Et si la présence de la dengue nous permettait d’avoir des villes propres ? Le préfet et l’Agence régionale de santé avaient convié les maires de Mayotte pour les inviter à lutter contre les maladies transmises par les moustiques, en nettoyant leur commune.
Autour de la table, douze maires ou leurs représentants conviés par le préfet et la directrice régionale de l’ARS. Pour les élus, nouveaux ou renouvelés, pas le temps de s’approprier le dossier. «Il faut agir tout de suite pour la population, rappelait le préfet. La santé humaine, c’est la priorité.»
Ce samedi matin, il était question de la lutte contre la dengue dont le nombre de nouveaux cas a encore battu un record la semaine dernière. Avec 17 patients diagnostiqués, on approche les 80 cas depuis le début de l’année. Plus de doute : l’épidémie de 2010 et ses 150 cas va être battue.
Les moustiques aiment les déchets
Si les maires sont appelés à l’action, c’est que la circulation des virus transmis par les moustiques est favorisée par l’état de nos communes. Les déchets qui pullulent souvent, de la simple cannette au pneu abandonné, sont autant de lieux propices à la ponte des moustiques Aedes qui peuvent être porteur de la dengue mais aussi du Chikungunya.
«Le maire est responsable de l’hygiène et de la salubrité publiques», indiquent les textes de loi. Et c’est d’ailleurs parfois sur cette question que des maires nouvellement élus ont fait campagne. A Sada, Anchya Bamana n’a cessé de marteler ce message durant sa campagne.
«A Sada, le tri sélectif, c’est un luxe, s’est-elle exclamée autour de la table ce matin. Nous n’avons aucun service organisé pour l’entretien de la commune, et la collecte des déchets ne fonctionne pas. Je suis en train de travailler là-dessus mais aussi à la mise en place de poubelles et de lieux de collectes de déchets.»
Une fois cette organisation stabilisée, elle passera à la deuxième phase préconisée ce matin, l’information de la population. «Pour nous, l’enjeu c’est de sortir de la logique qui veut qu’il faut que la ville soit sale pour que la mairie embauche.»
Bandrélé en avance
«La propreté de la commune, ça faisait partie de mon programme», rappelle aussi Ali Moussa, le nouveau maire de Bandrélé qui se donne trois mois pour obtenir des résultats tangibles. Bandrélé fait partie des communes en avance sur le dossier de la lutte contre la dengue. Avec les équipes de l’ARS, les agents municipaux ont passé en revue l’ensemble des villages pour identifier les lieux de pontes des moustiques à proximité des habitations. Sachant que l’Aedes ne parcourt pas plus de 150 mètres, les services municipaux sont maintenant en mesure d’intervenir dans les endroits sensibles.
«Mobiliser les communes, ça permet d’aller chercher ces micro gites. On peut facilement traiter les trois quart des lieux, mais pour finir la course, on ne sait pas le faire sans les communes», prévenait le préfet.
Ne pas basculer en épidémie
La fin de la saison des pluies annonce mécaniquement la baisse du nombre de moustiques mais étonnamment pas la fin de la propagation de la maladie. «Le virus peut continuer de circuler faiblement et donc continuer de se diffuser. Et à la prochaine saison des pluies, on pourrait alors avoir très vite un nombre de cas important sur l’ensemble du département», relève Chantal de Singly, la directrice de l’ARS océan indien.
Un «plan ORSEC» de lutte contre les maladies transmises par les moustiques a été mis sur pied. Il va être signé dans les prochains jours par le préfet. Il permet de préparer, mobiliser et définir les missions de chacun à chaque phase de crise. Actuellement, Mayotte est en Alerte 2B. Tout est mis en œuvre pour qu’elle ne passe pas en phase d’épidémie.
RR
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