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samedi 23 novembre 2024
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Langues régionales, titulaires, niveau en français, les réponses d’Annick Girardin

L'inquiétude du corps enseignant a occupé une partie de la journée pour Annick Girardin et Sibeth Ndiaye. En visitant le collège de Kwalé, qui ne compte que 5 titulaires, la question des contractuels était forcément sur la table.

Alors que les deux émissaires du gouvernement Annick Girardin et Sibeth Ndiaye s’apprêtaient à faire leur rentrée à Kahani et Kwalé, les syndicats exprimaient leurs inquiétudes par voie de presse.
Après avoir vu à Kahani les dispositifs de sécurité inaugurés depuis un an, la ministre des outre mer a fait le constat d’innovations “inspirantes pour d’autres territoires y compris métropolitains”. Au collège de Kwalé aussi on innove. Comme avec les différents dispositifs d’aide à l’acquisition du français, et d’accueil des nouveaux élèves par les plus âgés, dans un établissement de 1400 élèves grand comme un campus universitaire.

“L’école n’a qu’une vitesse, estime le vice-recteur Gilles Halbout, mais il faut des dispositifs pour y entrer dans de bonnes conditions. Mais pour certains, pour entrer dans le wagon il faut des dispositifs sas. C’est pourquoi ce collège met en place des dispositifs d’accueil pour les élèves petits scripteurs. On va développer ce type de dispositifs.”

Une vitesse, c’est vite dit. Les syndicats sont prompts à dénoncer le recours massif aux contractuels, qui créerait de facto une école à deux vitesses justement. “Les contractuels malgré leur valeur n’ont peut être pas tous les outils, tous bagages pour donner l’enseignement de qualité et surtout l’enseignement difficile auquel on est confronté tous les jours” explique à la ministre Bernard Deuss, professeur de physique au collège de Kwalé, pour qui “en 20 ans, l’attractivité a beaucoup baissé pour les fonctionnaires d’Etat.”

Hanna Mohamed regrette le caractère précaire des contrats proposés aux non titulaires

Or, Kwalé est un collège idéal pour dénoncer ce phénomène. Avec 1400 élèves, c’est un des plus gros collèges de France. Beaucoup d’élèves y maîtrisent mal le français et malgré ça, seuls 5 professeurs sur les 90 que compte l’établissement sont des titulaires. Outre l’impact pédagogique de ce recours massif aux contractuels, Hanna Mohamed, professeur d’anglais sous contrat, déplore ” le caractère précaire de notre contrat, je compte passer mon concours dans deux ou trois ans, mais d’ici là je ne sais pas si je vais être renouvelée. Des collègues sont dans une situation critique, je pense à certaines collègues en congé maternité qui n’ont pas été reconduites.”
Sur ce sujet, pas de débat, la ministre promet d’agir. Le vice-rectorat s’étonne toutefois de n’avoir connaissance d’aucun cas de contractuelle en congé maternité qui aurait été écartée pour cette raison mais Gilles Halbout assure que “c’est quelque chose qui va être réglé”.

En revanche, la précarité ne touche pas à sa fin pour ces enseignants qui n’ont pas le concours, et ne savent jamais d’une année sur l’autre de quoi demain sera fait. Les syndicats réclament des titularisations massives. Une demande que la ministre balaye à moitié. “Sur la question des titularisations on y travaille depuis des années. C’est un département jeune, c’est le travail de tous les vice recteurs qui sont passés ici. Nous y travaillons. Je ne peux pas aller plus vite que la machine. Et quelque fois certains contractuels ne répondent pas aux conditions d’intégration, il faut reconnaître les limites qui sont celles de l’administration et de notre législation. “

Bernard Deuss regrette le manque de formation des contractuels

La volonté du gouvernement semble plutôt se porter sur la rénovation de l’attractivité du territoire, pour y faire venir “les meilleurs”. “Les fonctionnaires d’état ne sont pas au rendez-vous des postes ouverts. Nombreux sont les postes qui ne sont pas pourvus, il faut que le territoire soit plus attractif. Il y a la question de la rémunération mais aussi ou je mets mes enfants à l’école, où je me loge, la sécurité. Le contrat de convergence répond à toutes ces questions. Il faut qu’on change de discours, Mayotte est en cours de changement.”

Quant au niveau des élèves, il est d’un commun accord lié aussi et surtout au défaut de maîtrise du français, et à une prise en compte trop tardive des langues natives par l’administration française dans les établissements scolaires. Il y a quelques années à peine, l’usage du shimaoré à la récréation était encore prohibé.

Pour Gilles Halbout, l’école n’a qu’une vitesse

“Sur la question de la maîtrise du français, on voit bien qu’il faut qu’on apporte une réponse, estime Annick Girardin. C’est vrai que ça devient très voyant avec les derniers résultats du baccalauréat. Le taux a baissé mais je me préoccupe aussi de tous ceux qui ne sont pas allés jusqu’au baccalauréat. C’est important que la maîtrise du français, on puisse l’acquérir le plus tôt possible. Ici à Mayotte il faut s’adapter en créant des outils particuliers. Toute proportion gardée, des solutions ont été apportées en Guyane, il faut qu’on regarde comment ça se passe. Quant aux langues maternelles, comme pour le créole à La Réunion il faut qu’on donne les moyens. Je crois à la prise en compte des spécificités. Il faut qu’on puisse apporter des réponses. (…) Il faut aussi avancer dans la qualité de l’enseignement et sur la place du shimaoré dans les établissements et dans l’apprentissage. Il faut que les jeunes Mahorais se sentent avoir les mêmes droits que tous les autres.

Pour moi l’important c’est le projet du jeune, souvent l’orientation est faite par défaut. C’est ça qu’il faut qu’on arrive à construire. Avec le contrat de convergence, la réponse financière est là avec 100 millions par année” conclut-elle.

Y.D.

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