de l’instruire à Mayotte) peut être envisagée » explique la note de l’avocat général adressée au procureur de St Denis, Philippe Muller ce 18 mars 2014.
Gendarmes et gendarmes
Et c’est cet argument que contre l’avocat de la famille de Roukia, Me Mansour Kamardine : « quelle impossibilité d’instruire à Mayotte ?! ». Pour lui, ces tentatives à répétition pour décharger Karki n’ont qu’un but : protéger les gendarmes. Mais pourquoi protéger précisément ces gendarmes-là, alors que d’autres sont jugés puis accusés de meurtre (gendarme Bedos en Haute-Garonne en février 2014) ou de corruption (dans le Val d’Oise février 2012 dont le colonel avait rappelé « les gendarmes ne sont pas au-dessus des lois ») ?
« Je n’en sais rien » répond Me Kamardine, mais il n’admet pas les arguments qui plaident pour un dépaysement de l’enquête vers La Réunion… des huissiers, avocats ou greffiers qui travaillaient avec les juges ayant été jugés ici à Mayotte : « un gendarme, Said Ahmed, a même été jugé au Tribunal de Mamoudzou en juillet 2011, donc postérieurement au début de l’enquête de l’affaire Roukia, pour avoir altéré frauduleusement la vérité dans l’exercice de ses fonctions ».
De l’encre va encore couler, tant que le juge Karki n’aura pas livré ses conclusions.
Anne Perzo-Lafond
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