La tendance annuelle des prix n’étonnera personne : en dehors des +0,3% de décembre, chaque mois, l’indice s’enfonce un peu plus, sous l’impulsion des produits manufacturés, dont les prix dégringolent. Une évolution que n’arrivent pas à compenser deux secteurs qui restent haussiers, l’alimentaire et les services.
En 2019, les prix baissent en moyenne de 0,2 % à Mayotte par rapport à 2018, nous dit la publication annuelle de l’INSEE. En France hors Mayotte, l’inflation est de 1,1 %. Alors que nous étions il y a dix ans bien au dessus de la tendance nationale, depuis trois ans, la courbe est passée en dessous. Et rase les pâquerettes. Ce n’est pas forcément synonyme de contraction de la consommation comme nous le verrons.
Les prix des produits manufacturés reculent de 4,1 % en 2019 : c’est la 6ème année consécutive de baisse. Elle est nettement plus importante qu’en France, où les prix des produits manufacturés ne diminuent que de 0,6 %. Or, les produits manufacturés pesant pour près d’un tiers des dépenses des ménages mahorais, cette baisse infléchit la courbe des prix. Il s’agit des prix de l’habillement et des chaussures (- 6 %) et des prix des véhicules (- 4%).
Six années de baisse, c’est peu commun. Mais contrairement à ce qu’on pourrait penser, il ne s’agit pas d’une stagnation de l’activité ou de consommateurs qui délaisseraient ces achats, comme nous le précise Jamel Mekkaoui, directeur de l’antenne locale de l’INSEE : « Nous assistons à une structuration du marché. De plus en plus de marques s’installent, comme Tati ou Celio, et les consommateurs peuvent bénéficier de période de promotions. » Un signe que le marché était trop étroit, et que les prix pratiqués auparavant étaient très élevés. Habillement, TV ou appareils ménagers, les prix sont désormais abordables, et il n’est pas rare qu’une affiche 4×3 vante en gras « les mêmes prix qu’en métropole » !
Fruits et légumes coutent toujours plus cher
Les prix des services, eux, continuent de progresser (+ 1,8 % en 2019), après une hausse de 1,5 % en 2018. Pesant pour un tiers dans les dépenses des Mahorais, les services contribuent assez fortement à la hausse générale des prix (+ 0,65 point). La hausse des prix des services est plus marquée à Mayotte qu’en France hors Mayotte (+ 1 %).
Cette augmentation s’explique principalement par la hausse des prix de la restauration (+ 2,9 %), des transports et communications (+ 2,1 %), des services liés au logement (+ 1,4 %) et des services financiers (+ 1,3 %).
Si les prix de l’alimentation augmentent de nouveau en 2019 à Mayotte (+ 0,7 %), la hausse est moins rapide que les trois années précédentes (+ 1,1 % en 2016,+ 2,5 % en 2017 et + 2,8 % en 2018). En outre, cette hausse des prix est nettement moins forte qu’en France hors Mayotte (+ 2,5 %). La hausse des prix alimentaires contribue pour 0,2 point à l’inflation de Mayotte.
Ce sont les produits frais, donc du marché (+ 6,5 %), les produits céréaliers (+ 2,6 %), le poisson (+ 0,9 %) et les œufs et produits laitiers (+ 0,7 %). En revanche, les viandes et volailles (- 2,3 %) et les boissons alcoolisées (- 0,8 %) ont couté moins cher.
A Mayotte, les prix de l’énergie continuent de progresser en 2019 (+ 2,0 %, après + 3,4 % en 2018 et + 5,7 % en 2017). Cette augmentation s’explique principalement par la hausse des prix des produits pétroliers. En France, les prix de l’énergie augmentent au même rythme (+ 1,9 %).
Avec une augmentation de prix de 7,6 % en 2019, le tabac est toujours plus cher. En France, les prix du tabac augmentent de 10,6 % en 2018.
Anne Perzo-Lafond
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