Comme pour leurs prédécesseurs arrivés de Madagascar, l’arrivée des rapatriés d’Anjouan s’est faite dans la douleur en début de semaine. Pour la soixantaine de passagers débarqués, il a fallu s’habituer aux dortoirs, aux repas en barquette, aux sanitaires communs, entre autres efforts. Mais pour plusieurs d’entre eux, les conditions d’hébergement sont trop spartiates.
“Ici on galère, c’est très sale, mon mari est policier et compte porter plainte” assure Kaïla, confinée avec un enfant. On nous a dit qu’on n’avait pas le droit de prendre des photos et tout ça. Nous allons porter plainte” insiste-t-elle visiblement en colère.
Pour elle, ce confinement équivaut à une incarcération.
“On n’a pas de clim mais on nous a donné des ventilateurs. On n’a pas de table, on a mis des paréos à terre pour les enfants et pour manger. On a des lits, des armoires qui ne sont pas des armoires, c’est sale, on ne peut rien mettre dedans. Et encore on a de la chance, d’autres n’ont pas de prise pour brancher les ventilos. Pourtant on a entendu dire que la sécurité était validée, c’est une honte de valider une telle déchetterie, on n’est pas des voyous mais des rapatriés” proteste la jeune maman.
Elle affirme aussi avoir du “demander des répulsifs pour les moustiques”, sans succès.
Interrogé sur ces points, le colonel Frédéric Jardin, commandant du RSMA, se montre perplexe. Sur la propreté des armoires et des draps soulevée par un autre confiné, “c’est difficilement possible, assure l’officier, on leur a donné des draps quand ils sont arrivés lundi soir, ils seront changés lundi prochain (le 20 avril NDLR). Ils ont 2 machines à laver en cas d’accident. Quant aux moisissures dans les armoires, on a déplacé la société Nickel Chrome qui y a passé sa journée du dimanche, je ne sais pas comment ils se sont retrouvés dans cette situation.”
Sur les autres points, “il y a des moustiquaires aux fenêtres, quasiment un ventilateur par personne. Le répulsif on leur en a donné à l’arrivée et on en a redonné mercredi via l’infirmière qui en donne sur demande.”
Mais le gros point noir soulevé par les voyageurs malchanceux, c’est la nourriture servie dans l’enceinte militaire, préparée par la société Panima. “C’est de la nourriture pourrie” affirme un des hommes du groupe. “Les enfants n’ont ont pas voulu, ils n’ont pas mangé hier soir” témoigne une dame.
Les barquettes sont pourtant préparées au fur et à mesure, avec une livraison vers 10h du matin pour le repas du midi, et une autre l’après-midi pour celui du soir et le petit déjeuner du lendemain, selon un programme détaillé par le colonel.
“Sur la nourriture, les Mahorais préfèrent le riz collant au riz Thaï, on l’a dit à Panima, ils l’ont pris en compte. C’est les mêmes plateaux qu’à l’hôpital. On peut ne pas aimer, on a eu le même problème avec les résidents malgaches” se souvient le chef du régiment.
Vendredi, un accord était trouvé avec Panima pour des repas différents qui seront servis dès ce lundi. Et sur la quantité, “quand ça paraît léger on essaye de faire un complément avec des fruits” poursuit l’officier.
Pour lui, “ça avance”, au gré des réclamations qui lui sont remontées.
Y.D.