En 2017, le Produit Intérieur Brut (PIB, richesse du territoire) grimpe de 7,5%, comme en 2016, atteignant 2.396 millions d’euros, soit, 9.380 euros par habitant. C’est 3,7 fois moins qu’au niveau national. Avec une inflation plus faible, 0,4%, le pouvoir d’achat individuel croit de 4,3%, nous dit l’Institut national de la Statistiques et des Études économiques (INSEE) dans son bulletin d’octobre.
Tout ce que les ménages peuvent percevoir comme revenu, que ce soit le salaire, les rentes foncières ou les allocations, rassemblés dans le Revenu Disponible brut, croit de 8,8%, en lien direct avec la dernière année d’obtention des 40% d’indexation des salaires des fonctionnaires, qui avait été étalé sur 5 ans.
2017 c’est aussi l’année de flambée des taxes foncières, +7,4%, amenuisant la hausse du pouvoir d’achat. On sait que depuis, une coupe de 60% des valeurs locatives les a ramené à des niveaux raisonnables.
La consommation des ménages pèse pour beaucoup, 4,5% sur les 7,5% de hausse du PIB, à peu près la même proportion qu’en métropole. En revanche, pour ce qui est de la contribution des administrations publiques, nous pétons les compteurs : elles participent pour 67% au PIB, contre 24% au niveau national. Cela s’explique par « les services fournis par les administrations, notamment dans les domaines de l’éducation et de la santé ». Deux secteurs à forts besoins, qui ne peuvent que s’accroitre avec les moyens supplémentaires annoncés, et une population qui reste pour moitié âgée de moins de 17,5 ans.
Embellies des investissements et des touristes… avant la gueule de bois
L’indexation ayant atteint son plus haut niveau de 40% en 2017, il faut toujours trouver des relais de croissance à la consommation qui va peu ou prou se stabiliser. Or, l’INSEE notait cette même année, un trop faible développement du tissu économique privé. Particulièrement au regard du niveau national : 5.700 euros par habitant contre 8.080 euros.
Le poste qui aurait dû permettre de se réjouir, c’est la hausse de 6,5 % de l’investissement, « le troisième levier de la croissance à Mayotte en 2017 », qui y contribue à hauteur de 1,1 point, alors qu’il avait baissé en 2016. Cette augmentation s’explique par la forte hausse de l’investissement des sociétés non financières (+ 15 %) et par la croissance de l’investissement des ménages (6 %). Mais depuis, la crise sociale de 2018 est passée par là, les chiffres de cette année ne devraient donc pas être aussi bons. Nous avons vu en revanche avec l’IEDOM, que la tendance du moral des entreprises en terme d’investissement était plutôt bien orientée en milieu d’année 2019
Même temporisation sur la forte dynamique de la fréquentation touristique en 2017, +21% nous dit l’INSEE, qui a boosté des exportations… dont c’est quasiment le seul moteur. Une tendance plombée ensuite en 2018. La balance commerciale est comme dans les autres outre-mer, largement déficitaire, qui pèse négativement sur le PIB, à hauteur de 26%.
Dernier élément encourageant, la hausse de 9% de la valeur ajoutée (la richesse) dégagée par les sociétés de l’île, profite autant à leur prise de bénéfice, qu’à la rémunération des salariés, +9,7%. En valeur et en volume, des recrutements ayant été effectués.
2017 était donc une année bénie, avec des indicateurs majoritairement au vert, plombée début 2018 par le conflit social. Des secousses qui sont tenables lorsque la croissance est basée sur la consommation et le rattrapage de surrémunération, mais qui vont commencer à poser problème alors que le secteur économique doit prendre le relais. En attendant, la revalorisation des minimas sociaux, dont les petites retraites, pourraient être un ballon d’oxygène.
Anne Perzo-Lafond
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