Suite à un incident grave survenu l’année dernière avec la baleine Mereva, la Réunion envisage de durcir sa réglementation, en interdisant les mises à l’eau d’enfants, et pour les adultes dès 13 heures. Mayotte de son côté, bénéficie encore d’un tourisme à échelle plus humaine, et se cherche encore un équilibre en matière d’approche respectueuse des mammifères marins. Il y a déjà un arrêté préfectoral qui réglemente les approches, en interdisant de venir à moins de 100m d’une baleine ou de 50m d’un groupe de dauphins, entre autre. “La réglementation, c’est le noyau dur” explique le Parc Marin, “pour aller plus loin, il y a la charte, et pour aller encore plus loin, il y a le label HQWW”.
Or, la charte ne fait pas l’unanimité chez les prestataires nautiques, nombreux à estimer que l’on peut nager avec baleines et dauphins tout en restant respectueux. Ils craignent en outre de perdre des clients si la prestation mise à l’eau n’était plus du tout proposée.
A partir de quand on dérange ?
Le label HQWW lui, restreint à 100m la distance d’approche de tous les cétacés, se limite à un bateau par observation contre trois pour l’arrêté préfectoral, et s’interdit les mises à l’eau. Pourtant assure Marc Demoulin de l’opérateur Ceta Mayotte, un des rares à arborer le label sur son bateau, “trois quarts des clients qui viennent me voir sont justement intéressés par le label”. Pour le nouveau directeur du Parc Marin Christophe Fontfreyde en effet, garder ses distances n’empêche pas le business. “Les objectifs du Parc Marin, c’est la protection mais aussi le développement. Si on n’embête pas les animaux, il n’y a pas de raison de ne pas les observer, ça fait vivre des opérateurs” explique-t-il. La question est là, et elle divise : à partir de quand on “embête ?”
En tout cas le principe trouve sa clientèle. La différence, c’est la plus-value que ce label propose aux clients, qui ne sont pas tous avides de rencontres avec les géants des mers. Le visage de cette plus-value, c’est celui de Léa Ramoelintsalama, animatrice du label HQWW à bord. Son rôle, en plus de s’assurer que le pilote respecte les règles du label, est d’apporter un “plus” scientifique sur divers domaines pour faire de la sortie bateau une sortie “naturaliste, et pas seulement une recherche de mammifères marins. Il y a une découverte de l’écosystème et de toutes ses problématiques”. Prise en charge par le Parc marin qui soutient la démarche, cette présence supplémentaire à bord n’est pas répercutée sur les clients.
En conclusion
Au final, voilà ce qui ressort de cette journée de test proposée par le Parc Marin :
1 : Nous n’avons pas vu de baleines, impossible donc de se faire une idée de la différence d’approche. Au moins, on ne les a pas dérangées.
2 : Un groupe de dauphins tursiops croisé dans la passe bateaux au nord a permis de se faire une idée des règles strictes du label. Approche des dauphins à cinq noeuds. Ceux-ci étant en chasse, et allant bien plus vite que la bateau, celui-ci est distancé, et au bout de quelques minutes, le pilote abandonne pour les laisser vaquer à leurs occupations. Une décision qui a eu un effet intéressant puisque, alors que l’embarcation venait de changer de cap, les dauphins ont surgi de nulle part pour repasser sur notre flanc, et disparaître à nouveau.
3 : La jeune raie manta de la baie d’Handréma nous a gratifiés de sa présence. Trois bateaux étant déjà sur place, celui de Ceta Mayotte a patiemment attendu que tous soient partis, pour s’approcher, puis se poster à bonne distance. C’est la raie qui s’est approchée peu à peu, jusqu’à frôler la coque.
4 : Un effort notable est fait sur la qualité du repas, qui se présente clairement comme une manière de se distinguer des autres prestataires. Chacun a en fait sa manière bien à lui de gâter le client à midi, après les goûts personnels orienteront le choix de chacun.
5 : En conclusion le label HQWW brille de bonnes intentions. Louable sur le principe, il a peu de chances de séduire tout le monde. Il apparaît plutôt comme une marque, qui a ses adeptes et ses détracteurs. C’est une manière supplémentaire de se distinguer sur un marché où les prestataires sont de plus en plus nombreux. Comme pour le repas, il appartiendra à chaque client de choisir en fonction du programme qu’il souhaite pour sa journée en mer. Après tout, est-ce que la liberté de choisir sa façon de consommer n’est pas ce qui importe le plus ?
Y.D.