Dans un communiqué intitulé « Comment l’hôpital public est devenu un foyer d’épidémie ? », le syndicat Sud Santé-Sociaux refait un petit historique du laisser-aller qui a jalonné la prise en charge sanitaire de Mayotte. Partant de la déclaration de Dominique Voynet sur l’existence d’un cluster d’épidémie à l’hôpital, le syndicat veut démontrer que ce foyer est davantage lié à la sous-dotation historique du système de santé à Mayotte, plutôt qu’à des mauvaises manipulations « lors des retraits des masques, gants après consultation et ou quand des soignants conservent leurs blouses toute la journée », comme l’avait pointé Dominique Voynet.
Le syndicat rappelle que « les manquements des pouvoir publics perdurent depuis plusieurs années à Mayotte dans tous les secteurs de service public. Les moyens humains, matériels et financiers mis en place ne sont pas à la hauteur du besoin réel de la population ». En s’appuyant notamment, sur la recentralisation sur La Réunion des instances dirigeantes depuis la disparition de la DASS, et l’octroi par l’ex-Agence Régionale de Santé de l’océan Indien d’une enveloppe régionale au tiers de la somme qui devait nous être allouée. Ce qui nous a valu une séparation et la création d’une ARS en nom propre depuis le 1er janvier dernier.
En découle un manque d’infrastructure est criante, « alors que le Département de Mayotte connait un taux de naissance qui avoisine les 10.000 depuis une dizaine d’années, peu d’infrastructures ont été construites et le nombre d’étudiant du secteur de la santé, social et médico-social très insuffisant pour répondre au défi de prise en charge de la population », poursuit le syndicat.
Qui reconnaît que « en 2018, l’Etat a enfin admis les discriminations que rencontrent les Mahorais dans la gestion du budget régional de la santé ».
Des maux masqués
Sud Santé Sociaux appelle donc à se concentrer sur les moyens à mettre en œuvre « d’un plan de rattrapage sanitaire au niveau du territoire, avec une dotation de moyens suffisants pour répondre au défi sanitaire qui nous anime tous », et non pas procéder à des « accusations maladroites de la part d’une autorité sanitaire ».
Pour eux le foyer épidémique tient dans la sous dotation de masques, passant de un toutes les douze heures à quatre, insinuant qu’entretemps « les professionnels et patients ont eu le temps d’être infectés », ajouté à « l’insuffisance de combinaisons de protection » et au « comptage de gouttes de gel de désinfection ».
Ils déplorent enfin que la dengue, également « foyer épidémique à l’hôpital », n’ait pas été traité massivement, « la désinfection et la lutte antivectorielle restent insuffisantes car des gites larvaires et des ordures existent toujours aux abords des bâtiments hospitaliers, malgré l’alerte sanitaire. Les principaux foyers épidémiques de la dengue se trouvent dans les zones d’implantation des centres de consultations (Communes de Bandraboua, M’tsamboro, petite terre, Mamoudzou, et Chirongui). »
Le syndicat demande des mesures fortes en moyens humains et matériels pour combattre les deux épidémies, mais aussi une réflexion avec tous les acteurs de l’île, « notamment les représentants des professionnels, et de la population en générale, pour réfléchir ensemble sur les difficultés et les solutions à apporter face à cette crise », l’implication des élus locaux « pour l’application des décrets et arrêtés sur les mesures de confinement, la distanciation sociale, et l’assistance aux personnes en détresse », une réflexion sur un plan de formation dans les filières médicales, sociales, et médico-sociales à Mayotte afin de lutter efficacement contre la désertification sanitaire et sociale, une mise en place d’une véritable médecine préventive « et non une médecine qui consiste à prendre que les cas les plus graves » et l’avancement des projets de livraison de l’hôpital de petite terre, l’agrandissement de l’hôpital de Mamoudzou et la programmation de la construction du prochain hôpital de Mayotte.
A.P-L.
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