La crise épidémique du Covid-19 est sanitaire, économique et sociale. La paralysie de l’économie touche les grosses comme les petites entreprises ainsi que le secteur informel. Les marchés de produits alimentaires en produits frais notamment, qui permettaient de nourrir des familles, ont fermé. Même le grand marché couvert de Mamoudzou en fait les frais. Légalement ils pourraient ouvrir sur autorisation préfectorale, mais le manque de discipline sur le respect des distances de sécurité ne plaide pas en la faveur de cette option, nous explique-t-on.
Tout un public épaulé par les associations, se retrouve isolé, comme nous le rapporte Patrick Bonfils, directeur de la Direction de la Jeunesse, des Sports et de la Cohésion sociale (DJSCS) : « Sur le plan national, les associations tournent avec des bénévoles âgés, qui restent confinés chez eux, et à Mayotte, les jeunes bénévoles ont déserté pour s’occuper de leurs enfants. »
Face à cette situation a été réactivé en 3 jours à Paris un dispositif créé en 2017, « #JeVeuxAider ». Il s’appuie sur la réserve civique, « nous l’avons mis en place la semaine dernière à Mayotte. » La solidarité se fait jour.
Il repose sur une mise en contact des besoins des association ou des services de l’Etat avec les personnes disponibles. « Les uns et les autres doivent s’inscrire sur le site et nous coordonnons l’ensemble, explique le directeur de la DJSCS, qui cite des exemples, « la mission peut être par exemple la distribution alimentaire sur Mamoudzou qui nécessiterait 10 personnes. » Il a été demandé aux associations de mobiliser leurs volontaires, « et nous les allouons sur telle ou telle mission, du moment qu’ils habitent à proximité. »
Ont déjà renseigné de leurs besoins plusieurs associations comme la Croix Rouge, ou Dagoni-Services sur de la distribution de produits alimentaires et de première nécessité, ou Yes We Can Nette, « sur de l’épicerie solidaire ».
Dons obligatoires pour les supermarchés
Quatre services sont couverts par « #JeVeuxAider » : l’aide alimentaire et d’urgence, la garde exceptionnelle d’enfants et de soignants ou d’une structure de l’Aide Sociale à l’Enfance, les liens téléphoniques, visio ou mail avec les personnes âgées ou en situation de handicap isolées, et la solidarité de proximité, courses pour ses voisins, etc.
« A Mayotte, l’urgence, c’est l’alimentaire », et pour la mettre en place, c’est toute une organisation. Les stocks ne manquent pas, « les magasins sont bien approvisionnés », mais il faut organiser la sortie des produits. « Tout d’abord, nous travaillons avec Panima qui devait distribuer des repas aux écoles, déjà été payés. Nous allons les redistribuer en y ajoutant des produits d’hygiène, des produits pour bébés et des boites de conserve. »
D’autre part, et c’est peu connu, la loi oblige les commerces de détail alimentaire dont la surface de vente est supérieure à 400 m2 à établir une convention avec des associations caritatives qui fixe les modalités de leurs dons d’invendus. « Nous recensons actuellement ces dons en sollicitant l’armée pour le stockage, cela se fera dans les jours qui viennent ».
Ensuite, il va falloir distribuer ces paniers repas en régulant le flux des familles en attente. « L’urgence n’est pas encore forte, mais la semaine prochaine nous pensons que la situation sera dramatique », analyse Patrick Bonfils. Lors de la distribution alimentaire, la situation pourrait donc vite dégénérer, « l’armée sera sollicitée pour encadrer la distribution ». Le dispositif engage donc des moyens de l’Etat, « les bénévoles seront là pour l’accompagner en assurant notamment la traduction. »
Elle sera éloignée des habitations, « nous ne voulons pas aller dans les quartiers où le virus ne circule pas. »
Grades d’enfants et aide aux devoirs
Pour l’instant, l’association la mieux rodée à cette organisation, c’est la Croix Rouge qui distribuait déjà des paniers repas, « on leur demande d’accroitre les capacités ». Mais d’autres acteurs vont être sollicités, « les Centres communaux d’actions sociales, notamment, ainsi que les associations de terrain qui vont remonter les besoins. »
D’autres actions sont peu à peu mises en place dans l’esprit de #JeVeuxAider. Les gardes d’enfants du personnel médical, « nous avons peu de demandes, entre 5 et 10 par jour », selon une organisation rodée, « tous les jours nous demandons au CHM et aux autres centre de santé leurs besoins pour le lendemain, et nous réquisitionnons les crèches à cet effet sur l’ensemble de l’île. »
L’Education nationale propose des solutions pour l’aide aux devoirs, « on nous sollicite pour les enfants qui ne sont pas ceux des personnels de soin. Nous n’avons pas encore répondu car nous devons avant tout assurer la protection des bénévoles par rapport à la propagation du virus. »
En une semaine le dispositif a déjà fourni des services, « nous sommes 13 à assurer la cellule d’urgence sur toutes les problématiques sociales posées par la crise du covid-19, et une personne, Rachid Djerari, gère le site. »
Une cellule qui a du gérer le déficit de bouteilles de gaz dans les logements d’urgence, une pénurie auto-créée, certains en ayant acheté en quantité pour les revendre au marché noir. Une triste réalité.
Il suffit donc de s’inscrire sur le site national « #Je veux aider », « nous appellerons les personnes en fonction des besoins qui nous sont remontés. »
Anne Perzo-Lafond
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