« A Mayotte, ce n’est pas l’argent qui manque, mais des bras, des jambes et des cerveaux ! » Après une introduction en shimaore comme il l’affectionne, le recteur Gilles Halbout a tenu un discours militant lors de la Journée nationale des diplômés de Mayotte à Montpellier, diffusé en direct sur le site de l’Association des Etudiants Mahorais de Montpellier (AEMM). L’accent était mis sur la mobilité et les parcours à l’international qui forment la jeunesse.
De ce pilote d’avion, passé pour sa formation par les pays de l’Est, à cette étudiante bachelière du lycée de Chirongui en master en management de projet actuellement étudiante à Washington DC, en passant par Abas qui, après avoir obtenu son Bac au lycée de Petite Terre, a fait sa vie au Canada comme courtier en prêts immobiliers, ou cette docteure en physique qui exerce à l’université de Swansea au Pays de Galles, chacun évoquait de son parcours et des clefs menant à la réussite.
En gros, malgré le « problème de niveau scolaire » à Mayotte, pointé par l’élu départemental Ali Debré Combo, on peut y arriver. Pour Gilles Halbout, la solution passe aussi par un début de communication sur la réussite : « Vous avez osé, vous avez travaillé, faites-le savoir. Vous devez être un exemple pour les jeunes de Mayotte, beaucoup ne se projettent pas dans de longues études. Motivez-les ! » Il annonçait la signature d’une convention d’aide à la mobilité entre le rectorat et LADOM.
Changer la communication sur Mayotte
L’attractivité, c’est aussi donner envie aux personnels compétents de se rendre dans notre île, et donc d’améliorer le niveau scolaire. C’est pourquoi un projet de films valorisant le territoire et les parcours de réussite est en gestation au rectorat, « mené avec les étudiants d’Auvergne Rhône-Alpes qui veulent gommer l’image d’étudiants mahorais qui ne réussissent pas. »
En matière d’études supérieures, des débuts de parcours sont mis en place au Centre universitaire à la prochaine rentrée, notamment le Pacès, Première année commune aux études de santé, ou Sciences Politique. Les aide existent : celles du Département en compléments de bourses se montent à 14 millions d’euros pour des métiers en tension ou des parcours d’excellence, et le guichet cadre-avenir pour Mayotte, qui doit avoir dépassé ses dysfonctionnements au lancement.
Gilles Halbout annonçait un « mini-scoop », la mise en place d’une antenne du CROUS à Mayotte, le Centre Régional des Œuvre Universitaire, « pour notamment accompagner les étudiants dans leurs projets de mobilité. »
Outre la centaine de diplômés de Bac+2 à Bac+11, des prix spéciaux ont été attribués à ces jeunes entrepreneurs, à ces femmes et hommes, qui osent comme ce jeune trentenaire qui dirige cinq entreprises et qui est en train d’en créer deux autres à Mayotte ou encore cette femme, épouse et mère de famille, qui gère un restaurant en région lyonnaise et qui ambitionne d’ouvrir un hôtel-restaurant de luxe sur son île natale. Une journée qui met en avant « la crème de la crème mahoraise » selon le président de la Coba, Ali Debré Combo, qui démontre que Mayotte dispose de la matière grise et ingénierie nécessaire à son développement.
Les étudiants et anciens étudiants présents ce vendredi à La Vignette (Université Paul-Valéry 3 à Montpellier), étaient invités par le recteur à revenir à Mayotte dans quelques années, avec leurs compétences, « même si ce n’est pas toujours facile ». Une occasion de refaçonner l’île à leur image.
Anne Perzo-Lafond