Le SNUipp menace d’une grève illimitée pour obtenir l’égalité des allocations familiales pour l’ensemble des personnels de l’éducation nationale à Mayotte. Un sujet explosif.
La tension monte d’un cran entre le vice-rectorat et le SNUipp, le syndicat du premier degré. A partir du 19 mai, le syndicat prépare une grève illimitée avec une action qui se veut spectaculaire : les instits sont appelés à se rendre au vice-rectorat avec tous leurs enfants pour demander les mêmes allocations familiales que leurs collègues Métropolitains et ainsi mettre fin à une «discrimination», un terme volontairement choisi pour frapper les esprits.
Le SNUipp dénonce les deux systèmes qui cohabitent encore à Mayotte. D’un côté, les allocations familiales des personnels essentiellement Métropolitains et Domiens régies par le décret de 1996. Ces familles perçoivent les allocations au niveau national directement versées par le vice-rectorat. Les autres les reçoivent par la CAF mais à un niveau mahorais, très inférieur.
Et les écarts sont particulièrement conséquents : une famille avec deux enfants perçoit 128€ mensuel dans le premier système mais seulement 57€ dans le second. Avec quatre enfants, les sommes sont de 458€ contre 134€. Et au-delà, ce sont 164€ supplémentaires par enfant pour les personnels «métros» contre… 0€ pour les Mahorais.
Pour un instituteur mahorais avec six enfants, scénario qui n’a rien d’exceptionnel à Mayotte, ce sont 652€ de plus qui pourraient lui être versés chaque mois s’il changeait de système.
Egalité de traitement
«Cette organisation ne repose sur aucune base réglementaire. Le système a été mis en place dans un entre soi dérangeant, par des personnes qui en bénéficiaient elles-mêmes. On veut simplement être traités de la même façon», dénonce Rakotondravelo Rivo, secrétaire départemental SNUipp.
Rivo doit être reçu au ministère de l’éducation nationale le 16 mai, trois jours avant la date annoncée de la grève, mais bien avant, «le vice-recteur a dit qu’il apporterait une réponse», assure-t-il, peut-être en fin de semaine.
Deux choix s’offre au vice-rectorat : d’un côté, faire passer l’ensemble des personnels de l’éducation au régime mahorais versé par la CAF, auquel cas les profs du second degré seraient lésés en attendant l’alignement des versements prévu sur 25 ans. Le risque, c’est la crise sociale. De l’autre, il intègre dans le système du «décret 1996» tous les personnels et se retrouve alors à payer une masse d’allocations familiales non budgétisée.
La décision est sensible mais aussi très importante car, au-delà de l’enseignement, la question pourrait bien enflammer d’autres corps de métiers également concernés.
La question des congés
Une deuxième revendication se mêle aux allocations : la fin des congés administratifs remplacés par des congés bonifiés. Le syndicat réclame une période transitoire pour passer d’un système à l’autre et ainsi ne pas léser certains enseignants. «Le vice-recteur nous dit que le projet de décret est dans les tuyaux, ce qui signifie qu’on ne peut plus rien changer», indique Rivo. Le syndicat réclame que le vice-rectorat prenne sur ses fonds propres pour assurer les derniers congés administratifs aux agents.
La fin de cette année scolaire promet donc d’être chaude dans les écoles. Et ces questions mériteraient d’être réglées avant les grandes vacances pour ne pas percuter le dossier des rythmes scolaires qui sera au cœur des tensions à la rentrée. C’est en partie cette semaine que se joue l’ambiance sociale du mois de septembre.
RR
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