Les fleurs, l’aérien, les services de restauration les briques, l’hôtellerie et les nouvelles technologies ont été récompensés ce samedi soir lors de la remise des Trophées de l’entreprise. Une cérémonie marquée par un moment fort, le discours du sénateur Thani Mohamed Soilihi.
Initiée en 2013 par le groupe Somapresse (Mayotte Hebdo), les Trophées Mahorais de l’entreprise viennent saluer l’entrepreneuriat et l’innovation qui tissent le tissu économique de Mayotte. Ils se déroulent en présence des acteurs institutionnels travaillant et accompagnant ces dirigeants.
Choix de lauréats parfois critiqué lors de la 1ère édition, ce deuxième tir s’appliqua à récompenser en majorité des jeunes qui se sont battus pour faire émerger leurs initiatives et asseoir leur entreprise. Aucun prix à la clef pour ces Trophées dont l’organisation est essentiellement soutenue par la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI), mais une reconnaissance et une médiatisation comme tremplin.
Ainsi, étaient récompensés : «Jardin d’Eden» dans la catégorie Jeunes entreprises, de Saboutia Abdourahamane, qui propose ses fleurs et confitures et vient de racheter le fleuriste «Vert-Tige», «Ylang Invest» de Moïse Issoufali, comme Entreprise dynamique pour sa participation dans la compagnie régionale Ewa Air, El-Anziz Saidi Yahaya pour son service de restauration à domicile «Serv-in» dans la catégorie Entreprises innovantes.
La vogue des briques made-in Mayotte
Le trophée de l’entreprise citoyenne revenait à «Eco-briques» de Roger Siparjon. «Les briques en terre compressées permettent de conserver le savoir faire mahorais», commente-t-il. Fabriquées à base de terre rouge pouzzolane et de ciment, elles favorisent les économies d’énergie par leur isolation phonique et thermique. Son principal client est la Société Immobilière de Mayotte (SIM). Deux ans après la création, il compte 5 salariés. Ce n’est pas un inconnu qui a remporté ce Trophée, puisqu’il est également le directeur du bureau d’étude AME, créé à Mayotte il y a 14 ans.
Le Prix spécial du jury revenait à Aziz Sam Akbaraly, pour son investissement dans l’hôtellerie, Maharadja rue du Commerce, et son projet pointe de Koungou.
Comme en fin de cérémonie des «Oscar-César-Awards», la dernière catégorie est la plus prisée : celle du manager de l’année reviendra à Feyçoil Mouhoussoune, «le fils de» la conseillère générale de Dembéni, mais pas seulement, puisqu’il est à la tête de ETIC Services, société d’Ingénierie de Services Informatiques.
Bousculer l’immobilisme
Différents discours ont ponctué les remises des Trophées. Jacques-Martial Henry déclarait que la remise à flot des finances de la Collectivité, jadis plombées «par les dépenses de fonctionnement liées à l’emploi public», allait permettre d’accompagner les entreprises.
Mais c’est Thani Mohamed Soilihi, sénateur de Mayotte, qui porta les plus vifs propos. Engagé dans le développement de Mayotte, il prend souvent à contrepied son auditoire par son absence de dogmatisme. Appelant à un sursaut pour éviter la fuite des cadres, des classes moyennes et supérieures, face à une désertification médicale et un médiocre niveau scolaire, «et bien qu’homme de gauche», il réclame «le soutien d’une offre d’éducation privée dans le secondaire».
Pour lui, la nomination de Manuel Valls correspond à ce virage anti-dogmatique. «Son discours de politique générale le prouve, et le pacte de responsabilité offre des conditions favorables pour les entrepreneurs et les investisseurs mahorais».
Un téléphérique urbain comme dans le Val de Marne, «voilà un projet qui serait innovant pour Mayotte», déclare-t-il, une manière de montrer qu’il faut oser, «vous devez être force de proposition!» adresse-t-il au monde entrepreneurial.
Anne Perzo-Lafond
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